Chapitre 14

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Mia


J'entre dans ma chambre, en me touchant les lèvres, comme si je voulais garder l'empreinte des siennes. Je m'allonge sur mon lit, les paroles de Justine résonnent dans ma tête « Ah, Mike. Ta femme a appelé. Je te fais le message, n'oublie pas de ramener un cadeau pour la petite ». La raclure est mariée et à une petite fille. Il s'est servi de moi comme d'un vide couilles pendant ses vacances, pendant le mariage de son frère.

Amenez-moi une pelle quelqu'un !

Des coups frappés à ma porte accentuent ma colère.

« Mia », murmure le mari infidèle. « Ouvre s'il te plaît.

— Fous le camp !

— Ouvre-moi, je peux tout t'expliquer. »

Je me lève pour me mettre dos à la porte.

« M'expliquer que tu es marié ? M'expliquer que tu as une fille ? Quel âge elle à ta gamine ?

— Cinq ans. Mais...

— Cinq ans ! Et tu n'as pas daigné en parler avant de me sauter ? Finalement, tu as réussi. Tu voulais me baiser dans les toilettes de l'aéroport, et c'est comme ça que je me sens, comme de la merde. Fous le camp. Ne m'adresse plus la parole du reste du séjour, ne me regarde même pas où je te jure qu'on ne retrouvera ton cadavre qu'au printemps.

— Mia.

— Dégage. »

J'entends ses pas s'éloigner, je retourne m'allonger pour enfin profiter de nourrir ma colère. « Cultive ton jardin » disait Voltaire. Je le cultive, ne t'inquiète pas pour ça. J'ai une pelle qui n'attend que je la prenne en main, l'engrais s'en vient.

Des coups frappés à ma porte me réveillent.

Qu'est-ce qu'il ne comprend pas ?

« Allo ma chum, c'est JC, tu dors encore ? »

Ma copine. Le restaurant. Ça me changera les idées, et au moins je ne le verrais pas.

« Salut JiCi », dis-je en lui ouvrant la porte. « Je m'étais rendormie.

— Toujours partante pour voir le resto ? » demande-t-elle en m'enlaçant.

« Absolument.

— T'es hot ! » dit-elle en tendant le poing, auquel je réponds, une moitié de manteau enfilé.

Je regarde les vêtements de ma copine, elle a mis une robe et des bottes, une veste en jean avec doublure style laine de mouton.

« Ça s'est réchauffé ? Il fait combien dehors ?

— -5° environ. On est bien.

— Tu te mets souvent en robe comme ça ? Tu vas attraper froid.

— T'inquiète. Je vous la ramène pour le dîner ! » lance-t-elle avant de sortir.

Le dîner ? Bah. Passer toute la journée avec elle me changera les idées de toute façon, et si ça me permet d'éviter de voir ce connard de beau gosse marié.

« Ok, à tout à l'heure ! » répond Justine.

« À ce soir », la corrigé-je. « Heureusement que tu as des correcteurs », plaisantais-je.

« Ici, on dîne le midi et on soupe le soir.

— Au temps pour moi », dis-je les joues cramoisies, avant d'enfiler mes bottes et de suivre JiCi.

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant