Chapitre 20

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Mia


J'ai encore du mal avec le décalage horaire, mais c'est moins pire. L'aube se lève et j'aime la teinte que prend le ciel à ce moment-là, surtout dans ce pays, avec ce paysage. Je regarde le jour naissant à travers la baie vitrée tout en descendant les escaliers. Pour ne pas me vautrer lamentablement, je baisse les yeux pour regarder où je pose mes pieds.

Qu'est-ce qu'il fout là, lui ?

Le putain de beau gosse est affalé dans le canapé, en train de dormir, un livre entre les mains. Je m'approche, et je reconnais les titres sur la table basse. Les livres de Justine.

Je souris malgré moi.

J'essaye de faire le moins de bruit possible en préparant du thé et du café. Des bruits de pas me font sortir de la cuisine en courant, mes chaussettes glissent littéralement sur le plancher. Je vois un mur se rapprocher et m'y agrippe de justesse. Je pose mon doigt sur ma bouche en montrant le canapé. Justine sourit et me fait un clin d'œil. D'un signe de la main, je lui montre ce qui a tenu éveillé le putain de marié. Justine sourit de plus belle.

Nous chuchotons aussi discrètement que possible.

« Bonjour Mia. »

La façon dont il a prononcé mon prénom électrise la pièce.

Son regard descend sur mes lèvres alors que je les lèche suite à ma gorgée de thé. La tension est palpable.

« Bonjour Justine.

— Bonjour Mike. Nuit difficile ?

— Lecture intéressante plutôt. Ce n'est pas du tout ce que j'imaginais, bien que certains passages soient... enlevants. J'ai surtout été intrigué par le nom de l'auteure.

— Ah oui ? » disent-elles en même temps, intéressées.

« Oui. Cet emoji stylisé, qui ressemble beaucoup à un e. L'anagramme m'a immédiatement sauté aux yeux.

— Plutôt doué », reconnaît Justine. « Et ça donne quoi ?

— Vous deux. J'avoue que je ne connais pas Mia, comme tu la connais, mais certains traits, certaines expressions, son comportement... je l'ai reconnu dans les deux livres que j'ai lus. C'est pas mal, pas mal du tout. »

La température de mon corps vient de grimper subitement. Justine ne m'aide pas en me donnant des coups de coude peu discrets. Je déverrouille mon téléphone, et vais sur mon site internet. Je navigue jusqu'à trouver la page que je cherchais.

« Pour ta fille. Regarde le modèle qui lui plairait, je te la ferai. Si tu préfères, je peux en faire une pour ta femme. Donne-moi juste leurs tailles.

— Je ne suis pas marié, Mia. Je suis célibataire. Je n'ai pas d'enfants, enfin pas à moi. Je n'ai jamais conçu d'enfant. »

Je manque de lâcher ma tasse, la rattrape de justesse, renversant du thé partout.

« Mais... Je croyais que... Mais hier, Justine a parlé de ta femme et ta fille. Justine ?

— C'est une blague entre nous, de mauvais goûts j'en ai conscience maintenant », explique Justine, gênée.

« Tu... n'es pas marié ? Tu n'as pas de femme ni d'enfant ?

— Non... Disons que j'avais rencontré une fille sympa, on est resté ensemble quelques semaines avant que je ne découvre qu'elle était enceinte avant que nous soyons ensemble. Nous nous sommes séparés. Quelques mois plus tard, un soir, je reçois un appel de l'hôpital, l'accouchement était difficile et elle avait donné mon nom au médecin. J'ai eu pitié, j'y suis allé. J'ai subi les regards réprobateurs des infirmières, de ne pas avoir été présent plus tôt. Depuis cinq ans, cette mytho m'a inclus dans sa vie et celle de sa fille. »

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant