Même pas en rêve !

Chapitre 29

Mike

Dans ma poche, mon téléphone vibre, plusieurs fois. Je m'en veux de ne pas l'avoir coupé. Un regard rapide me permet d'identifier qu'il s'agit d'un collègue du travail. Je fronce les sourcils, il sait que je suis à des milliers de kilomètres et en vacances. Son insistance me fait comprendre qu'il y a un problème, un sérieux problème. Je m'éloigne en tentant d'être discret, trouvant refuge sur la terrasse. Je me réfugie sous un lampadaire chauffant.

« Dom ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je suis en plein mariage !

— ... »

Mon visage se ferme alors que j'entends à peine ce qu'il me raconte. Mon cerveau se met en route et prévoit déjà les actions à prendre dès que j'aurais raccroché.

La porte s'ouvre sur Julian qui vient me rejoindre, comprenant à mon air que quelque chose ne va pas. Je lui explique brièvement, lui demandant de garder ça pour lui pour le moment, préférant ne pas ruiner la journée.

Je tourne un peu sur la terrasse, en pestant. Elle m'aura vraiment tout fait. Jusqu'à la fin, elle me pourrit l'existence. Je rentre me réchauffer, l'elfe vient à ma rencontre, mais je ne la vois pas vraiment, passant devant elle en l'ignorant. Je monte les escaliers pour me réfugier dans ma chambre. Assis sur le lit, je commence à regarder les prochains vols pour rentrer. Il n'y a aucun vol avant après-demain !

Je fais différentes recherches quand on frappe à ma porte. Me doutant qu'il s'agit de l'elfe, je ne réponds pas. Je préfère couper notre histoire maintenant, ce n'est plus à l'ordre du jour pour moi. Autant mettre de la distance dès maintenant entre nous. Je m'en veux de mon comportement, mais je pense agir pour le mieux.

La porte s'ouvre sur le visage inquiet de Justine.

« Je peux ?

— C'est chez toi », répondis-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu, regrettant aussitôt. « Excuse-moi Justine. Je ne suis qu'un con.

— Que se passe-t-il avec Kristina ?

— OD.

— OD ? » me demande-t-elle, ne voyant pas de quoi je parle.

« Overdose. Elle s'est shooté avec un truc de trop. Elle ne s'en est pas tirée.

— Oh merde ! Je suis désolée Mike. Je sais que... mais et pour la petite ?

— Ah ! », ricanais-je. « Devine ! Elle avait fait un testament et m'a déclaré seul parent proche. Légalement, je suis responsable de Julianna.

— La sal... »

Justine ne finit pas sa phrase, mais elle a entièrement raison.

« Quelle pourriture ! J'aurais dû couper les ponts immédiatement, mais j'ai été trop con. J'aurais dû vous écouter.

— Quand pars-tu ?

— J'ai un avion dans deux jours.

— Et... pour Mia ?

— Que veux-tu que je te dise Justine. Ma vie vient de se compliquer, et pas qu'un peu. Je ne peux pas m'investir maintenant dans une histoire, pas avec cette merde qui me tombe dessus.

— Je comprends, mais Mia ne comprendra pas. Si tu tiens un peu à elle, tu devrais lui parler avant de partir », me dit Justine.

« Tu as raison. Ce ne serait pas correct de ma part. Nous ne nous sommes rien promis, mais les sous-entendus étaient là. Je vais descendre dans quelques minutes, j'irai lui parler. Désolé de gâcher ta journée.

— Tu n'as rien gâché Mike, nous sommes une famille. Nous nous soutenons les uns et les autres. C'est à ça que sert une famille. » Justine me serre dans ses bras avant de redescendre. J'entends la musique résonner quand elle ouvre la porte, mais sur son visage, le cœur n'y est plus. Elle se compose un sourire de façade et va rejoindre ses invités.

Je prends quelques minutes, réfléchissant aux implications de me retrouver responsable d'une enfant. Vérifier la légalité et les possibilités de recours. Trouver un appartement plus grand, l'école, la garderie. Gérer un nouvel emploi du temps impliquant une deuxième personne. MERDE ! crié-je intérieurement.

J'inspire longuement, avant de sortir de ma chambre et d'aller affronter le pire super vilain de toute l'histoire de l'humanité, Mia. Je la vois me regarder descendre les escaliers, ses yeux sont si sombres que j'ai l'impression d'y voir étinceler les flammes de l'enfer. Je déglutis difficilement quand elle ouvre la porte du bureau de Justine et me fait signe de la rejoindre d'un signe de tête.

Tout vient de se compliquer. Entre l'elfe, mon boulot et la petite, je ne sais plus où j'en suis... j'ai besoin de prendre du recul, et ce, rapidement. Je suis en rage. Ça collait plutôt bien avec l'elfe, j'aurais aimé voir où tout ça nous aurait conduits, mais émotionnellement je ne suis plus là.

J'entre, alors qu'elle a pris place dans le sofa, et je referme derrière moi.

« Il y a un problème ? Pourquoi tu t'es barré en tirant la gueule ? » demande-t-elle d'une voix froide.

« Un souci... familial », dis-je en m'asseyant sur une chaise que j'ai fait pivoter pour être face à elle.

« Et ? » m'interroge-t-elle en croisant les bras.

Je lui raconte ce que je viens d'apprendre et manifestement ça ne lui plaît pas. Je la comprends, elle n'a pas envie de s'impliquer dans une relation avec quelqu'un qui vient d'hériter des emmerdes d'une femme avec qui j'ai couché pendant quelques semaines, qui me laisse ses dettes et sa gamine dans les bras. C'est loin d'être ce qu'elle devait avoir à l'esprit il y a à peine une heure.

Elle me regarde sans rien dire. Son silence m'effraie.

« Et... nous ?

— Mia. Ma vie vient de se compliquer d'une façon que je n'avais absolument pas prévue. Je ne sais même pas comment je vais gérer ça. Je t'apprécie énormément Mia, j'aurais aimé voir l'après pour nous, où est-ce que ça nous aurait conduits, mais je n'ai plus la tête à ça. »

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Myka