Mia
Je n'arrête pas de me repasser cette image. La petite tend les bras pour monter à mon niveau. Elle passe ses bras autour du cou et m'embrasse. « Mia », murmure-t-elle à mon oreille. « Je serai gentille, promis ». Puis reprenant une voix normale, « au revoir, à bientôt Mia. »
Elle est absolument consciente qu'elle nous manipule. Mais c'était quoi ce « je serais gentille, promis », qu'est-ce qu'elle voulait dire ? En fait, je sais très bien ce qu'elle voulait dire, vu qu'elle a annoncé la couleur dès le début. Elle cherche à caser son tonton Mike, et elle trouve que je fais l'affaire. Qu'est-ce qu'elle est belle cette gamine. Je comprends mieux pourquoi Mike n'a jamais pu couper les ponts avec elle. Je me demande si elle tient de sa mère. Si c'est le cas, quel gâchis ! Elle n'a qu'un défaut, mais de taille. Et ce défaut va causer bien des soucis à Mike. Plus elle grandira, pire elle sera. J'espère qu'il en a conscience, car il risque d'en passer des nuits blanches quand elle sera en âge de sortir. Mais qu'est-ce qu'elle est belle ! Et ses yeux, ouf. Un futur mannequin, voire une actrice vu la facilité qu'elle a à mentir et à jouer avec les émotions des autres.
J'arrive chez moi et me dirige sans perdre de temps dans ma chambre, dans mon placard, je sors de vieux cartons à dessins, des boîtes de rangements. Attendrie, je regarde mes dessins, me souviens que je les signais avec mon écriture d'enfant, avec mon âge et la date.
« S'il te plaît, Rhapso, s'il te plaît », murmurais-je en quasi transe, alors que je fouille à travers des années de dessins. Je me redresse d'un coup, répandant une boîte au sol, son contenu s'éparpille partout.
J'attrape mon sac à main, mes clés de voiture et quitte l'appartement. Je cours presque, enfin je marche vite, jusqu'à ma voiture avant de me glisser dedans. Je démarre, déboîte sans regarder, me faisant klaxonner et je me dirige vers le seul endroit où sont stockés mes dessins et idées de création. Chez mes parents.
« Salut, c'est moi », dis-je lorsque mon père décroche.
« Mia ? Ça va ?
— Oui. Vous êtes à la maison ce soir ? Je suis sur la route.
— Oui bien sûr. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— J'ai besoin d'une raison pour venir voir mes parents ?
— Non, bien sûr. As-tu mangé ?... D'accord », dit-il en répondant à ma mère. « Tu veux que ta mère te prépare un petit quelque chose rapide ?
— D'accord papa. Tu remercies maman pour moi. Je cherche de vieux croquis, ils sont toujours dans ma chambre ?
— Oui, bien rangé dans ton placard. Ta mère appelle ça « La voûte ».
— Génial ! Je ne serais pas bien longue. À tout à l'heure papa. Bisous. »
Je coupe la conversation et me concentre sur la route, essayant de ne pas trop m'exciter. Je sens la victoire au bout de mes doigts.
« Merci Rhapso », murmurais-je.
Je me gare devant la maison de mon enfance, m'éjectant à une vitesse étonnante de ma voiture.
Je marche vite jusqu'à la porte et sonne, je trépigne, me retenant de sonner une deuxième fois.
Mon père m'ouvre, souriant. Je vais devoir faire un peu de social. Ma mère apporte un plateau qu'elle pose à ma place sur la table à dîner.
Un truc rapide ?... il y a à manger pour une colonie de vacances !
Je grignote un peu puis m'aperçois que j'ai vraiment faim. J'échange des banalités, je mens un peu, beaucoup, expliquant que je cherche différents croquis faits durant l'enfance, mes anciennes factures de « Mimi Couture », un peu de tout, pour un portrait que veut faire une revue de mode américaine. Je sais j'en ai mis beaucoup, afin de mieux justifier mon urgence.
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Même pas en rêve !
Chick-LitMia s'envole pour le Québec assister au mariage de sa meilleure amie. Cela pourrait être un beau voyage si Mia aimait prendre l'avion et si son voyage se passait l'été ou à l'automne. Mais non, Justine veut se marier à Noël. Quelle idée ! Le froid...