Chapitre 28 : Flashback #2

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Point de vue : Iwaizumi

Les années se sont écoulées comme le sable d'un sablier, me rappelant à chaque occasion mon statut d'alpha... ou plutôt celui de bêta d'Oikawa.

Cette vérité douloureuse me semble parfois si lourde et pesante que je doute de pouvoir sauter assez haut pour jouer ses passes. 

Mon ami avait commencé à fréquenter des filles, tandis que je me faisais outrageusement approcher par des omégas en quête d'un partenaire. C'était d'ailleurs le principal sujet de discussion à la fin du collège : avez-vous un partenaire ? Est-ce que votre type s'est bien déclaré ? Pensez-vous avoir un conjoint prédestiné ? 

J'étais reconnaissant d'avoir Tooru auprès de moi qui lui ne parlait que de volley et négligeait d'ailleurs toutes ses relations si bien qu'il se décida finalement à rester seul, pour mon plus grand plaisir.

Un soir d'hiver, tandis qu'il faisait le pitre (comme à son habitude) sur le chemin du retour du lycée, il avait plaisanté sur mon manque d'excitation face aux types. Ce n'était pas un reproche, un simple constat qui l'amusait.

Il expliquait ne rien comprendre aux histoires de types mais être satisfait que ses hormones n'interfère pas avec son jeu. J'avais trouvé ça stupide et une légère colère grondait dans mon vas-ventre : je voulais qu'il soit oméga. Je voulais pouvoir le faire mien.

Si à 10 ans j'avais du mal à comprendre les sentiments mitigés en moi à son égard, 3 ans après je n'en avais pas le moindre le doute : j'étais éperdument amoureux de cet homme, qu'importe son type ou son genre. 

En marchant, j'observai le ciel sombre illuminé d'étoiles argentées, l'écoutant patiemment débattre avec lui-même. J'avais beau trouvé ce spectacle céleste particulièrement beau, il me suffisait de pivoter la tête pour en admirer un ô combien plus ravissant encore. C'était un fait à la fois insupportable et merveilleux.

- Iwa-cha ! 

- Arrête de m'appeler comme ça, on est plus des gosses Shittikawa.

- Méchant ! se plaignait-il. Iwa-chan, continua-t-il malgré ma remarque, il va neiger demain je peux le sentir. Oh, j'espère que les cours seront annulés. Argh, quoique on a un match contre Ushijima demain et je compte bien lui montrer que je suis un super passeur. J'adorerai pouvoir lui faire la passe, dis, t'en penses quoi, hein ?

Je ne saurais pas expliquer ce qu'il est arrivé à ce moment-là, mais j'ai senti mes phéromones se diffuser dans l'air glacé tandis que j'observai le reflet des constellations dans les yeux ambrés de mon ami. Le froid lui avait rougi les joues et le nez, et le vent léger jouait avec ses cheveux qui flottaient autour de son visage à l'expression presque enfantine. 

Un geste m'échappa et je me surpris à caresser sa joue, il hoqueta de surprise, mais ne jugea pas bon de m'interroger sur ma conduite une fois le moment terminé. Je lui en étais infiniment reconnaissant.

Le lendemain, on affrontait l'équipe d'Ushijima...

J'avais entendu un bruit dans les vestiaires et je m'inquiétait de savoir Oikawa et notre adversaire seul à seul : bien qu'il l'admire, je connaissais le tempérament sulfureux de mon capitaine et le manque cruel de tact de l'attaquant.

La scène d'horreur qui se dévoila à moi une fois dans la pièce me fit entièrement perdre mon sang-froid. Ushijima était penché sur mon ami, ses lèvres effleurant les siennes.

Oikawa est un oméga. Ushijima a osé poser sa main sur Oikawa. Oikawa s'est laissé embrassé. Je ne serais jamais son premier baiser. Je veux tuer Ushijima.

Tout se bousculait, et seuls mes poings pouvaient me libérer de ma confusion. J'avais l'impression que si je battais ici et maintenant Wakatoshi, je serais choisi par celui que j'aimais depuis si longtemps et effacerait ce qui venait de se passer ici. 

C'était tellement ridicule... c'était comme si j'étais devenu un animal sauvage, affranchi des dictats de la société et privé de sa capacité à raisonner.

Les mots que mon père avaient prononcés se répétaient alors inlassablement dans ma tête 

"Hajime, le monde n'est pas toujours simple pour les omégas et nous, alphas, leur causons beaucoup de tort. Le plus souvent, sans le vouloir. Mais notre nature peut leur être... très violente."

Notre nature leur est violente. 

Aurais-je causé du tort à Tooru ?

Lorsqu'on fut séparés de notre conflit par le coach, je jetai un rapide coup d'oeil vers mon camarade à la recherche d'une réponse à mes questions mais ce fut la première fois que ses yeux ne rencontrèrent jamais les miens. Ils étaient fixés au sol, fuyant le moindre contact... le moindre contact avec moi.

Il me déteste.

Je me déteste.

Est-ce qu'à force de vouloir faire de lui un oméga j'avais changé sa nature ? Si c'était le cas, c'était délicieusement horrible : je le verrais, chaque jour, détruit par cette réalité qui aurait pu me permettre d'être avec lui à jamais.

Je pris alors une résolution : je ne parlerai pas à Tooru de son type. J'ignorerai ce fait tant qu'il ne sera pas prêt à l'accepter lui aussi, peu importe à quel point je pourrais souffrir. 

En quittant le vestiaire, confus mais légèrement calmé, une évidence qui m'avait alors échappée me frappa : l'odeur que dégageait Oikawa était celle des fleurs de cerisiers.

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Bon, bah... c'est un peu tristoutoune tout ça !

Mais au moins, ça éclaire certaines réactions aha...

Oikawa is an omega (IWAOI)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant