Chapitre 6

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Mike


Ma voisine gigote près de moi, une main sur son genou, l'autre accrochée à l'accoudoir entre nous.

« Tout va bien ? » lui demandais-je.

« Huh, huh. Je n'aime pas trop prendre l'avion, c'est tout », explique-t-elle tout bas comme s'il s'agissait d'un secret.

Et on n'a pas encore décollé.

« Ça va aller », dit-elle en appuyant sur sa jambe pour l'empêcher de bouger.

La poussée des moteurs la fait serrer l'accoudoir. À force de s'y accrocher comme ça, elle risque de l'arracher. Au décollage, elle retient son souffle un instant puis ses épaules se relâchent quand je pose ma main sur la sienne pour la serrer doucement.

Elle prend ma main et la serre aussi fort que ses petites mains le peuvent lorsque l'avion amorce sa montée.

Une fois l'altitude de croisière atteinte, je m'attends à ce qu'elle me relâche, mais elle n'en fait rien, alors je laisse ma main là où elle est pour le moment. J'aime sentir la chaleur de sa main.

« Merci », dit une petite voix au bout d'un moment.

« Ce n'est rien, ça ne m'a pas dérangé. »

Je sens sa chaleur me quitter quand elle reprend sa main pour l'essuyer sur sa cuisse.

Pour lui changer les idées, je lui propose de continuer de me parler de sa boutique, de sa passion pour la couture, ce qu'elle fait jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Sa voix, les sons confinés, les vibrations de l'avion me berçaient et je somnolais, luttant pour ne pas m'endormir avant elle.

Je me réveille, quelques heures plus tard, l'elfe a enroulé son bras autour du mien et sa tête repose contre mon bras. Elle me tient le bras comme un paresseux s'accroche à sa branche. C'est comme si elle se raccrochait à moi, comme une enfant qui a peur du noir. De ma main valide, je sors mon téléphone et je prends une photographie. J'en profite pour changer de fuseau horaire sur mon téléphone. Je vérifie sur l'écran situé dans l'appui-tête du siège devant moi où nous nous trouvons. Nous devrions arriver vers 23 heures. Le temps de gagner l'hôtel, il sera presque minuit. J'envoie un message pour confirmer mon arrivée et explique le retard. Quelques instants plus tard, je reçois une confirmation pour ma chambre.

Rassuré, je range mon téléphone et je referme les yeux. Je me réveille un peu plus tard, mon demi-sommeil a été perturbé par des rêves érotiques et mon sexe, mal placé dans mon pantalon, m'occasionne une gêne. En gesticulant, je réveille ma voisine.

« Oh ! Désolée », bafouille l'elfe en se réveillant. Elle se redresse et lâche mon bras. « Vous auriez dû me pousser », dit-elle en fixant le dossier devant elle, le rose aux joues.

« Ce n'est rien. Dites-vous que j'avais peut-être besoin d'être rassuré moi aussi, si vous voulez. »

Ses lèvres esquissent un léger sourire.

Oh, putain !

Je remue sur mon siège.

Elle se lève pour aller aux toilettes et revient peu après, arborant un nouveau masque.

« Vous voulez bien me parler, de n'importe quoi », me demande-t-elle.

« Eh bien, là comme ça, vous me prenez de court. »

Finalement, pour lui faire penser à autre chose, je lui raconte des souvenirs de mes dernières vacances au Québec, je lui demande s'il s'agit de sa première visite. Je lui suggère des endroits à voir, des restaurants où aller – s'ils existent encore, la pandémie ayant causé la fermeture de nombreux établissements – et quelles spécialités goûter.

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant