Le dernier mot - Tome 1

Chapitre 8

Emilia

La semaine a défilé à une lenteur extrême. Après l'après-midi que nous avons passée avec Roméo, qui était super d'ailleurs, je n'ai pas fait grand-chose. J'ai passé mon dimanche à travailler pour les cours. Ces derniers temps, je me suis un peu relâchée au niveau du lycée et je n'aime pas ça. J'ai vu mes notes baisser et je n'apprécie pas de voir ma moyenne en dessous d'un certain seuil, surtout mes parents. C'est pourquoi j'ai travaillé dur pour mes devoirs de la semaine et j'ai pu remonter tout ça. Nous avons eu droit à au moins un contrôle par jour. Il faut croire que les professeurs aiment parfois nous torturer. Heureusement le vendredi soir est enfin arrivé et je peux me poser. Maintenant, je suis satisfaite de moi, même si je sais que je pourrais faire mieux. Mes parents me mettent pas mal de pression au niveau des notes en plus de celle que je m'auto inflige. C'est assez dur à supporter au quotidien mais je ne changerai pas mes parents sur ça. Depuis cinq ans, je vis avec, ils me veulent dans de grandes études mais ils savent que ce n'est pas ce à quoi j'aspire. Et je suis aussi têtue que mon frère, je ne laisserai pas dicter ma vie par mes parents à partir du moment où je serai majeure. Je ne veux pas passer des années à faire des études puis avoir un salaire très confortable.

Je veux vivre dans un lieu reculé, à la montagne c'est préférable, et ouvrir un café-librairie. C'est mon rêve depuis toute petite. Si des personnes sont heureuses avec les longues études, tant mieux pour elles, ce n'est pas mon cas et il faut que mes parents l'acceptent.

J'ai un week-end pas mal chargé puisque demain je revois enfin Lison. Ça fait trop longtemps que je n'ai pas passer du temps avec elle pour de vrai et non à travers un écran. Elle arrive demain matin et repart dimanche soir. Soit deux jours. Il faut également que je trouve du temps pour travailler, si je ne le fais pas mes parents vont me tomber dessus et je ne pourrais plus voir Lison. Et je devrais probablement faire une croix sur mon samedi après-midi avec Roméo. Et ça me rend un peu triste.

Comme prévu, Lison arrive vers dix heures le samedi matin. Je l'attendais avec impatience. J'ai tellement hâte de la revoir. C'est dur d'être aussi longtemps éloignée d'une personne que j'aime tant. C'est comme avec Timothée. Je lui ouvre la porte et elle me saute dans les bras tout en lâchant son sac par terre. Je ne suis pas une grande fan des câlins mais pour Lison je fais une exception. C'est la seule personne sur cette planète que j'accepte de prendre dans mes bras. Mais comme l'étreinte dure plus de temps que nécessaire à mon goût - c'est à dire plus de quinze secondes – je la repousse gentiment, il ne faut pas abuser non plus. Les effusions ce n'est pas pour moi.

- Je suis trop contente de te revoir ! La prochaine fois, on prend moins de temps pour se retrouver. C'est injuste d'habiter aussi loin mais d'être proche quand même.

Elle n'a pas tord. En soit, il y a seulement quarante minutes de route qui nous séparent mais pour nos parents c'est beaucoup pour faire l'aller retour. J'ai hâte d'avoir mon indépendance et surtout mon permis de conduire.

- Toi aussi tu m'as manquée. Je suis tellement heureuse de te revoir. J'ai l'impression que ça fait un an qu'on ne s'est pas vues.

Nous avons beau nous parler par message tous les jours, rien ne vaut de la voir en vrai. Nous nous dirigeons vers la chambre après qu'elle a fait un rapide bonjour à mes parents. Dès qu'elle entre dans la pièce, elle retire ses chaussures et saute sur mon lit. Je m'assois à mon tour dessus mais plus délicatement. Elle a toujours fait ça. Chaque fois qu'elle répète cette action un sourire nostalgique étire mes lèvres, le temps passe trop vite. Son regard passe sur mes bibliothèques puis elle lance :

- Toi, tu as encore acheté de nouveaux livres.

- Peut-être bien, dis-je d'une voix coupable.

- Mais tu as plus de livres à lire que de livres lus et tu continues d'en acheter, je comprends pas.