BOXING HEART

Chapitre 47 Lara

Je suis restée alitée deux semaines entières avant de pouvoir enfin poser un pied hors du lit. Trois semaines avant que les médecins ne jugent que j'étais assez forte pour retrouver une vie « normale ».

Les médecins ne savaient pas comment me qualifier autrement que la "fille miracle". Je me sens mieux physiquement, mais je me sens vide à l'intérieur. Je devrais me sentir reconnaissante d'être en vie. Je devrais sourire à cette seconde chance qui m'a été offerte. Mais comment être heureux quand tout ce qui me donnait envie de vivre est parti ? Eli est parti. J'ai brisé le cœur de l'homme que j'aime et je me suis brisée avec au passage. Mais Eli est passé quand je dormais. Il m'a déposé une lettre. J'ai l'impression que mon cœur va me lâcher. Rien que la voir posée sur ma table de nuit me terrifie. Mes doigts tremblent en la prenant. J'ai peur. Peur que ce soit fini pour de bon. Mais je l'ouvre. Parce que je n'ai pas le choix. Je l'ouvre, tremblante comme une feuille.

" Lara,

Je veux que tu saches que je comprends. Je vais faire le tour du monde, je vais profiter et réaliser mon rêve. Notre rêve. Je vais rencontrer des gens cools, voir des lieux incroyables, faire des choses que je ne pensais jamais faire, visiter les monuments, ouai, je vais faire tout ça. Mais ce que je ne ferai pas, c'est arrêter de t'attendre. Il ne se passera pas un seul foutu jour sans que tu ne sois dans mes pensées. Ton cœur, ton corps, ta force, et toutes ces choses que tu m'as fait voir, toutes ces choses que tu m'as fait ressentir, toutes ces choses que je pensais mortes depuis longtemps. Tout ça survivra chaque jour grâce à toi. Le matin quand je verrai le soleil, j'imaginerai ta tête endormie au réveil, le soir, je n'irai pas baiser à droite à gauche, je penserai juste à toutes les fois où tu m'as rendu dingue sans même me toucher. À toutes les fois où j'ai cru devenir fou sous tes caresses. Je ne compte pas t'oublier. Je ne compte pas te laisser partir comme tu décides de le faire aujourd'hui. Je n'abandonne pas le combat. Je comprends, mais tu vois, je suis plus têtu que toi. Tu es la femme que je souhaite avoir à mes côtés pour vivre ma putain de vie et combler la tienne. Je suis fier d'avoir fait partie de toi, d'avoir pu être avec toi. T'oublier fait pas partie de mes plans. Et même si j'essayais, jamais je ne pourrais.

Eli. "

Je replie lentement le papier et je souris. Puis je laisse mes larmes couler en silence.

— Son vol est dans un peu moins de trois heures.

Mon père se poste devant moi et je lève les yeux vers lui.

— D'accord...

Ma est voix faible, presque éteinte. Je lui réponds et essaie de cacher les larmes comme je peux. Puis, il se met à rire et je le regarde comme s'il avait fumé. Ni une ni deux, il me prend dans ses bras.

— D'accord ? C'est tout ? Je te pensais plus coriace que ça, ma fille.

Je grimace.

— Tu l'aimes.

Un nœud se forme dans ma gorge.

— ... Oui.

— Alors, qu'est-ce que tu fais là ?

Il desserre son étreinte et me fixe avec un sérieux absolu.

— Pars avec lui.

Je secoue la tête, mais il insiste.

— Papa...

— Profite de chaque instant avec la personne que tu aimes. Tu ne sais jamais quand la vie peut te la reprendre. Ne perds pas de temps. Tu as sacrifié trop de choses pour nous.

Il désigne ma mère endormie et lui.

Je suis son regard.

— C'est à ton tour de vivre. À ton tour d'être heureuse. C'est à toi que tu dois penser maintenant. Vas-y. Je sais que, où que tu sois, tu te débrouilleras. Je t'aime et ça ne changera pas, peu importe la distance qui nous sépare.