Rock That Summer

❀ - 8

Marie

❀

♫ Transparent soul - WILLOW ♫

❀

TW : Racisme

- Tu sais comment ils m'ont regardés quand ils ouverts la porte Marie ? Comme si j'étais un monstre.

Ce n'est pas la première fois que je cogne un con qui s'en prend à moi ou mes amis. Mais c'est la première fois que je me retrouve avec une plainte au cul. Pour être tout à fait honnête, je ne m'y attendais pas, et je me sens honteuse de faire subir ça à ma famille.

Comme si on avait pas déjà assez de problèmes avec le divorce de mes parents.

- Je suis désolée papa.

Mes yeux me brûlent, les larmes menacent de couler mais je me retiens. J'ai l'impression d'être de nouveau la Marie de 8 ans, celle a qui on disait qu'on ne pouvait pas jouer avec elle car elle est noire.

« Ma mère m'a interdit de jouer avec toi parce que tu es noire. »

Mon père pose sa main sur ma cuisse, et la caresse avec son pouce. Ça ne fonctionne pas papa, ai-je envie de lui hurler. Ça ne marche pas, parce que personne ne veut de nous ici.

- Ce n'est pas de ta faute, ma fille. C'est toujours pareil avec eux. C'est pour ça qu'il ne faut pas céder à la colère. Il ne faut jamais lever la main sur eux. Tu lèves la main sur un..

- Ça compte double, finis-je par dire.

- Exactement. On aura jamais la même vie qu'eux Marie. Je sais que c'est injuste, mais il faut que tu le comprennes. 

Mes ongles pénètrent ma chair. J'ai mal, mais je n'en montre rien, parce que c'est comme ça qu'on vit. On encaisse les insultes, mais on ne retorque pas. On ne leur dit rien, on les laisse faire. Je ne le supporte plus.

Paresseuse.

Sale race.

Esclave.

Singe.

Monstre.

Chaque insulte fait mal. Chaque regard me conforte dans l'idée que je suis différente. 

Avec les Fives, on va toujours dans des boîtes perdues au fin fond de la campagne, on négocie une demie heure et on finit par promettre d'acheter au minimum deux bouteilles. On sort dans la rue et tout le monde me dévisage.

J'aimerais pouvoir vivre un jour, sans qu'on ne me regarde de travers, sans qu'on me reproche ma couleur de peau, sans que je sois tenue à l'écart.

Ce n'est pas non plus la première fois qu'un con s'en prend à moi. J'ai déjà été confronté à des personnes prêtes à tuer pour une couleur de peau. Mais ma rage de vivre ne m'a jamais lâché. J'ai encaissé les coups, et maintenant je les redonne. Je continue d'espérer qu'un jour, nous pourrons changer le cours de l'histoire et enfin s'accepter entre nous, peu importe les différences.

Mais cela me semble encore lointain..

Bien que mon père souhaite que je me fasse toute petite, j'ai hérité de la grande gueule et du côté bagarreur de ma mère. Elle m'a toujours encouragée à me battre. C'est sûrement une des raisons qui la pousse à vouloir se séparer de mon mère, ils ne sont jamais d'accord en ce qui concerne l'éducation de ma petite sœur et de moi-même.