Chapitre 4

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Isabel sautillait partout, un sourire béat aux lèvres. La veille, Shadis avait convoqué Eva et les chefs d'escouades pour organiser une nouvelle expédition extra-muros. La voilà donc en ville afin de faire le plein de médicaments et de matériels médicales en prévisions. Cela aurait put être une balade tranquille mais c'était sans compter sur Shadis qui lui avait demandé de prendre les nouveaux avec elle afin de leur faire visiter la ville. Après de nombreuses protestations, elle finit par capituler comprenant qu'il ne changerait pas d'avis. Keith Shadis était le major du bataillon d'exploration, grand et ridé, les cernes autour de ses yeux noisettes le rendaient effrayant. Cette impression était renforcée par sa personnalité strict et sa voix forte.
À l'heure actuelle, Eva le maudissait face au mal de crâne qui menaçait de pointer le bout de son nez.

-Calme toi bordel, dit-elle en posant sa main gauche sur la tête d'Isabel pour qu'elle cesse de bouger.

Son regard menaçant calma la jeune fille qui n'arrêta pourtant pas de sourire. Furlan et Livai suivaient docilement derrière, le premier tout sourire face à la découverte d'une ville de la surface, et le second, fidèle à lui même, restait neutre.

-Au fait pourquoi on est là ? Questionna Isabel
-Pour refaire le stock de l'infirmerie.
-Pourtant je vous vois quasiment jamais là bas.
-J'y suis que si nécessaire, j'ai pas le droit de fumer dedans, fit Eva en grognant. Je commence à manquer de matos et on m'a ordonné de vous emmener avec moi.
-J'espère qu'on vous dérange pas trop, dit Furlan
-Si vous vous tenez tranquille et que vous faites ce que je vous dis ça devrait aller. C'est là, venez avec moi et touchez à rien.

Une petite clochette sonna à leur entrée et Eva se dirigea vers le vendeur. Livai parcourait les rayons d'un œil désintéressé pendant que Furlan suivait Isabel pour s'assurer qu'elle ne fasse rien tomber par inadvertance. Eva les interpella et leur donna tout un tas de sac à porter.

-Vous allez quand même pas faire porter tout ça à une infirme, dit-elle face au froncement de sourcils de Livai, aller les enfants on y va.
-On ne rentre pas ? Demanda Furlan
-Nan faut que je passe m'acheter des grains de café, j'en ai presque plus.

Sur le chemin ils passèrent devant une boutique de thé.

-T'en veux ? Demande-t-elle à Livai qui s'était arrêté devant.
-Ouais.
-Vas y on t'attend.
-J'ai pas d'argent.
-Si je te paie une boîte j'ai quoi en échange ?

Livai haussa les épaules.

-Tant pis pour toi.
-Ah ?! Ça t'amuse ? Demanda-t-il, passablement énervé.
-Absolument.
-Tch.

Et Eva reprit son chemin pendant que Livai l'insultait de tous les noms à voix basse, ce qui la fit sourire.

-Une prochaine fois, lui dit Furlan en posant une main sur l'épaule de son ami.

Peu après, Eva aperçu au loin deux soldats des brigades spéciales
Qu'est-ce qu'ils foutent si loin de la capitale ces cons.
Ils se dirigeaient vers eux, ils avaient parfaitement reconnus les trois anciens voyous et, en passant à côté d'eux, ils firent mine de ne pas les avoir remarqués.

-J'ai encore croisé un gamin des bas-fonds en discutant avec un soldat de la garnison. Ce déchet était tellement maigre qu'il était aussi léger qu'une plume, lui faire comprendre où était sa place était simple comme bonjour. Dit-il à son collègue qui ricana.

Livai s'était arrêté net, bousculant le soldat qui venait de parler.

-T'as un problème minus ? Dit celui-ci d'un ton menaçant.

Avant que Livai eu le temps de faire quoi que ce soit, Eva avait poser une main sur sa tête.

-Tiens tiens, si c'est pas nos chers protecteurs de la capitale, vous êtes bien loin du Roi, marre de lécher ses bottes et boire sa pisse ? Dit Eva avec un sourire innocent aux lèvres
-Mais c'est qu'elle a pas sa langue dans sa poche la boiteuse. Il avança d'un pas menaçant.
-Allons allons messieurs, vous allez quand même pas frapper une infirme, qui plus est médecin, en pleine rue. Fit-elle en montrant sa blouse.

Furlan et Isabel étaient légèrement en retrait, près à intervenir si besoin. Livai n'avait pas bouger d'un pouce, tout son corps tendu sous la colère et la tête baissée. Il n'était pas sûr de pouvoir se retenir s'il les regardait.

-Estime toi heureuse qu'on vous fasse rien aujourd'hui, on se reverra tu peux me croire.
-J'attends ça avec impatience.

Elle fit volte-face, forçant Livai à faire demi tour en passant son bras sur ses épaules.

-On y va les enfants, on a des choses à faire. On avance j'ai dit, insista-t-elle à l'oreille de Livai qui refusait de bouger.

Les deux soldats les fixèrent jusqu'à ce qu'ils tournent au coin de la rue.

-Allons acheter ce thé, dit finalement Eva.

Livai releva la tête surpris.

-Me regarde pas comme ça, j'ai juste pas envie que tu me tapes une crise en pleine rue.

Une fois les grains et le thé achetés, ils prirent la direction de la calèche qui les attendait pour rentrer quand Eva s'arrêta net. Furlan l'esquiva de justesse et la regarda dans l'incompréhension. Elle avait les yeux rivés vers le sol d'une petite ruelle. La médecin s'avançât doucement et s'accroupît tant bien que mal face à quelque chose. Un miaulement indiqua aux jeunes la nature de cet arrêt soudain. Un petit chat noir au pelage sale et hirsute se tenait là. Son regard était farouche et ses grands yeux verts reflétaient toute sa volonté de vivre. Ce chat lui ressemblait bien trop pour qu'elle passe son chemin.

-Bonjour, lui dit-elle.
-C'est moi ou elle est plus polie avec le chat qu'avec les humains ? Chuchota Isabel.

La chat gronda, les oreilles plaquées sur son crâne. Il était maigre et faible mais pourtant bien décidé à se défendre jusqu'au bout.

-T'as une sale gueule, continua Eva.

Le chat feula, comme vexé par cette remarque.

-En fait non, se découragea Isabel.

Eva approcha sa main du chat mais celui-ci la mordit. Elle ne réagit pas, se contentant de fixer intensément le félin. Ne voyant aucune défense de la part de l'humaine, le chat se calma petit à petit jusqu'à relâcher sa main, il la regarda alors dans les yeux et un échange silencieux se fît.

-Bien, dit Eva en se relevant tant bien que mal et en rejetant l'aide proposée par Isabel.

Elle attrapa le chat de sa main gauche (la droite étant prise par la canne) et le colla contre sa poitrine.

-On rentre
-Parce que tu vas le ramener là ?! S'indignât Livai
-Ben, c'est pas le premier animal errant que je récupère, répondit-elle en les regardant tous les trois de manière équivoque.

Sur ces mots, elle reprit le chemin direction la calèche.

-TROP BIEN, cria Isabel.
-Il va tout salir, marmonna Livai mécontent.

Furlan sourit et le trio se remit en route à la suite du médecin. Isabel de nouveau excitée comme une puce sautât tout autour d'Eva dans le but d'admirer le petit chat, et se fit de nouveau réprimander à coup de « ferme là bordel ».

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Eva préfère les animaux aux humains.
"Au moins eux ne passent pas leur temps à se plaindre pour un oui ou pour un non"

Par delà l'horizon // Livai x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant