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Agathe

♫ Until I Found You  - Stephen Sanchez ♫


Je n'arrive pas à réaliser.

Je sens encore ses lèvres sur les miennes.

La chaleur de son corps contre moi.

Les papillons dans mon ventre.

Les pulsations entre mes jambes.

Et pourtant, l'émotion la plus forte que je ressens, c'est de la peur.

Depuis trois jours, j'ai l'impression d'avoir été mise sur pause. Émilie a appelé plusieurs fois, mais j'ai toujours refusé de sortir. Je me sens malade, bien que je sois sûre que ma santé aille. Ce n'est pas mon corps qui va mal, mais mon cœur qui est en total désaccord avec mon cerveau.

La vérité c'est que je suis lâche :  je fuis. Je m'invente un rhume depuis trois jours, qui n'est que le résultat de mon incapacité à faire des choix.

Je suis effrayée de le perdre, de tous les perdre, de déchirer le groupe, de souffrir, de tellement de choses qui emplissent ma tête et ne me laissent pas l'opportunité de réfléchir.

Imaginons que j'accepte de sortir avec Johan. Si un jour on se sépare, on ne pourra plus être dans le même groupe, on ne pourra même plus être amis. Le groupe se séparera obligatoirement, et ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas être la cause du malheur des autres.

Je ne cesse de me dire qu'on restera amis, qu'on fera tout pour que ça s'arrange mais j'ai appris récemment qu'on ne contrôle rien. C'est l'Univers qui décide pour nous, pas l'inverse.

La voix de Tatie résonne dans ma tête, me dis de lâcher prise, de profiter, que l'été ne dure pas toute la vie. Mais c'est plus fort que moi, la peur me tord le ventre. Je donnerais tout ce que j'ai de plus cher pour l'avoir à mes côtés à cet instant et qu'elle me donne ses conseils.

Et voilà que je me mets à pleurer.

Ces trois jours de vide ont été rythmés par mes pleurs, des séances d'écriture enragées dans mon carnet, et des repas silencieux avec mes parents. J'ai nettoyé mes pierres, tentez de méditer à plusieurs reprises, mais je n'ai pas réussi à dompter mes pensées. Je finissais en pleurs sur le sol de ma chambre, jusqu'à que j'ai une illumination et que je retourne dans mes couvertures.

Et puis si Johan veut qu'on se mette ensemble, pourquoi ne vient-il pas ? C'est injuste, mais je commence à lui en vouloir.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis allongée sur mon lit à regarder mon plafond, mais quand je tourne la tête vers la fenêtre, je remarque que le soleil est entrain de se coucher. Je sèche mes larmes avec la manche de mon pull et saute hors de mon lit. Ça ne me fera pas de mal de revoir la civilisation humaine.

Pendant que je descends les escaliers, j'entends des éclats de rire dans la cuisine. Je m'y dirige sur la pointe des pieds, jusqu'à apercevoir ma mère et mon père dans les bras l'un de l'autre. Je reste quelques secondes à les regarder avec le sourire aux lèvres. Qu'est ce qu'ils sont beaux.. Et ils ont l'air heureux.

Rock That SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant