Ca fait trois jours que nous sommes en froid moi et Louis. Plutôt que je suis en froid avec Louis. Parce que pour une raison obscure, monsieur se comporte comme s'il était le plus lésé dans cette affaire. Il vient tôt au boulot pour repartir tard, ne mange presque plus et a des crises de nerfs toutes les cinq secondes. Et c'est ça depuis trois jours, je me demande ce qui va se passer dans une semaine.
Ce n'est pas que j'ai envie de l'espionner, mais Philippine me fait des rapports sans que je ne lui ai rien demandé et me regarde comme si elle espérait quelque chose de moi à chaque fois. Malheureusement pour elle, je ne peux faire aucun mouvement vers lui. J'ai bien vu ce que ça avait donné la dernière fois et je le regrette encore.
Depuis que je lui ai demandé de ne plus venir chez moi, ça fait déjà trois jours et nous sommes le week-end. Pour continuer à l'éviter, je lui ai dit que je ne pouvais pas venir chez lui puisque j'avais de la lessive à faire et quelques autres trucs dont je me suis bien passée de citer les noms puisque c'est totalement faux.
Mais me voilà aussi là en culotte et débardeur dans la cour commune frottant un de mes vêtements comme si ce dernier me devait de l'argent alors qu'il n'est même pas humain. Je fais ça sans doute parce que c'est l'un des vêtements que Louis m'a offert. Je suis interrompue dans mon vide de pensées par le fils de la bailleresse.
- Ya Pelshery, kanda kanda boye ba jours oyo. Ozo kende guerre ? (Grande soeur Pelshery, tu as l'air en colère ces derniers temps. Tu vas à la guerre ?)
- Trésor, nakofing'o .
- Malembe ! Natuni kaka, nga innocent moweyi. (Doucement ! J'ai juste posé une question. Je n'ai rien fait.) Me crit-il en levant les mains de manière à prouver son innocence.
J'avoue que l'expression du visage qu'il fait avec me fait rire. Après avoir ri avec moi, il s'en va. Alors qu'il n'est pas trop loin, je lui crie.
- Trésor, soki oke lisusu ko beta pari foot, naka yebisa'ngo mère na bino. (Trésor, si tu vas encore parier, je vais le dire à ta mère.)
- Donc yo oboyi peza kobala nga ? Oza contre ba projet na nga makasi. (Donc tu refuses vraiment de m'épouser ? Tu es trop contre mes projets.)
- Continuer kaka ko beta pari foot na esprit ya kobalanga. Nzamba pe azo kanga kaka mbongo no. (Continue seulement de parier avec la pensée de te marier avec moi. Dieu aussi continuera de ne pas te donner d'argent.)
- Na kangi oyo wuti koloba. (Je retiens ce que tu viens de dire.)*
Puis il s'en va au trot. Je roule doucement des yeux en pensant à toutes les fois où sa mère le tire de là par l'oreille.
A peine je viens de penser à elle qu'elle apparait comme dans un songe. Elle me regarde et se dirige de suite vers moi.
- Bonjour, Chérie !
- Bonjour, mama Bijou. Ozo luka Trésor ?
- Te. Nayebi élément nanga. Na heure oyo déjà azuaki makolo naye po abeta pari foot. Nayebi te ba ndoki nini ba binaka na mutu naye. Mais bazalaka ebele. (Non. Je le connais. A cette heure, il est déjà entrain de parier. Je ne sais pas quel genre de démon danse dans sa tête. Mais ils sont nombreux.)
Je rie un peu puiis je la laisse continuer.
- Nayende koloba na yo. (Je suis juste venue te parler.)
*J'ai un peu la flemme de tout mettre en lingala, mais ne vous en faites pas, je ferai la traduction un jour*
- De quoi, maman ?
- C'est mieux qu'on ne parle pas de ça ici. Il y a des gens qui ont de trop grandes oreilles dans cette parcelle.Je ne peux qu'approuver ce qu'elle vient de dire. C'est bien ça les désavantages de la cour commune. Tu ne peux presque pas avoir de vie privée. Même ce que tu caches, si tu y vies durant des années, finira par sortir en public.
-Dans ce cas, on va dans la maison.
J'abandonne mes vêtements dans l'eau savonneuse, me lève et essuie mes mains sur mes cuisses. Je la précède afin de la faire entrer dans mon humble demeure où elle se met sur l'une des deux chaises.
