Chapitre 2

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J'étire les muscles de mes bras et de mon dos alors que je finis de taper sur l'ordinateur. Je suis heureuse d'avoir fini tôt aujourd'hui. Je vais pouvoir rentrer et me faire tous les épisodes des séries que j'ai raté à cause de ce satané vieux.

On devrai chercher le cadavre de celui qui a dit "Quand on parle du loup, on voit sa queue" afin de la tabasser correctement. Ma joie redescend telle une flèche lorsque je vois ce dernier franchir la porte. 

- Cherry, arrange ton visage. On dirait que tu vas tuer quelqu'un. Le patron risque de t'en vouloir si tu le regardes comme ça. Me souffle Adam, à moitié amusé.

Je me rends compte que mon expression est celle d'une personne qui veut se battre donc je remets mon visage au neutre. 

Alors que je m'attendais à ce qu'il vienne vers nous deux, ses esclaves préférés, il s'arrête au milieu de la pièce d'où il frappe dans ses mains, attirant notre attention.

- Bien ! Depuis quelques temps, vous avez sans doute ouïe dire que l'entreprise a été reprise par un quelconque particulier. C'est vrai. Elle a été vendue.

Le rythme de mon cœur augmente et je sens Adam devenir mal à l'aise à son tour. 

- C'est l'une des familles riches de notre propre pays qui nous a racheté. Ils ont fait fortune à l'étranger, mais veulent maintenant participer au développement des industries sur le sol congolais. Leur ainé, notre nouveau PDG sera en visite demain afin d'établir son plan de travail. Nous ne savons pas vraiment s'il va décider de renvoyer des gens, donc soyez prêts en conséquence, merci.

Comme à l'accoutumé, il ne prend pas la peine d'écouter les jérémiades et part aussi vite qu'il est venu.

Cette nouvelle a réussi à mettre un certain nombre de personne mal à l'aise, particulièrement les "nouveaux" à l'instar de moi et Adam. 

Le lendemain, j'ai encore cette impression de me trimballer un nuage sombre au-dessus de la tête. Depuis que j'ai assimilé la nouvelle, rien ne semble avoir de gout. J'ai peur de perdre ma place à tout moment.

Voir Adam avec des cernes me réconforte au moins que je ne suis pas la seule à angoisser pour mon poste.

- Je ne savais pas que tu pouvais prendre les choses au sérieux, songi songi 2.0.

- Pelshery, sérieusement, tu sais à quel point j'ai besoin de ce travail. Je n'ai pas envie qu'une fois de plus le père de Sandra vienne m'humilier publiquement parce que je serai une fois de plus un homme sans travail, nourri par sa femme.

Je lui donne une tape sur l'épaule et un sourire jaune. Bien sûr que je sais ce qu'il ressent parce que j'étais à ses côtés depuis les humanités dans ses épreuves vitales.

Nous travaillons dans une ambiance assez maussade. 

Ce qui est venu nous interrompre est que quelqu'un est venu nous annoncer.

- Le PDG arrive.

J'ai cru voir le cœur de certains sortir de leur thorax alors même que le plan pour le futur de l'entreprise n'a pas été distribué. Je ne peux pas rouler des yeux parce que je ressens ce que ça fait. Nous allons dans quelques secondes voir l'homme dont les mains tiennent notre futur.

Le bruit de chaussures de marque résonne dans le couloir avant qu'un battant ne soit ouvert et que...Louis passe la porte. Toutes les personnes autour de moi eurent le même réflexe : regardez derrière lui si l'homme que l'on attendait était là. Mais il n'y avait que ce jeune homme dans un costume surmesure avec un regard froid que je ne lui connaissais pas et une stature noble du haut de ses 1M85. A sa suite, que des chefs de département que nous côtoyons chaque jour.

Des murmures indiscrets ont commencé à s'élever dans la salle.

- Je demande du silence.

Une seule phrase de sa part et tous nous étions muets comme des carpes.

