Chapitre 26

223 30 0
                                    

Mia


Ma sœur se marie aujourd'hui.

Je ne suis pas très mariage... Je sais, ce n'est pas bien. C'est une journée de réjouissance pour commémorer l'amour entre deux personnes, quel que soit le sexe, même si, dans moins de cinq ans, un grand pourcentage auront divorcé. À notre époque, est-il encore nécessaire de se marier pour se prouver son amour ? Non, nous nous marions pour des considérations purement contractuelles en vue du divorce à venir ou de protéger les acquit des vautours de la belle-famille en cas de décès. C'est tout.

Oui, c'est l'occasion de faire la fête, de célébrer, de se pavaner dans une belle robe que l'on ne portera plus jamais après ce jour mémorable. De susciter l'envie des convives, par cet étalage de boissons, de nourriture, de cadeaux. De voir tous ces faux-culs souhaiter leurs vœux de bonheur, alors qu'ils n'en pensent pas un mot. De s'endetter pour un jour qui ne durera probablement pas très longtemps. Quel calvaire ! Je veux dire « tous mes vœux de bonheur ! ». Je ne suis pas cynique par jalousie, je me marierai probablement aussi, dans une belle robe de princesse parce que c'est ce que la société attend de moi, en tant que femme. L'avantage que j'ai par rapport aux autres, c'est que moi, ma robe ne me coûtera que les heures que je passerai à la créer.

Même si la robe est un cadeau, je sais qu'elle se sent redevable et qu'elle culpabilise, ne pouvant pas rembourser la dette qu'elle s'estime avoir envers moi. La seule qui ait une dette entre nous, c'est moi. Son amitié m'a sortie de ma bulle, sans elle je serais toujours la petite introvertie avec ses petits poneys. Qui sait où je serais rendue aujourd'hui ? Dans une secte ? Et soyons réalistes, elle me fait rire en me mettant dans toutes sortes de situations dans ses romans. C'est suffisant pour moi.

Je suis dans la chambre de ma Juju en train de la regarder mettre sa robe, les derniers ajustements terminés. J'ai un pincement au cœur. J'ai déjà eu le cœur brisé lorsqu'elle m'a quitté pour venir s'installer au Québec, et là c'est simplement la confirmation que son départ est définitif. Je la verrais moins souvent. Je retiens difficilement une larme, mais elle s'en va rejoindre celles que je viens de laisser s'échapper.

Je souris en la regardant, mais mon maquillage me trahit.

« Oh mon amour. Ne pleure pas », me supplie Justine.

« Je ne pleure pas Juju, je suis heureuse », mens-je lamentablement, sachant que je ne trompe personne.

« Dis-moi tout. Tu as peur que je m'éloigne de toi ? Tu sais que c'est impossible. Tu es en moi à jamais Mia. Sans toi, je ne serais pas. Tu es plus précieuse, pour moi, que je ne peux l'exprimer. Je t'aime, je t'aimerai à jamais. Tu es la femme de ma vie, ne l'oublies jamais.

— C'est difficile sans toi », pleurnichais-je.

Je suis lamentable de m'apitoyer sur mon sort, au lieu de célébrer la plus belle journée de la vie de ma meilleure amie.

« Je suis désolé Mia. Si Julian pouvait venir s'installer en France, ce serait l'idéal, mais JC ne le supporterait pas. Et tu l'imagines en France ? Elle ne tiendrait pas une journée à Paris sans se mettre à tirer sur tout le monde. »

J'éclate de rire en l'imaginant, les yeux ronds devant ces Parisiens impatients, indisciplinés.

« Ce serait drôle quand même. »

Je réfléchis quelques secondes pendant que je l'aide en plaçant son voile.

« Mais je reviendrais dans quelques mois, pour lui apporter sa robe, ça m'étonnerait qu'elle se déplace. Ce sera l'occasion de voir la région sous une autre saison.

— Ma maison est la tienne, tu le sais. Viens quand tu veux. Tu es ma famille Mia, ma soeur de sang. Qu'est-ce que tu en penses ? » demande-t-elle en tournant sur elle-même.

Elle est simplement magnifique. Elle est telle que je la voyais quand je l'ai conçue.

« Tu es ma plus belle création Justine », dis-je, sachant qu'elle comprend le double sens. « La robe ne fait qu'un avec toi. Comment la trouves-tu ? Le résultat final te plaît ?

— Mia, je suis comblée. Prends-nous en photo ! Ta robe me rend... délicieuse. J'adore la dentelle dans le dos, elle donne l'impression d'être... des ailes.

— Les ailes d'un ange.

— Ce côté vintage années 20 est sublime, je l'adore. Elle est fluide, tout simplement parfaite. »

Nous faisons plusieurs selfies, ces photographies iront meubler le mur de ma chambre à côté de toutes nos photos depuis les vingt dernières années. Celle du photographe ira sur mon site, je pourrais me trouver une nouvelle clientèle, bien que ce modèle sera le seul.

« Je vais voir si tout le monde est arrivé », dis-je en lui apportant un verre d'eau.

Sortant de la chambre, ma libido grimpe immédiatement dans la stratosphère. Mike est à deux mètres de la porte et me regarde, souriant. Dans son costume gris et sa chemise bleue, il est... beau, véritablement beau, viscéralement beau même.

« Salut ! » dis-je simplement. Je ne peux rien ajouter de plus, sinon de refermer ma bouche avant de me mettre à baver.

« Salut toi », me répond-il en souriant. « Tu es divine, dans ta robe. C'est une de tes créations ? »

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot.

« Tu es magnifique. Pas seulement dans cette robe, mais dans ce que tu laisses paraître dans tes yeux. Tu es belle Mia, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. »

Putain ! C'est quoi cette déclaration, là, maintenant ?! Il est con où il le fait exprès ?

____________________

Un vote = un encouragement, merci d'avance pour les étoiles.

Myka

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant