Chapitre 1

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J'ai chaud, j'ai mal partout sans doute parce que j'ai dormi dans une mauvaise position et je suis fatiguée à cause de l'heure à laquelle j'ai fermé l'oeil hier. Mais je suis obligée de me lever pour aller travailler.

Le pagne attaché autour du torse, je me rends dans la douche commune de la parcelle avec un seau rempli d'eau sans doute froide et mes nécessaires de douches quand je rencontre la bailleresse qui sort de sa maison, la brosse à dent dans la bouche et une bouteille dans la main.

- Chéri, mbote ! "Shery, bonjour !"

Depuis le temps que je veux qu'elle prononce bien mon prénom, j'ai abandonné. Mais elle reste une personne très joviale.

- Bonjour, mama Bijou ! 

- Oza bien ?  "Ca va ?"

- Bien, mais butu, ba ngungi ba leki. "Oui, mais la nuit, j'ai été dérangée par les moustiques."

- Na yebisaki Trésor akata bamatiti wana, mais tangu nioso kaka na pari foot. "J'avais demandé à Trésor d'arracher ces herbes, mais il est tout le temps entrain de parier".

Je n'ai pu lui adresser plus de mots qu'elle est partie in extremis réveiller son fils afin de le gronder. 

Je me dépêche de prendre une douche et de rentrer dans ma petite maison pour finit de m'apprêter et de me rendre au travail après avoir mangé les quelques restes d'hier, des haricots et du riz avec un peu de sucre. 

Avec mon tailleur, mes talons aux pieds et mon maquillage appliqué, je ne suis plus la même personne. Je traverse ma cour et mon quartier pour rejoindre l'arrêt. Si je ne suis pas là trop tard, il peut y avoir un bon bus pas très sale qui ne va pas tacher mes vêtements.

- Yaya Chéri ! A tonda na beauté ! "Grande soeur Shery ! Une fille vraiment très belle !"

- Tala démarche, mwana a tonda santé ! "Regarde sa démarche. Une enfant remplie de santé !"

Les badauds matinaux devant leur jeu de dame me flattent un peu quand je passe à leur côté. Je n'y prête pas trop attention parce que c'est souvent comme ça, mais je leur accorde une salutation polie.

Je me suis réveillée avec Dieu aujourd'hui. Il y a un bon bus à l'arrêt.

- Boulevard ! ne cesse de crier la personne communément appelé "receveur".

Je monte après avoir payé en lui donnant l'argent et prie une fois assise afin de ne pas être confronter aux embouteillages démoniaques de Kinshasa.

Ma grâce continue, j'arrive à mon lieu de travail sans trop de peine. Avant d'y monter, j'achète une bouteille d'eau et je me dirige à mon étage. 

- Mlle Ilunga !

Ce matin était beaucoup trop beau pour être vrai. Je ne me suis même pas encore assise que mon chef de secteur me tombe sur le dos.

- Oui ? Bonjour, monsieur François.

- Bonjour ! C'est bien que tu sois là. II y a des dossiers que je veux que tu traites en urgence. Je les ai mis sur ton bureau, tu pourras y jeter un coup d'œil.

Il ne me laisse même pas le temps de lui répondre qu'il s'en va.

J'ai envie de le tuer. Il m'abandonne une partie de son travail au moins une fois chaque semaine. Bon, je ne peux qu'être heureuse que ce ne soit pas son travail entier comme le responsable du service d'au-dessus le fait avec les pauvres nouveaux employés.

Lorsqu'enfin je pose mes fesses sur le siège et que je soupire, j'entends mon ami m'appeler.

- Pelshery, le chef est passé nous larguer les colis.

Miss CherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant