Chapitre 47

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Mia


Mon banquier quitte à peine mon bureau que je m'effondre dans mon siège.

Il était si rouge en arrivant que j'ai cru qu'il allait s'étouffer. Je n'avais pas prévu de recevoir un virement, je m'attendais à un chèque de la part de Monsieur Verdier. Il a tenu parole, bien avant le délai de quinze jours. Le virement a fait sauter les alertes de mouvements bancaires. Je n'ai jamais été dans le rouge, mon compte a toujours été approvisionné, mais il est clair qu'un virement de 650 000 ça paraît. Ce matin, dès l'ouverture, un livreur a apporté des fleurs, je croyais que c'était pour Sylvie, qui se marie prochainement, mais qu'elle fut ma surprise de constater que c'était pour moi, et que ce n'était pas de Mike.

« Vous êtes une adversaire redoutable. Merci de m'avoir ramené les pieds sur terre. »

La surprise suivante fut l'annonce du montant versé sur mon compte, raison de la présence de mon énervé de banquier, 50 000 de plus que ce qui était prévu.

« Bon Dieu ! » me suis-je écrié quand mon banquier m'a annoncé la somme, se proposant pour des conseils financiers, de placements.

Je l'ai remercié, l'assurant que je continuerai de faire affaire avec eux. C'est ma banque depuis que je suis en âge d'avoir un compte, et cette succursale depuis que j'ai ma boutique, il n'y a pas de raison que je cesse de traiter avec eux.

Je prends mon souffle, avant de crier « SIX... CENT... CINQUANTE... MILLE ! oh mon dieu. » Mon équipe se précipite en m'entendant crier.

« Ça va Mia ? » s'inquiète Sylvie. Je regarde son ventre qui s'arrondit, et elle qui porte inconsciemment sa main dessus. L'instinct protecteur de la maman.

« Oui, les filles, ça va. Ça va même très bien aller pour nous. Vous allez m'aider, cherchez un nouvel endroit pour Mia Mode, quelque chose de grand, de bien situé, qui soit pratique d'accès pour les livreurs et surtout pour nous toutes. Bref, l'endroit parfait pour nous.

— Oui Boss », disent-elles toutes en même temps en souriant.

« Ah, aussi des espaces de bureaux, pas seulement une aire ouverte, nous allons nous agrandir !

— Ça marche Boss ! »

Sylvie est la dernière à quitter le bureau, en me faisant un clin d'œil.

« Sylvie, attends. Je voudrais revoir la réorganisation et j'aimerais t'avoir avec moi, dans les bureaux. Enfin, jusqu'à... » dis-je en montrant son ventre. « Je n'ai pas encore de titre en tête, mais... tu en penses quoi ? Bien entendu, attends-toi à payer un peu plus d'impôts, vu que ton salaire ne sera plus le même.

— Merci, Mia », pleure-t-elle en m'enlaçant.

« De rien ma puce. Tu es avec moi depuis le premier jour quasiment. Il est normal que je m'occupe un peu de toi, depuis le temps que tu me supportes. Allez-file, j'ai des appels à passer et ferme la porte. Si vous entendez crier, c'est normal », dis-je en souriant, en lui faisant un clin d'œil.

Étonnamment, alors que je clique sur son nom, je m'aperçois que je n'appelle pas Justine en premier, ni Mike, mais Rachel.

« Bonjour, Mia, tu vas bien ? Je n'ai pas beaucoup de temps, je prépare ma valise pour partir à New York pour le travail.

— Je voulais te remercier Rachel, pour ton aide. Je viens de recevoir le paiement de Monsieur Verdier.

— Il a fait vite. Il était conscient qu'il ne pouvait pas lutter, les preuves étaient flagrantes.

— Tu me contactes à ton retour ? Je t'invite au restaurant. Tu choisis, je paye.

— D'accord. Je t'embrasse Mia, à bientôt.

— À bientôt. »

Une chose de faite, à l'autre. J'hésite, puis compose son numéro. Il décroche à la première sonnerie.

« Mia ? Que se passe-t-il ? » demande-t-il, inquiet.

« Rien. Je ne peux pas t'appeler, comme ça, sans raison ?

— Si, bien entendu.

— Je voulais te remercier Mike. Pour tout, ton aide l'autre jour à l'hôtel, ton support.

— Ce n'est rien, n'importe qui l'aurait fait.

— Mais c'est toi, qui l'a fait. Toi. Aussi, c'est toi que je remercie. J'ai une dette envers toi. Monsieur Verdier vient de virer l'argent.

— Bien. Je suis content. Fais-en bon usage, utilise-le pour t'agrandir, c'était ton projet, non ? Enfin, ce que tu m'avais dit à l'aéroport quand... nous étions bloqués. »

Quand tu voulais me sauter dans les WC !

« Non ! Mia, je sais à quoi tu penses, je n'avais pas envie de te sauter dans les toilettes.

— Mais tu avais envie de me sauter, admets-le. »

Je l'entends inspirer.

« Que veux-tu que je te dise. Tu étais tellement magnifique dans ton pull de Noël et encore plus avec ton tee-shirt en salopette de lutin. Bien sûr que j'avais envie de toi, mais pas dans les toilettes. Le salon VIP par contre...

— Mike ! » dis-je faussement outrée, en rougissant.

« Je suis sincèrement content pour toi Mia, ça va te permettre de lancer la phase d'expansion de ton entreprise, de recruter. De nouvelles opportunités s'annoncent pour toi. J'ai hâte de voir des actrices porter tes créations sur les tapis rouges et dire « Je porte du Mia Stone ».

— Mike ? On peut se parler via Visio ? »

Je n'attends pas sa réponse et l'appelle.

« Salut ! Oh, tu es en voiture, désolée.

— Tu es sûr que ça va ? Tu as les yeux rouges. »

Je prends une profonde inspiration, afin de pouvoir parler d'une traite, ce que j'ai à lui dire ne pouvant sortir que d'un bloc. La moindre interruption pourrait me faire perdre le fil de ma pensée, et ce serait le comble pour une couturière de perdre le fil. Je rigole intérieurement de ma propre blague.

« Écoute-moi, sans m'interrompre, s'il te plaît. Quand je t'écoute parler de moi, j'ai l'impression que tu parles de quelqu'un d'autre, comme d'une image que tu as idéalisée. Peut-être que l'on t'a vendu une image de moi tronquée, Justine m'a mise sur un piédestal, mais ce n'est pas celle que je suis. J'ai beaucoup de défauts, énormément même. Je suis anxieuse, colérique parfois. Je ne suis pas aussi forte qu'elle aime le dire. Je ne suis pas parfaite, Mike, loin de là.

— Je ne veux pas d'une femme parfaite », me coupe-t-il d'une voix douce, malgré mon interdit. « Je veux la femme parfaite pour moi, et cette femme, c'est toi, Mia. Je le sais ici », affirme-t-il en pointant sa tête, ici, en pointant son cœur et ici, en pointant son ventre. « Le manque de toi est terrible ici », dit-il en pointant à nouveau son ventre, « c'est une sensation désagréable.

— Mike...

— Donne-toi le temps d'écouter ton cœur, ta tête, ton corps. Je ne te brusque pas, ne te force pas. Je t'attendrai le temps qu'il faudra. Je t'attends parce que tu en vaux la peine. »

Je soupire en posant un coude sur mon bureau et en calant ma joue dans la paume de ma main.

« D'accord. »

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Myka

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant