Chapitre 17

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Pelshery rentrait chez elle la tête pleine. La discussion qu'elle avait eue avec Félicitée lui avait retourné le cerveau. Ses neurones avaient presque court-circuités pour avoir reçu autant d'information en moins de deux heures. La jeune femme se disait qu'elle ne comprendrait jamais le monde des riches. Elle pensait que tout ce qui se passait dans les séries restaient dans les séries. Au final, toute l'affaire fut rangée dans un coin de sa tête en attendant qu'elle ait du bon repos afin de tout analyser scrupuleusement.

Tandis qu'elle ne rêvait que d'une bonne douche et de son lit bien-aimé, qu'elle ne fut sa surprise de trouver sur le pas de sa porte des gens qu'elle ne pensait pas revoir jusqu'à la fin de sa vie sur le pas de sa porte se disputant vivement avec sa bailleresse. Son sang gela et elle voulut rebrousser chemin, mais c'était bien sa veine que les intrus l'avaient aperçue avant même qu'elle ne pense à finalement dormir à l'hôtel.

- C'est à cette heure-ci que tu rentres ? C'est ce que la ville t'as appris ?

Pelshery ne pipa mot à la remarque de la forte dame qui s'avérait être sa mère. Elle se contenta de tous les contourner pour se rendre à sa porte après avoir salué la propriétaire de la parcelle comme chaque soir.

- Bonsoir, maman Bijou.

Elle ne prit pas la peine d'entendre la réponse qu'elle enfonçait rapidement ses clés dans le cadenas et la serrure, déverrouillant plus lentement qu'elle ne voulait la porte et se précipita à moitié à l'intérieur quand cela fut fait. Son cœur tambourina un peu plus fort lorsqu'une personne voulut forcer l'entrée chez elle. Mais cette dernière n'y parvint pas grâce à l'intervention de Bijou.

- C'est ainsi qu'on vous éduque là-bas chez vous ? Entrer dans la maison des gens sans demander ?

- C'est la maison de ma fille !

- Regardez-la comme elle n'a même pas honte ! Elle s'est enfuit de chez toi, tu ne l'as pas poursuivi. Elle a souffert ici avec moi, tu n'es jamais venu la chercher. Elle a reçu son diplôme d'Etat, tu n'étais toujours pas là. Aujourd'hui elle devient ta fille ?

- C'est moi qui l'ai porté dans mon ventre, qui l'ai fait sortir, nourri pendant des années. Jusqu'à la preuve du contraire, elle est encore à moi.

Pelshery qui se changeait à l'intérieur alors que l'échange de paroles avait lieu sortit sur cette déclaration, seau à la main.

- Je ne suis à personne d'autre que moi-même. Je ne suis pas un objet, ni une des chèvres de ton troupeau pour que tu dises que je t'appartiens.

- Regardez ! Regardez ce que votre ville a fait à ma fille ! Elle est même devenu impolie ! Elle ne respecte même plus sa mère ! Se mit à crier la dame, les bras croisés au-dessus de la tête, très théâtrale. Quelle est la prochaine étape ? Tu vas essayer de me tuer ? Moi, ta mère ?

Plus que tout autre jour, Pelshery avait honte. Mais que pouvait-elle ajouter ? En plus, elle était déjà mentalement hors d'elle-même. Elle se dirigea vers la douche sans plus d'attention.

- Je te parle et tu me tournes le dos ? Comme ici tu es star, comme ici tu as de l'argent, tu veux me manquer de respect ?

- Ne t'inquiète pas, tu ne te respectes pas toi-même. Elle ne fait rien de grave. Commenta Bijou.

Les yeux remplis de colère, la forte femme s'avança vers elle.

- N'entre pas dans nos affaires.

- Depuis le temps que je suis dedans. Il fallait penser à venir me faire sortir il y a des années quand j'ai accueilli Chérie chez moi alors que ses parents étaient encore en vie, mais ne la cherchaient aucunement.

- Espèce de sorcière !

- La seule sorcière que je vois ici, c'est toi qui ose venir pleurer pour le respect à la porte de ta fille que tu as forcé à fuir de chez elle.

- Je ne l'ai jamais chassé.

- Tu as fait pire que ça. Le monde change, mais c'est toujours toi qui veut marier ta fille adolescente à un vieux pour de l'argent et ça t'étonne qu'elle s'enfuit de chez elle parce qu'elle voulait continuer les études ? Tu as un de ces toupets !

La foule qui devenait de plus en plus grande eut un moment de surprise générale. Quelqu'un cria même :

- Tu vis encore dans les années 1800, maman ?

De son côté, Pelshery prenait le temps de se doucher tout en cherchant comment se débarrasser de sa famille dont elle ne voulait pas. Après tout, à part le sang, rien ne la reliait à eux. Elle n'avait plus aucun sentiment filial envers eux et ce depuis l'aube de son adolescence. Quand elle eut fini et que son corps se sentit à l'aise, elle sortit et ne fut pas surprise lorsqu'elle vit les jeunes du quartier se mettre entre maman Bijou et sa mère biologique pour éviter une confrontation physique.

Elle repassa au même endroit, mais ne voulait toujours pas leur offrir de l'attention. Cette fois, ce fut l'homme assis sur une valise qui se leva et l'interpella.

- Quel est ce genre de comportement, jeune fille ? Tu ne reçois pas ta famille, tu laisses les gens nous humilier. Ce n'est pas comme ça que ta bonne mère t'a éduqué.

Ladite bonne mère ne dit rien, mais se contenta d'acquiescer fièrement avec le menton.

Pelshery rit un peu. Cette scène était vraiment ridicule et semblait tout droit sortie d'une de ces séries congolaises stupides qu'elle aimait regarder pour passer le temps et détendre ses nerfs.

- Tu deviens folle ? Pourquoi tu ris ? Demanda son cousin qui était assis derrière son père, l'homme qui venait de parler, son oncle.

- Non, je me dis juste que c'est si ridicule. Je pensais que les gens étaient bêtes comme ça que dans les films.

A cette déclaration, l'homme jaillit de colère.

- Espèce d'impolie ! Sorcière ! Prostituée ! Pour qui tu te prends hein ? Juste parce que tu couches dans le lit d'un grand patron que tu veux faire croire aux gens que nous sommes du n'importe quoi ! Fais attention à tes paroles sinon tu ne sais pas ce qui t'attends.

- Tu vas me faire quoi ? Me maudire ? Noko, biloko wana, esimbaka na nga te. (Ce genre de chose ne marche pas avec moi.) Ce n'est pas pour rien que je vais à l'église. Je suis enfant de Dieu. Maudis-moi autant de fois que tu le voudras. Tant que je ne suis pas coupable devant mon Dieu tout cela est nul et sans effet. Prostituée ? Je ne le fais pas chez vous. C'est vous qui êtes à ma porte après tant d'année sans chercher de mes nouvelles. En tout cas, je vous remercie d'avoir pensé à enfin me rendre visite. Ça fait toujours plaisir de découvrir ce que vous êtes devenus. Comme vous pouvez aussi le voir de mon côté, malgré que la vie soit dure, je me débrouille bien. Je ne suis pas propriétaire terrien, je n'ai pas de voiture, je ne suis pas grand patron. Mais j'ai un travail, un petit chez moi, de quoi me nourrir et me vêtir. Maintenant que vous avez vérifié mon existence, vous pouvez aller où vous étiez entrain d'aller.

Pelshery n'attendit pas qu'on lui donne de réponse ou qu'ils commencent à la maudire ensemble. Elle préféra s'enfermer dans la maison où elle mit ses écouteurs et ses louanges à fond pour ne pas entendre les cris, les insultes, les menaces et les coups violents à sa porte en plus des reproches, des exclamations de la foule et des bruits des efforts de jeunes du quartier pour chasser les intrus qui troublaient une des leurs.

Alors que les heures avaient avancé et que tout était redevenu plus calme, elle s'assit sur son lit et tira doucement ses cheveux avant de se dire que les anciens avaient raison : « Le malheur en vient jamais seul. ». Il a toujours un ou deux congénères avec lui.

Miss CherryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant