Mia
6 mois plus tard
La musique change, signe que c'est à mon tour de monter sur scène. Je suis un peu nerveuse, mais tous les modèles m'encouragent en frappant dans leurs mains. Je prends une grande inspiration et monte les trois marches avant de passer les rideaux. Un projecteur se fixe sur moi et ne me lâche pas. J'ai quasiment envie de partir en courant en zigzag pour voir s'il arrive à me suivre, mais n'en fait rien bien que ce soit tentant. Je m'avance jusqu'au milieu du catwalk sous les applaudissements. Les mannequins me suivent, sur deux lignes. Je m'avance jusqu'au trois quarts avant de m'incliner et de saluer les spectateurs. Justine me sourit, les larmes aux yeux. L'annonceur prononce alors mon nom, me faisant rougir, ce qui ne fait qu'accroître les applaudissements.
« Mesdames et Messieurs, Mia Stone ! Ladies and Gentlemen, Mia Stone ! »
Je devine des mains me taper dans le dos, mais je ne ressens plus rien, je ne fais qu'une avec la foule.
« Mia Stone ! » continue l'autre au micro, histoire de me mettre encore plus mal à l'aise.
Un micro apparaît dans ma main, arrivé je ne sais comment.
Je n'ai pas le choix, il faut que je parle.
« Merci ! Thank you ! C'est l'accomplissement de longues heures de travail, mais quand on fait ce que l'on aime, est-ce du travail ? Non ce sont des heures de plaisir. Merci d'avoir aimé ce que je vous ai présenté. Merci. This is the result of many many hours of work, but when we do what we love, is it really work ? No, it was hours of pleasure. Thank you for loving what I've presented. Thank you. Merci, Rhapso », dis-je en embrassant mon pouce, poing fermé avant de le tendre vers le plafond.
« Mia Stone ! » lance une dernière fois l'autre au micro, avant que les projecteurs se lancent dans un rythme de club.
Mon moment est terminé, je peux retourner en coulisse et m'effondrer.
C'est ce que je croyais, naïvement.
Ça déboule de tous les côtés. On me bouscule, on me félicite à droite et à gauche. J'ai peur d'un seul coup. Je me sens vidé. J'ai donné tout ce que j'avais depuis Noël et je sens que toute mon énergie s'est évaporée. Justine arrive à me rejoindre et m'enlace, en pleurant.
« C'était magnifique mon cœur. Je suis si fière de toi.
— Merci, mon amour. Je suis si heureuse. »
Un organisateur s'approche, par réflexe je m'écarte, laissant Justine sur le devant.
« Non, c'est pour toi Mia. C'est moi qui suis dans l'ombre aujourd'hui.
— Mademoiselle Stone. Les journalistes vous attendent.
— Bien. J'arrive. Tu restes dans le coin ? » demandais-je à Juju, inquiète.
« Évidemment. Je vais aller te faire un peu de promo devant les journalistes moi aussi.
— N'en rajoute pas trop !
— Tu me connais.
— Justement ! » dis-je en riant, en suivant l'organisateur.
Je m'installe à une table, devant un parterre de micro et de caméra. Je n'ai aucune idée de comment cela fonctionne, alors j'y vais au feeling.
« Bonjour », dis-je en regardant un peu tout le monde. Puis indiquant une direction en voyant une main levée.
« Bonjour, Rachel Campbell, La Presse Mode. »
Je pose mes coudes sur la table, plaçant mon visage sur mes paumes en coupe.
« Bonjour, Rachel, j'adore votre magazine. Je peux vous appeler Rachel ? » La journaliste hoche la tête en me souriant. « Merci. Je vous lis depuis... pffff... longtemps. Et vous êtes là aujourd'hui... whoa... Ça alors, Rachel Campbell ! C'est quelque chose. Ça me fait quelque chose. Je suis vraiment contente de vous rencontrer. Je me souviens de votre article sur... Oh, excusez-moi » dis-je en posant ma main sur le micro quand l'organisateur se penche pour me parler. « Oh, pardon, oui, bien sûr », murmurais-je en rougissant. « Il paraît que c'est vous qui devez me poser des questions, et non l'inverse. »
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Même pas en rêve !
ChickLitMia s'envole pour le Québec assister au mariage de sa meilleure amie. Cela pourrait être un beau voyage si Mia aimait prendre l'avion et si son voyage se passait l'été ou à l'automne. Mais non, Justine veut se marier à Noël. Quelle idée ! Le froid...