-Je te sers à boire.
-Je ne vais pas refuser. Tu as toujours de super jus de fruits dans ton réfrigérateur depuis que tu l'as acheté.Je sors une bouteille que je lui tends et prends une bouteille d'eau pour moi-même et me mets en face d'elle.
-Tu voulais me parler de quoi, maman ?
Je n'y vais pas par quatre chemins parce que ça ne servirait à rien d'autres que me stresser avec mon imagination débordante, je suis prête à imaginer tout et n'importe quoi.
-De toi et ton homme.
Je manque de mal avaler ma gorgée. Pourquoi elle veut me parler de Louis ? Elle l'a vu avec une autre femme quelque part ? Ce qui m'étonnerait. Mais je ne comprends pas pourquoi ça va m'étonner alors que moi et lui ne vivons qu'une mascarade. Il aurait pu attendre que je sois loin pour commencer à vivre sa meilleure vie. Je ne veux pas que l'image d'une femme cocue me colle à la peau.
-J'ai comme l'impression qu'entre toi et lui ça ne va pas très bien.
-Non, maman. Il est juste un peu occupé.
-Je sais reconnaitre quand tu mens parce que tu ne sais pas mentir, chérie. Je sais aussi reconnaitre une femme qui traverse une période de crise avec son homme. Tu peux m'en parler et je peux te donner des conseils, tu sais. Je te connais depuis longtemps, tu es comme ma fille. Je ne peux pas permettre qu'il t'arrive quelque chose et que moi je reste là à regarder tout ça. Tu comprends ?Je suis à deux doigts de pleurer. Tout le poids des problèmes que je traverse avec Louis semble soudainement une fois de plus encore si réelle et douloureux. Je n'ai pas envie d'y penser. Je m'insulte chaque jour pour être tomber dans un piège aussi stupide que l'amour. Pourtant je ne vais pas m'écrouler pour ça. J'ai assez pleuré dans ma chambre.
-Oui, je sais et je te remercie, maman. C'est juste une petite dispute et elle sera vite oubliée.
-J'espère bien que c'est ça et pas autre chose.
-Non, vraiment...
-Les hommes avec l'argent dans ce pays, nous savons comment la plupart d'entre eux aiment se comporter. Tu n'as pas à te détruire la santé parce que monsieur est allé voir ailleurs. Il vaut mieux ne plus penser à rester avec lui.
-Je jure que ce n'est rien de tout ça, mais merci pour le conseil.
-Bien !Elle prend quelques gorgées de sa boisson avant que nous puissions repartir sur des sujets de discussions plus légers. Vous connaissez les dames africaines, elle a parlé comme si la discussion n'allait jamais finir. Elle ne s'est rendu compte qu'elle s'était éternisée que lorsqu'il était l'heure pour elle d'aller sortir son fils de ses paris sportifs. Je lui tire la porte et vais terminer mon travail.
En fin d'après-midi, j'ai à peine poser mes fesses sur mon lit pour commencer le marathon d'une série que mon portable sonne avec Adam paniqué à l'autre bout.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Sandra... Sandra... va accoucher. Nous sommes en chemin pour l'hôpital. Pelshery, je pense que je vais m'évanouir.Lorsqu'il prononce cette dernière phrase, j'entends son épouse crier de l'autre côté.
-Tu veux me tuer avant même que je ne fasse sortir ce gosse ? Si tu veux vraiment t'évanouir passe-moi le volant, sale faiblard.
Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils.
-Adam, respire et pense à ta femme. Tu vas y arriver. Ne me fais pas devenir sans famille à cette heure. Je vous rejoins à l'hôpital.
-Ok. D'accord. Je t'attends.Il raccroche et je soupire avant de me précipiter pour les rejoindre à la maternité. Qu'est-ce que je ne ferai pas pour eux ?
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*: Une manière de lui dire qu'il retient ce qu'elle vient de lui dire pour quand il sera riche bientôt et viendra "la marier" et lui rappeler ce qu'elle lui avait dit.
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Miss Cherry
RomanceLe jour où Pelshery découvre en même temps que toute son entreprise que Louis, le jeune homme avec qui elle s'est lié d'amitié, est en réalité le fils de celui qui a racheté l'entreprise, est le même jour où elle se voit proposé de devenir sa fauss...