J'ouvre le duvet pour le transformer en couverture, ne souhaitant pas poursuivre cette conversation trop effrayante pour moi à l'heure actuelle.
— Merci.
Je murmure.
— De quoi ?
— De m'avoir... "calmée" tout à l'heure, après ce qui s'est passé, je veux dire.
Il passe sa main dans mes cheveux tandis que je repense à ses lèvres, son parfum, quand il a dit "chaton"...
— Tout le plaisir était pour moi.
Je sens le feu monter aux joues et je me blottis love lui. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens en sécurité.
— Et merci de ne pas me juger.
— Pourquoi je te jugerai ? Sérieusement, entre elle et toi, tu crois vraiment qu'il y a matière à comparer ? Regarde-moi : vous n'avez rien à voir l'une et l'autre ok ? Pour ce qui s'est passé tout à l'heure, je ne vais pas te dire que c'était bien, mais sans déconner, tu crois que je vais t'en vouloir de m'avoir littéralement défendu au poing ? C'est à moi de te dire merci.
Il colle son front au mien et me caresse le ventre en même temps. Mes paupières se ferment. Cette tendresse, comment j'ai pu vivre aussi longtemps sans la connaître ?
— Merci de penser que je mérite mieux que ce que j'ai eu avec Laetitia. Merci de t'être battue pour moi.
Je le regarde se perdre dans un flot de souvenirs. J'ai envie qu'il m'en parle. Mais je sais à quel point se dévoiler peut être difficile. Et dans la vie, c'est donnant donnant. Alors je prends mon courage à deux mains.
— Ça m'a fait vriller... Ce jour-là à l'hôpital. Et quand ton portable à vibré...
Eli se crispe et sa mâchoire se contracte. Il veut me répondre mais je ne lui en laisse pas l'occasion. J'ai besoin d'être honnête avec lui. Ne serait-ce qu'un peu.
— Elle se fout de ce que tu veux. Elle ne respecte même pas quand tu dis non. Un silence pesant s'installe tandis qu'il me serre plus fort contre lui.
— Et je crois que le fait qu'elle te touche à déclencher un truc. J'arrivais pas à croire que tu puisses accepter ça. Subir ça. Qu'elle ait encore une quelconque emprise sur t...
— Non. Ça je peux te l'assurer. Ça fait longtemps qu'elle n'a plus aucune importante ou emprise sur moi. Tout s'est arrêté le jour ou...
Sa lèvres disparait sous ses dents, comme s'il allait dire une bêtise. Mais je suis déjà au courant qu'elle l'a trompé. Pourquoi ne termine-t-ilil pas sa phrase ? Il secoue la tête et j'ai du mal à comprendre à quoi il pense. Mais je n'ose pas lui demander plus d'explications. À la place je décide de m'ouvrir un peu plus.
— Ne prend pas la grosse tête, mais tu es le premier homme à voir mon appartement. Il cille. Je pense qu'il ne s'y attendait pas. Je ricane.
— Ne t'en fais pas, je ne vais pas te demander d'en dire autant. Il plisse les yeux et hausse les sourcils.
— Et ben figure toi que tu n'es pas si unique que ça. Moi non plus je n'ai jamais ramené de meuf chez moi. À part... Son visage s'assombrit et je perds mon sourire. On en revient toujours à elle finalement. Il se relève légèrement au-dessus de moi.
— J'ai envie d'avancer, me concentrer sur l'avenir et ne plus me prendre la tête avec le passé. Laetitia "est" mon passé.
— Et ton avenir ?
C'est sorti tout seul. Quelle abrutie je suis. Je viens de lui donner la parfaite occasion de me piétiner le cœur. Bien joué Lara.
— Je pense que j'ai même pas besoin de le dire, mais je vais quand même le faire : mon avenir, je ne le vois pas sans toi actuellement.
Mon cœur rate un battement et se met à battre frénétiquement, douloureusement. J'ai du mal à réaliser ce qu'il vient de dire. Je ressens la même chose, mais j'ai bien plus de mal à l'admettre... C'est fou de ne pas arriver à être honnête envers soi. Mais je veux être honnête avec lui. Donc, je n'ai pas le choix, je dois m'écouter. Pour une fois, je vais le faire. Je ferme les yeux et m'arme de courage.
— Ouai, je crois que moi non plus.
C'est tout ce que je peux lui donner aujourd'hui. Mais il s'en contente. Il prend mon visage de ses deux mains calleuses et nos regards se fondent l'un dans l'autre. C'est un moment auquel je croyais ne jamais avoir droit. Je vois tout à travers les yeux d'Eli : ses peurs, sa passion, sa générosité, sa tendresse, sa colère, son amour... tout. C'est beaucoup trop tout ça... D'un coup, les émotions sont trop fortes pour moi. Il m'enlace, et sans prévenir, je craque et me mets à pleurer en silence. Je pleure de tout. De soulagement parce que je ne me sens plus seule dans ce monde, de peur parce que je ne serai peut-être pas à la hauteur, de regret, car la vie n'a pas été tendre avec nous et de bonheur, car je ne me suis jamais sentie aussi forte et vivante qu'aujourd'hui. Eli me laisse pleurer et ses caresses ainsi que son odeur addictive m'apaise. Il essuie les larmes qui inondent mon visage, et je reste silencieuse, à le contempler prendre soin de moi.
— ... même quand tu pleures, t'es belle.
Je ris à travers mes larmes et il me vole un baiser.
— Repose-toi ptit dragon.
— C'est tout ce que tu as trouvé de plus affectueux ?
— Franchement ça te va bien.
Je prends mon oreiller et lui envoie dans la tête.
*
Le séjour au camping est terminé. On libère notre emplacement et Eli et moi disons au revoir à tout le monde.
— On se voit demain au bar!
J'enlace Nelly et lui souris. Laetitia ne m'approche même pas et charge ses affaires dans sa voiture flamboyante. Elle ne semble plus en colère ou même perfide. Cette fois, elle est triste. Vraiment triste. Je ne pensais pas dire ça, mais au finale, j'ai de la peine pour elle.
Je ne sais pas où ça va me mener avec Eli, mais je m'en moque. Le temps que je passe avec lui me suffit pour le moment.
— On fait la course ?
Je lance avec provocation
— J'ai déjà entendu ça quelque part... et qui a gagné au final ?
— Il me semble que c'était moi non ?
J'explose de rire, car il n'avait pas voulu reconnaître sa défaite.
— Tu te fous de moi ? Viens par là.
Il m'attire et me coince entre ma Ducati et ses abdos. Des idées me viennent en tête et lui aussi visiblement, car il commence à me fixer et son regard s'assombrit. Je ris, mais en réalité, je sais que ce n'est pas le moment, même si j'en ai autant envie que lui...
— Je n'aurais pas été contre mais je dois rentrer. Et puis... j'aimerais éviter qu'on nous surprenne, on n'est pas tout seul dans ce camping.
— C'est vrai.
Il calme ses ardeurs, surtout quand il voit un couple d'une 50aine d'année nous scruter, l'expression outrée. Ses lèvres s'étirent en un sourire espiègle, je prends son visage entre mes mains et l'embrasse comme si c'était la toute première fois. Le souffle court, il rouvre les yeux, mais je suis déjà en train de lui mettre son casque sur la tête, un sourire de diablotin aux lèvres.
— Ah ouais... Oh, attends voir, attends qu'on se retrouve seuls tous les deux...
J'avale difficilement ma salive suite à sa menace. Il était sérieux là... J'enfile mon casque à mon tour et on quitte le camping, transformés à jamais.
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BOXING HEART
RomanceLara et Eli. Deux écorchés vif au passé sombre qui n'avaient pas prévu de se tomber dessus. Boxeurs, loups solitaires, l'alchimie est instinctive, sauvage. Il a vécu un drame, elle aussi. Malgré la vie qui ne fait pas de cadeaux, vont ils réussir à...