- Bien ! Il est vrai que cela peut être étonnant de me voir comme étant le nouveau PDG de l'entreprise. Ca signifie juste que j'avais commencé mon observation depuis longtemps. Cela fait deux mois que je suis ici en tant que "nouvel employé" et j'ai pu en voir des choses qui m'ont plu et d'autre, non. J'ai levé mon plan d'action pour l'optimisation de cette entreprise sur ces bases. J'espère que vous serez prêts à suivre le rythme. Si non ? Déposez votre lettre de démission, je n'aime pas les paresseux.

Il se tait un instant et nous regarde. Son regard tombe sur moi. Il ne dit rien et regarde ailleurs.

- Sinon, je suis heureux de commencer à travailler avec vous. Dans le futur, j'espère que vous saurez donner votre meilleur.

Il tourne les talons et s'en va. Adam souffle fort par le nez en s'avachissant dans son siège.

- Alors c'est lui. Ne puis-je m'empêcher de murmurer.

- Tu le connais ?

- Oui, il était du service du dessus. De temps en temps, il me raccompagne chez moi en véhicule.

Mon ami écarquille ses yeux.

- Cherry, tu es malade ?

- Non.

- Il ne faut pas monter dans les voitures des gens qu'on ne connait pas. Les rapts ont repris dans la ville et toi, tu t'amuses à sauter dans le véhicule du premier venu ?

- Il est gentil.

Je sais que c'est nul comme excuse, mais je ne peux pas justifier que je suis monter dans la voiture d'un ''inconnu pendant cette période.

- Pelshery...

Il s'arrête juste à citer mon nom avant de taper dans ses mains de manière dramatique puis de retourner à son travail. A mon tour, je hausse les épaules et l'imitent.

A l'heure de mon départ, Adam devait encore travailler pendant une demi-heure. Je repars encore seule cette fois et je croise Louis devant sa voiture qui semble attendre quelqu'un. Dès qu'il me voit, un sourire apparait sur son visage.

- Bonsoir, Pelshery.

- Bonsoir, Monsieur.

Il fait une drôle de grimace.

- Je pensais que l'on s'appréciait un peu plus pour ne pas tomber dans ce genre de formalité.

- Désolée, Louis. Après ces maigres excuses, je change de suite le sujet de notre interaction. Tu attends quelqu'un ? 

- Oui, je t'attendais pour te raccompagner. J'ai fini il n'y a pas longtemps et me suis souvenu que tu sors souvent aux alentours de ces heures.

Il a presque l'air embarrassé quand il le dit. On ne dirait pas que c'est le patron froid qui nous a rendu visite ce matin même.

- Merci de l'attention.

Cette fois, je ne me fais pas prier et je monte dans sa voiture. Désolée, Adam. 

Avec tout le courage que je possède, mon magnifique sourire en coin et mon ton taquin, j'ai dit :

- Maintenant, monsieur le directeur, puis-je savoir qui vous êtes ?

Il rit doucement.

- Bien sûr ! Je suis Louis Mbaya, trente ans, célibataire. Premier fils et héritier des Mbaya. J'ai fait toutes mes études à l'étranger et je n'ai jamais laissé parler de mon existence dans les médias. J'ai commencé à travaillé avec mon père dès mon plus jeune âge, mais je n'ai réellement commencé mon ascension dans sa société à mes vingt-cinq ans. C'est ainsi qu'il m'a envoyé élargir notre business dans notre pays d'origine. 

- Si je comprends bien, ce n'est pas lui qui t'a acheté cette voiture ?

Il se souvient de ce qu'il m'avait dit, me regarde avant d'éclater de rire.

- Tout à fait.

La suite se passe bien entre nous. Même si j'ai l'impression qu'il veux me dire quelque chose sans trop oser. Je ne vais pas le forcer à le faire. Ce n'est pas dans ma nature. Je laisse tout couler et me contente d'être la personne que j'ai toujours été : une bonne compagnie, sans prise de tête.

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Publié le 03/09/2022

Miss CherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant