Chapitre 14

78 8 1
                                    

Emilia

La rentrée est demain mais nous avons quand même décidé de nous voir aujourd'hui avec Roméo. Même s'il fait froid nous nous retrouvons au skate parc. Je ne pensais pas le voir autant pendant les vacances. Il y a eu le jour avant Noël où nous avons échangé les cadeaux, ensuite la fête foraine, après nous sommes retournés à la boutique de vinyles tous les deux. C'était incroyable, j'ai encore craqué, et lui aussi. Nous ne sommes pas du tout raisonnables.

Son grand-père a repris la route ce matin. Au téléphone, hier soir, j'ai pu comprendre qu'il n'avait pas prévu de partir si tôt. Avant on se contentait des messages, certes beaucoup de messages, mais ce n'était que ça. Maintenant, presque tous les soirs on s'appelle. Il me souhaite toujours bonne nuit. Nous parlons pendant des heures. Moi je n'ai pas de problème avec ça mais Roméo est un couche tôt. Souvent il s'endort, alors que nous sommes toujours au téléphone. A chaque fois, je suis attendrie.

Comme à mon habitude je suis arrivée en avance au skate park. Roméo aussi l'est normalement mais je suppose qu'il a un peu été retenu chez lui. De toute façon c'est Roméo, il ne faut pas que ça m'étonne. Le retard est sa marque de fabrique.

Je vais m'asseoir sur la balançoire et sors mon livre de mon sac. Je pars du principe qu'il faut toujours en avoir un sur soi. Pour ce genre de situations par exemple.

Il arrive vingt minutes après l'heure de rendez-vous, en courant, son skate à la main et il me coupe en plein milieu d'une scène hyper intéressante. Les révélations sont nombreuses dans ce chapitre.

- Désolé, me dit-il essoufflé. J'ai fait au plus vite.

Malgré moi, je rigole. Il me fait quand même un peu de peine. Mais c'est drôle de le voir la, les mains sur les genoux, cherchant son souffle. Je suis la pire des amies.

- Te moque pas de moi ! rigole-t-il, lui aussi.

Nous partons tous les deux dans un fou rire.

Quand nous sommes remis de nos émotions, il s'assoit sur l'autre balançoire et pose son skate à ses pieds.

- Bon sinon, comment tu vas ?

- J'ai envie que les vacances durent plus longtemps encore. Je ne suis pas prête mentalement à reprendre le rythme du lycée, je me plains. Mais ça va le faire. Au moins je pourrai revoir Emma.

Je préfère tellement les vacances, j'ai le temps de lire, de passer plus de bons moments avec Roméo et surtout je ne suis pas au lycée. Je n'aime pas la pression que je ressens quand je suis là-bas. Je suppose que ça a un lien avec celle que me mettent mes parents mais je n'arrive pas à m'en défaire. Mais je relativise, parce que qui dit lycée veut dire trajet en bus à côté de Roméo. Et ce sont mes moments préférés de la journée. Et aussi je vais revoir Emma, on habite trop loin l'une de l'autre pour que nos parents puissent nous emmener.

- Et toi, comment ça va ? je demande en posant ma tête sur la corde.

- Ça va bien même si j'aurais voulu que mon grand-père reste plus longtemps avec nous, répond-il avec un sourire qui me paraît faux.

Je sais qu'il me cache beaucoup de choses et je ne lui en veux absolument pas, tout le monde a le droit d'avoir son jardin secret. Mais le voir triste comme il l'est aujourd'hui et ne rien pouvoir faire me fait de la peine. D'un côté, je suis heureuse de l'avoir fait rire quand il est arrivé. Même si ce n'était que pour une minute.

La seule chose que je peux faire pour l'aider c'est de lui changer les idées.

- Ça te dit de rejouer à notre jeu ?

Le dernier mot - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant