Chapitre 20

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Le lendemain, Pelshery n'était pas sortie de sa chambre jusqu'à 10h. Louis fut surpris de la voir descendre les escaliers et le saluer avec une toute petite voix.

- Tu vas bien ?

- Oui.

- Je suis rassuré alors. Tu as faim.

- Non.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Non.

Au-delà du fait que ses réponses monosyllabiques étaient à deux doigts de le mettre hors de lui, il n'appréciait pas le fait qu'elle ne le fixait même pas et préférait le sol. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour enchérir, son téléphone sonna. Il le prit, vit le nom et raccrocha. Il voulut reposer des questions à Pelshery, mais il reçut un message cette fois. Le même nom fut affiché et il allait effacer quand il prit quand même le temps de lire le contenu qui finit par retenir son attention. Il répondait brièvement à son contact avant de se reconcentrer sur la demoiselle qui avait voulu disparaitre dans la cuisine.

Même si elle avait refusé, Pelshery buvait maintenant paresseusement de l'eau au comptoir de la cuisine.

- Je vais rentrer chez moi. Finit-elle par lâcher.

- Pourquoi ?

- Je ne veux plus envahir ton espace.

- Pelshery, tu es sérieuse ? On ne va pas avoir cette discussion maintenant ? Surtout que tu t'es installée pour de bonnes raisons.

- J'ai l'impression d'être un parasite.

- Et c'est moi qui t'es dit que tu étais un parasite ?

- Je ne sais pas.

Louis lâcha un gros soupir avant de se lever brusquement.

- Je sors. Ne bouge pas d'ici, s'il te plait.

- Je vais partir.

- Et moi je te demande de m'attendre.

- C'est si pressant que ça pour que tu refuses de me dire pourquoi je devrais rester ici ?

- C'est juste une course rapide.

Louis soupire une fois de plus.

- C'est Félicitée qui m'a écrit. Elle veut me parler.

Les lèvres de Pelshery rétrécirent en deux fins traits. Elle commençait à douter de ce que lui avait révélé la demoiselle la dernière fois. Cherchait-elle à endormir sa vigilance afin de mieux atteindre Louis ? Vigilance dont Pelshery commençait à se demander si elle a déjà existé.

- Je vois.

- Rien de ce que tu peux t'imaginer.

- Et à ton avis, je pense à quoi ?

- Bref, je reviens.

Il remonta avant de descendre. Il la retrouva au même endroit où il l'avait laissé, s'approcha et lui donna un petit baiser sur la joue avant de répéter une nouvelle fois.

- Attends-moi, s'il te plait.

En sortant, il ne vit pas l'expression de détresse de Pelshery. Elle ne savait pas quoi penser de tout ce qui se passait maintenant et encore moins de ça. Louis n'aurait jamais accepté de voir Félicitée en face à face. Pourquoi maintenant ? Elle ne put s'empêcher de verser une larme alors que son cerveau tentait de faire des réflexions logiques afin d'alléger son cœur, mais rien ne marchait. Elle se dit juste qu'il était inutile pour elle d'attendre plus longtemps. Elle monta à l'étage, récupéra toutes ses affaires et partit.

Pas surprise pour un sou, elle trouva sa mère qui l'attendait debout devant sa porte.

- Tu es enfin là ? Une jeune femme non mariée ne devrait pas dormir avec son fiancé.

- Tu es toujours là ? A côté du mot têtu dans le dictionnaire, il y a ta photo.

Elles se défièrent du regard un moment avant que Pelshery n'ouvre sa porte, dépose ses affaires et sorte avec deux tabourets.

- Tu as de la chance que je sois de bonne humeur aujourd'hui. Je vais écouter tes bêtises pour aujourd'hui. C'est quoi ton problème ? Pourquoi es-tu venu me trouver ? Pourquoi maintenant ?

Sa génitrice la toisa de haut en bas.

- Je vois que tu vis bien. Tu sais au village, la vie est devenue trop dure. Ton père travaillait trop. Il est tombé malade. On a besoin d'argent.

« Je le savais. » Ne peut-elle s'empêcher de se dire, un peu blessée.

Miss CherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant