Chapitre7

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Roméo

Aujourd'hui c'est la première fois que je vais chez Emilia. On ne fait que de se parler et j'adore ça. Comme on a repris les cours, notre petit rituel du bus est revenu. A côté de ça, on échange beaucoup par message et on s'appelle même. Je ne sais pas comment c'est possible de devenir aussi proche d'une personne aussi rapidement mais apparemment c'est faisable. C'est comme si c'était écrit. Dès que j'ai croisé son regard, j'ai su, au fond de moi, qu'elle allait tout changer dans ma vie.

Je traverse la ville pour aller chez elle, ce qui est bien c'est qu'il nous faut seulement quelques minutes de marche pour aller à l'autre maison. Pendant le trajet, je me rends compte que je ne connais personne dans cette ville, mes amis habitent aux alentours et il faut prendre le bus ou la voiture pour s'y rendre. Et je réalise aussi que je ne sais pas comment je faisais avant de la rencontrer. J'ai l'impression de tout le temps m'ennuyer si je ne joue pas ou que je ne parle pas avec elle. C'en est presque flippant, je n'aime pas m'attacher autant. Mais j'ai du mal à lui résister.

Quand Emilia et moi nous sommes vus jeudi dernier, elle m'a proposé de venir chez elle la prochaine fois ce qui m'a étrangement fait très plaisir. Et, quand, je me suis retrouvé seul j'ai repensé à cet après-midi et à quand j'ai vu le prénom de Timothée sur son téléphone, je me suis dit que c'était sûrement une mauvaise idée de traîner avec elle, qu'elle devait avoir un copain et qu'elle passait du temps avec moi au lieu d'en passer avec lui. J'avoue aussi que j'étais un petit peu envieux mais quelques minutes plus tard elle m'a dit que c'était son frère. J'ai ressenti comme un soulagement et je me suis tout de suite senti mieux. Je ne sais pas ce que ça signifie. Sûrement rien de bon en vue des bonds que fait mon cœur à chaque fois que je pense à elle. En y réfléchissant je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand-chose d'Emilia, tous les deux on n'est pas trop du genre à s'étaler sur nos vies, on est assez réservés. Et comme je sais ce que ça fait de ne pas vouloir s'épancher sur le sujet, je ne lui force pas la main. J'attends le moment où elle sera assez en confiance pour me parler d'elle, de sa famille et du reste de sa vie. Je suis un garçon très curieux.

Je suis sur le chemin avec, comme toujours, de la musique dans les oreilles. La playlist qu'Emilia et moi avons en commun tourne vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J'ai de plus en plus de mal avec ce que j'écoutais avant de la rencontrer. Ce bol d'air frais me fait du bien. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Si un jour je vais retourner vers le rock et le métal ou si je vais définitivement rester sur la pop sous toutes ses formes. Une chose est sûre, c'est que dès que j'entends, ne serait-ce que le début d'une de mes anciennes playlists, je me sens mal. Je repense à ma mère, à cette longue période de ma vie où tous les soirs, dès que j'étais sous ma couette, je pleurais. C'est du passé maintenant, ou du moins ça commence à l'être. Les nouvelles musiques présentes dans ma playlist ne sont pas toutes joyeuses et certaines me donnent même encore plus envie de pleurer quand je les écoute pour m'endormir mais ça m'aide tout de même. Peut-être parce qu'elles viennent d'elle ?

Quand j'arrive devant chez ma nouvelle amie, je retire mes écouteurs de mes oreilles puis appuie sur la sonnette pour la prévenir de mon arrivée. Quelques secondes plus tard, je la vois ouvrir la porte d'entrée.

- Salut ! Rentre, le portail n'est pas fermé à clé.

J'appuie donc sur la poignée et, effectivement, le portail s'ouvre. J'avance jusqu'à la porte, monte les quelques petites marches et me retrouve face à Emilia.

- Hey, comment ça va ? je lui demande.

- Ça va bien, merci. Et toi ?

- Comme sur des roulettes.

Le dernier mot - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant