Chapitre 32 : Âmes-soeurs

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Point de vue : Oikawa

J'ignore combien de temps, on est restés comme ça, enchaînés l'un à l'autre dans un mutisme complet. Ce que je sais, c'est que j'ai cessé de pleurer, apaisé par l'étreinte d'Hajime. Le climat est à l'évidence tendu, mais nous semblons tous deux résignés, refusant de réitérer une dispute aussi incontrôlée que dévastatrice. 

Ses doigts bronzés s'entremêlent en une danse improbable, preuve de sa gêne et anxiété. Il rehausse à son tour son menton, ses yeux de jades coulant vers les miens. Sa mâchoire se décrispe, avec une difficulté évidente, et il inspire lourdement.

- J'ai... j'ai toujours craint que ça se termine ainsi, tu sais. De ne pas pouvoir me contrôler. Je... je suis... désolé.

Il est sincère.

Je réalise avec effroi que j'ai toujours été conscient de ses craintes et que j'en ai justement joué ce soir. Je mentirai si je disais ne pas avoir honte de mon comportement, mais je n'en reste pas moins choqué et effrayé du sien. Je refuse d'accepter un tel acte, une telle attitude. Et s'il était allé au bout ? S'il m'avait marqué sans mon accord ? Face à mon silence inhabituel, il reprend la parole :

- Mon corps entier est lié au tien, nos cœurs et nos âmes..., il hésite un instant puis poursuit, nous sommes liés. Si je ne t'en ai pas parlé, c'était dans l'unique but de te protéger de cette vérité, car je sais à quel point elle te terrifie. L'idée de n'être plus qu'un oméga, plus qu'une créature à peine humaine appartenant à un pseudo alpha. Mais tu ne peux pas réduire ça à une histoire d'indépendance... tu ne peux pas nous réduire à ça. Tu sais c'est si beau en fait ce qui nous unit...

Un sourire indéchiffrable ourle ses lèvres..

- Nous sommes unis, depuis toujours et pour toujours. La vie m'a offert la chance d'être à tes côtés. De pouvoir t'entendre rire et pester, te plaindre inlassablement, te voir jouer au volley, constater ta maladresse ou ton caractère d'enfant trop gâté. Toutes ces choses qui font qui tu es. Ta présence est mon trésor le plus précieux. Tu es mon trésor le plus précieux. Mais dans cet engrenage circulaire et tortueux que sont les âmes-soeurs, je pense que tu rates l'essentiel, car crois-moi, c'est moi qui t'appartiens et non l'inverse. Je suis tien à tout jamais. Je l'ai toujours été d'ailleurs.

Il prononce ces mots en laissant échapper un rire désappointé et mélancolique. La douceur de son discours me fait autant de mal que de bien, comme si le bonheur qu'il promettait était douloureux de passion et de félicité. Je comprends, ou plutôt je m'autorise à comprendre, que depuis toujours, il nourrit envers moi ce sentiment d'amour complexe, tordu et pourtant infiniment simple. Je l'observe, attendant de saisir l'entièreté de son propos, bien qu'il me soit déjà familier puisque je ressens tout ça, moi aussi.

Il marque un silence puis, comme extirpé de son voyage dans la richesse de ses pensées et rapatrié de force ici, dans la réalité, sur le sol désormais humide de mon entrée, ses deux orbes bleues se posent à nouveau sur moi.

- Tooru, oh Tooru..., je suis navré, jamais je n'aurais pensé perdre à ce point le contrôle de mes pulsions. Tu n'a pas à accepter ça, personne ne le doit. Je... je peux partir si tu en as besoin. Oui... je devrais sûrement partir... murmure-t-il.

Ce sont étrangement ces dernières phrases qui me heurtent le plus, apportant avec elles la plus épineuse des certitudes. Il ne me demande pas de le pardonner, et encore moins de cautionner son attitude. Sa nature aussi le contraint au moins autant que la mienne, je ne peux que trop comprendre ce sentiment faisant écho au mien. Mais il refuse de se cacher derrière, faisant de nous non pas un alpha et un oméga mais deux hommes las de leurs conditions. 

Je réalise alors que jamais mon indépendance n'a été en jeu dans cette histoire. Il n'a d'ailleurs jamais été question de Tooru Oikawa uniquement. Parce que je n'ai jamais été seul. Et il ne l'a jamais été non plus. Nous avons toujours été tous les deux, avec ou sans histoires d'âmes-sœurs. De notre plus jeune âge à nos débuts en tant qu'adultes. De la marelle au volley-ball. De l'amitié à l'amour le plus sincère. C'était une évidence. Il était mon évidence.

- Non, dis-je d'une voix assurée. Non reste. Reste avec moi. Ici, maintenant... pour toujours.

Il étouffe un sanglot avant de me saisir à nouveau et mes bras se resserrent autour de son cou avec la volonté de le sentir au plus près de moi.

Après un moment, nous montons dans la chambre, incapables de s'éloigner l'un de l'autre à plus d'un mètre, encore tremblants à l'idée de se séparer. Prêts à dormir, nous nous allongeons ensemble dans les draps en lin gris, épuisés du choc émotionnel. Le sommeil me gagne rapidement et la présence d'Hajime m'enveloppe de toute sa douceur et chaleur. Jamais je ne pourrais me séparer de cet homme. De mon alpha. De mon âme-soeur. 

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Bon, je vous cache pas que la fin est ultra-proche, et que j'en suis la première troublée ! 

Ce chapitre est hyper important à mes yeux car nos protagonistes acceptent - enfin - la trinité qui les habite. Ils sont humains, typés (alpha-oméga) et âmes-soeurs. Les trois partie participent à part égale à leur identité aussi bien personnelle que de couple. 

Bravo à vous les garçons aha ! 

J'en profite du coup pour rappeler que nous ne sommes pas fait que d'une chose, bien au contraire et qu'aucune case ne saurait ne nous définir, mais que nous ne saurions renier une de celle qui nous constitue. Notre paradoxe, confusion et complexité font de nous les Hommes que nous sommes, avons été.

Je citerai d'ailleurs notre ami JJ. Rousseau : "J'aime mieux être homme à paradoxes, qu'homme à préjugés".

Fin de la minute philo by Olivia ;)

Oikawa is an omega (IWAOI)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant