Chapitre 18

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Pelshery ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. Alors que l'aube venait à peine de fleurir et qu'elle s'apprêtait à aller au travail, quelle ne fut sa surprise en sortant toute habillée de voir sa génitrice sur le pas de sa porte.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- C'est comme ça que tu m'accueilles ? Ouvre que je m'assoie à l'intérieur. J'ai mal aux pieds.

- Moi, je vais au travail. Je n'ai pas le temps de discuter avec toi.

- Parce que tu es la seule qui travaille dans ce pays ?

- Je ne peux pas me permettre d'être en retard. J'ai des responsabilités à assumer. Si tu ne sais pas ce que ça veut dire, c'est ton souci. Passe une bonne journée.

Les clés tournèrent bruyamment dans les serrures et elle les jeta dans le fond de son sac avant de prendre la route. Mais c'était sans compter sur la vieille femme qui n'avait pas dit son dernier mot. Elle la suivit et tenta de l'arrêter en la serrant par l'épaule, mais Pelshery fut plus rapide et esquiva. Agacée, elle se tourna cependant vers sa poursuivante.

- Qu'est-ce que tu veux ? Dis-le clairement. Parce que je sais que tu ne serais pas venue ici sans un intérêt quelconque. Après tout, tu ne m'as jamais cherché pendant plus de 10 ans.

- La famille reste la famille.

- Famille de mes fesses.

- Impolie. Mal éduquée.

- Oui, c'est vraiment toi qui m'a éduqué.

- Mama he, Olembaka te ? (Mama, tu n'es jamais fatiguée ?).

La question venait de Trésor qui venait d'ouvrir la porte de leur maison.

- Bonjour, Trésor. Salua poliment Pelshery.

- Bonjour, tantine. Mama nabino azalaka ndoki ? (Ta mère est une sorcière ?)

Pelshery ravala son rire et regarda le visage de la forte dame se décomposer.

- Niama ! (Idiot !) C'est à moi que tu parles comme ça ?

- Hé nga na tuni kaka. Po comportement ya tembe boye, ezalaka kaka ya ba ndoki. (J'ai seulement posé une question. Parce qu'un comportement aussi obstiné ne peut appartenir qu'à des sorciers.)

Elle s'avança à grandes enjambées vers lui dans le but de lui foutre une raclée et Pelshery en profita pour s'en fuir. Elle ne prit même pas la peine d'arrive à l'arrêt qu'elle héla vite fait une moto pour s'éloigner le plus vite possible. Elle ne savait pas pourquoi sa famille la cherchait maintenant et elle s'en foutait. Elle avait juste peur qu'ils foutent en l'air sa vie, ce qu'elle avait pu construire sans eux alors qu'ils l'avaient tous clairement abandonné.

Quand elle arriva sur son lieu de travail, l'air inquiet de son visage n'avait pas déménagé et son sourire forcé n'arrivait à convaincre personne. Dans son bureau, elle fixa la place vide d'Adam. Elle ne pouvait se confier à personne pour le moment. Les seules personnes qui étaient utiles en cet instant étaient Bijou, Adam, sa femme, Trésor et quelques membres de la famille de Bijou qui connaissaient son passé. Elle avait peur que si ça allait dans d'autres oreilles qu'on puisse la tourner en ridicule. Elle s'en foutait souvent de tout, mais ça c'était une passe de sa vie dont elle ne voulait pas se souvenir et dont elle ne voulait pas que les gens rient.

A la fin de son service, Pelshery fut appelée dans le bureau de Louis. Sans énergie, elle y alla. Elle le trouva dans le plus piteux des états à sa grande surprise. Elle n'avait jamais vu Louis négligé et c'était une première.

Il semblait ne pas avoir dormi durant des jours, ne s'était pas rasé, ni refait sa coiffure. Des tasses de café s'empilaient sur une tasse au fond de son bureau alors qu'une nouvelle gisait à ses côtés tandis qu'il semblait concentré toute son énergie pour bien taper.

Miss CherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant