Chapitre 19

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Mike


Au travers de nos conversations de gars, entre sport et histoires de travail, j'écoute ce qui nous parvient du côté féminin.

Je tique, et ne suis pas le seul, à l'évocation des sentiments de l'elfe à mon égard. Même Enrick réussit à baisser le volume pour ne pas qu'elles nous entendent.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Mia », me demande Julian.

« C'est à cause de JC ? » en rajoute Enrick. « Elle est très... Borné, je ne vous apprends rien, et quand elle se met une idée dans la tête, rien ne l'arrête.

— Si seulement. JC ou Justine, cela aurait été gérable. Mais ce matin, quand nous sommes rentrés du Outlet, Mia a entendu Justine dire que Kristina avait appelé et que je n'oublie pas de ramener un cadeau pour la petite.

— Tu ne lui as pas expliqué qui est Kristina ?

— Je n'ai pas pu, je n'en ai jamais eu l'occasion. Justine a utilisé les termes « ta femme a appelé ». Donc, depuis, impossible de parler à Mia. Elle m'a clairement fait comprendre de ne pas la regarder, de ne pas la croiser, de ne pas lui parler, sinon elle me fait la peau. C'est les trois petits singes version Le parrain.

— Voyons ! » s'exclame Julian. « C'est une blague de Justine, tu sais qu'elle t'agace toujours là-dessus. Je vais lui dire, elle expliquera tout à Mia. Regarde-là, mon frère. Regarde comme elle est magnifique, comme elles sont magnifiques toutes les trois. Mia a un pouvoir magique. Regarde ce qu'elle a fait à JC en quelques heures. As-tu déjà vu notre sœur être aussi... fille ? Et Justine. Elle rayonne de bonheur, elle qui semblait si triste par moment ces dernières semaines. Il ne faut pas que tu la perdes. »

Mon elfe.

« Je vais te dire un truc. Je me marie dans deux jours et bien que je sois au courant du profond lien qui les unit, je ne les comprends pas toujours. Elles sont plus proches l'une de l'autre que nous le sommes nous-mêmes, et pourtant nous sommes super proches. Elles sont... je ne sais pas. Tu sais que Justine a un tatouage ? Deux petits cœurs enlacés dans le bas du dos.

— Mia aussi. Je l'ai remarqué à un moment quand elle s'est penchée et que son tee-shirt a légèrement monté », dis-je en me justifiant devant le regard de mon frère et de mon presque beau-frère.

« Tu ne l'as peut-être pas remarqué, à moins d'avoir le nez dessus, dans un des cœurs du tatouage de Justine, il y a le nom de Mia. Je suppose donc que celui de Justine doit être dans un des cœurs du tatouage de Mia.

— Eh bien, si ça s'arrange entre vous, tu pourras nous le confirmer », murmure Enrick. « Moi, je vais surveiller JC, que je ne la trouve pas avec un tatouage et le nom de Mia dedans », éclate-t-il de rire faisant sursauter tout le monde. « Bon, ce n'est pas tout ça, mais la journée a été longue. »

Je regarde Enrick se lever et rejoindre le coin des femmes. Julian, compatissant, reste avec moi, souriant à Justine. Je me sens de trop, aussi je ferme mon manteau avant de descendre du patio et de m'enfoncer dans la forêt, en suivant le sentier illuminé.

À mon retour, tout le monde est parti. J'entends le lave-vaisselle tourner. Je n'ai pas envie de monter me coucher, cela me forcerait à me tenir devant la porte de Mia. Je fais le tour du chalet avant de m'arrêter devant la bibliothèque. Mon frère n'ayant, comme moi, jamais été très porté sur la lecture, je devine qu'il s'agit des livres de Justine. Je passe sur des titres, je reconnais des classiques de la littérature française, des auteurs dont j'ai entendu parler, et beaucoup dont je n'ai absolument jamais entendu parler. Je repère les livres portant le pseudonyme de Justine « I am injust », titre aussi de son premier roman. Je prends les premiers tomes et vais m'installer sur le divan. Je commence à lire, ne m'attendant à rien, ayant surtout beaucoup de préjugés sur ce genre de littérature. Au bout de quelques pages, je pose le livre, intrigué. L'histoire démarre bien, je ne sais pas à quoi je m'attendais, peut-être une scène érotique dès le début où le personnage principal se dévêtit. Mais non. Rien de ça durant les premiers chapitres. Il y est question d'une orpheline qui en a bavé dans sa vie, qui ne trouve pas de travail dans son domaine et qui trime comme caissière dans un magasin. Il y a du sentiment, de la tristesse. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Je pose le livre sur ma jambe et je regarde les couvertures quand quelque chose saute à mes yeux. L'emoji stylisé placé après le nom de l'auteur ne se répète pas dans le titre du premier livre. L'emoji est un indice. Je regarde fixement la couverture quand je comprends. Une anagramme !

Curieux, je me replonge dans la lecture, puis entame la lecture du deuxième livre, le sourire aux lèvres.

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Myka

Même pas en rêve !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant