Mike
« Nous allons passer un long moment ici à mon avis. Peut-être pourrions-nous le rendre plus agréable ? » demandais-je, accroupi devant l'elfe.
« Si, pour vous, passer un moment agréable se réduit à vous en train de me sauter dans les toilettes ou sur la vanité, vous rêvez ! J'ai de quoi m'occuper, grâce à vous », dit-elle en brandissant son téléphone.
Du caractère ! J'aime ça.
« J'avoue que l'idée a rapidement traversé mon esprit, ne serait-ce que pour me montrer votre reconnaissance. Mais je pensais plutôt faire connaissance, discuter pour passer le temps. »
Ses yeux se plissent.
« Faire connaissance ? » me demande-t-elle, intriguée.
« Absolument.
— Pas de plan foireux impliquant que je me retrouve dans les toilettes avec vous ?
— Sauf si c'est ce que vous voulez, mais les toilettes c'est quand même minable, même pour un petit coup rapide », dis-je en souriant.
Je lui tends la main, elle me regarde, m'étudie en faisant une petite moue avec ses lèvres, avant de me la serrer en retour.
« Mia Stone.
— Enchanté. Mike River. Alors, que faites-vous dans la vie quand vous n'êtes pas coincée dans un aéroport ?
— Je suis styliste de mode. J'ai une boutique à Paris. Et vous ?
— Rien de bien excitant, je suis avocat en droit commercial. Parlez-moi de ce que vous faites.
— Depuis que je suis enfant, je dessine des vêtements. Je me suis mise ensuite à coudre des vêtements pour mes poupées, celles de mes amies. J'avais déjà mon petit commerce. En grandissant, j'ai continué à fabriquer mes vêtements, à prendre des commandes pour des amies. Ainsi, je me faisais un peu d'argent de poche. J'ai étudié dans le domaine, et à la fin de mes études, avec l'aide de ma famille, j'ai ouvert ma propre boutique. J'aurais pu entrer chez des couturiers établis, mais je voulais travailler sans stress, à mon rythme, sur mes créations.
— Être son propre boss. C'est une certaine liberté. Mais toutes les responsabilités, tous les risques sont pour vous. Avez-vous des employés ou travaillez-vous seule ?
— J'ai de moins en moins de monde qui vient dans la boutique, depuis mars 2020, sauf pour des demandes particulières, ou des retouches. Avant, nous n'étions que deux, mais comme pour de nombreux commerces, les commandes en ligne ont explosé avec la pandémie, alors j'ai commencé par recruter une, puis deux, puis trois personnes. Maintenant, quand je rentre dans la boutique, j'ai l'impression d'être dans une multinationale. Je vais bientôt regarder pour me trouver un plus grand local pour recruter plus de monde. La dépense n'est pas négligeable en elle-même. En m'agrandissant, j'ai conscience que je vais commencer à penser à recruter quelqu'un pour s'occuper de la comptabilité, car je n'ai plus le temps, voire même un conseiller juridique. Je suis bien loin de la boutique que j'ai ouverte et où je travaillais seule.
— Et... Vous avez des passions ?
— Pas vraiment. J'aime sortir entre amis, je ne suis jamais contre un mojito, mais avec mon gabarit, l'alcool agit rapidement. En réalité, si je ne suis pas dans ma boutique, je gribouille en essayant d'imaginer de nouveaux modèles. C'est presque triste, dit comme ça, non ? Ça donne l'impression que je n'ai pas de vie.
— Pas du tout. Vous créés pour votre plaisir et celui des autres. »
Voyant ses joues rosirent, je sais que mon compliment lui va droit au cœur.
Je ne la sauterai peut-être pas dans les toilettes, mais j'ai mes chances.
Finalement, nous discutons de tout et de rien, jusqu'à ce que nos vies réciproques se rappellent à nous via différentes sonneries sur nos téléphones. Chacun retourne alors dans sa bulle.
Ma conversation avec mon frère m'a sensiblement énervée. Comme si j'étais responsable des conditions météo. Déterminé à avoir l'heure juste sur notre situation, je fonce vers l'accueil et l'information des passagers. Je me doute que je ne suis pas le premier à lui poser la question, mais patiemment elle me répond devinant un sourire sincère sur son visage.
« Les déneigeuses sont sur les pistes et les saleuses les suivent. Je pense que tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici une heure ou deux. Si cela prend plus de temps, votre vol ne partira que demain, les vols étant interdits entre 23 heures et 5 heures.
— Merci pour l'information. Croisons les doigts », dis-je en espérant ne pas paraître excédé.
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Myka
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Même pas en rêve !
Literatura FemininaMia s'envole pour le Québec assister au mariage de sa meilleure amie. Cela pourrait être un beau voyage si Mia aimait prendre l'avion et si son voyage se passait l'été ou à l'automne. Mais non, Justine veut se marier à Noël. Quelle idée ! Le froid...