Chapitre 6

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La pluie avait cessé mais le ciel restait gris et menaçant. La veille Eva avait eu un mal fou à dormir pour au final se réveiller un sueur 30 minutes plus tard. Il était désormais aux alentours de 9h30 et elle était tranquillement dans la cuisine à l'étage des supérieurs, en compagnie de Robert, en train de se faire un café. Du bruit à l'extérieur attira son attention. Elle se dirigea donc vers la fenêtre, pourtant fermée, et vit un attroupement sur le terrain d'entraînement.
Putain
Elle se massa les tempes, abandonna son café, et se dirigea vers la source de ce raffut, Robert sur ses talons.

-C'est quoi ce bordel encore ?

À son arrivée, le silence se fit. Livai était visiblement en train de se battre avec un autre soldat du nom de Zack, tout juste séparés par Furlan, qui s'efforçait de calmer Livai, et Mike Zacharias qui avait plaqué Zack au sol, celui-ci visiblement pas prêt à abandonner.
Mike était un chef d'escouade, grand et bien bâti, il abordait toujours une expression calme et sérieuse. Ses cheveux étaient blonds, séparés au milieu, et il avait une barbe et une moustache foncées. Son odorat remarquable lui permettait de repérer les titans à plusieurs centaines de mètres.
Eva jeta un regard à Zack puis à Livai, tout deux bien amochés. Elle souffla en se tenant l'arête du nez.

-Livai dans mon bureau et Zack à l'infirmerie, dit-elle en lançant un regard contrarié à Mike qui hocha la tête pour réponse.
-Ah ?! S'indignât Livai. Je sais même pas où est ton foutu bureau, cracha-t-il avant de reporter son attention vers son adversaire, prêt à y retourner au moindre mouvement de trop.

Tous l'avaient compris, il venait de faire une grave erreur. Personne ne parlait à Eva sur ce ton, encore moins en période de pluie et surtout en ne lui prêtant pas attention. Trop occupé par Zack, il ne vit pas le coup venir et se retrouva soudainement à terre sonné, dos sur le sol et le bout d'une canne sur le front.

-Reparle moi encore une fois sur ce ton jeune homme et je vais te faire regretter d'être monté à la surface.

Elle parcouru rapidement l'assemblée du regard afin de s'assurer que personne n'était assez stupide pour ajouter quoi que ce soit

-Robert va t'y conduire, tu as intérêt à y être quand je reviendrai de l'infirmerie. Tu peux marcher ducon ? Poursuivit-elle en s'adressant à Zack

Ce dernier, en voyant le sort qu'elle avait réservé à Livai, s'était calmé et hochait docilement la tête. Il était clairement le plus abîmé des deux et suivit la médecin sans faire d'histoires. Livai ne pût que la fusiller du regard avant de reporter son attention sur le chat qui l'attendait.

La jeune femme se dirigeait vers son bureau après s'être occupée du soldat, environ un quart d'heure était passé. En ouvrant la porte, elle eu le plaisir de constater que Livai était bien là, surveillé par Robert qui était assis sur le bureau. L'état de cette pièce révulsait le soldat mais il se retint de faire une quelconque remarque, sous demande express de Furlan qui avait dû le laisser devant le bureau. Son regard parlait pour lui cependant. Il était installé sur le canapé, devenu étrangement propre, les vêtements se trouvant au sol. Eva leva un sourcil puis haussa les épaules, elle n'était plus à un vêtement près recouvrant le parquet. Elle prit des compresses et du désinfectant avant de s'installer à côté de Livai.

-Enlève ton haut

Il fronça les sourcils

-Je suis médecin putain, je suis là pour te soigner pas pour baver sur tes abdos, dit-elle en levant les yeux au ciel. Et puis j'ai abandonné mon café pour ta connerie donc fais pas chier.

Livai s'exécutât en ronchonnant, ce qui la fit sourire.
Il est quand même bien foutu le con

-Tu vas avoir un joli bleu, dit-elle après avoir tâté les côtes de Livai, mais rien de cassé, et ton arcade sourcilière est à peine ouverte, pas besoin de recoudre.

Elle tapota l'arcade avec un bout de compresse imbibée de désinfectant.

-Bon tu vas me dire ce qu'il s'est passé ou t'es devenu muet ? Demanda-t-elle en se levant pour ranger le matériel.

Livai fixait le sol, la mâchoire et les poings serrés, pas décidé à parler pour un sous.
Quand il faut y aller...

-T'es bien mignon à jouer au caïd mais on est plus dans les bas-fonds, ici on règle pas tous les problèmes avec des meurtres alors le numéro du gamin rebelle tu peux te le fo...

Livai avait bondit du canapé et la plaqua contre la bibliothèque, faisant tomber quelques livres. Il la tenait par le col de sa blouse, son regard rempli de haine. Robert se leva d'un bond et feula, d'un regard Eva lui intima de ne pas bouger.

-FERME LÀ

Bah tu vois quand tu veux

-TU NE SAIS RIEN DE LA MANIÈRE DONT ON VIT EN BAS, ALORS FERME LÀ BORDEL

Il était à quelques centimètres à peine de son visage et si un regard pouvait tuer, elle serait sûrement déjà six pieds sous terre.

-Effectivement je ne sais rien, tout comme tu ne sais rien de la manière dont on vit ici. Le bataillon est un aperçu, c'est bien plus compliqué lorsqu'on rencontre des gens hauts placés et des putains de bourges.

Livai baissa la tête pour contenir sa colère.

-J'ignore complètement ce que vous avez vécu, et pour être honnête je m'en fous. Ce qui m'intéresse ce sont les vous d'aujourd'hui et non ceux d'hier. Je ne suis pas votre ennemie Livai, mais jpeux rien faire pour vous si tu continues à te comporter comme ça.

Il releva la tête et la fixa dans les yeux, l'hésitation dansait dans ses orbes d'acier. Il finit par la relâcher et retourna sur le canapé. Robert se détendit et Eva récupéra sa canne tombée au sol.

-Pas sympa de violenter une infirme, dit-elle avant de s'assoir à côté du jeune homme.

Il souffla et se laissa aller sur le canapé en regardant le plafond.

-On s'entraînait au corps à corps avec l'escouade du mec qui renifle. Eva retînt un gloussement. Isabel était contre ce batard, elle avait perdue mais il allait continuer à la frapper alors qu'elle était au sol. J'ai encaissé le coup à sa place et j'allais lui faire regretter d'être né sans l'intervention de Furlan. Vous êtes vraiment tous des connards au bataillon. Ça nous fait des grands discours sur la liberté mais vous nous chié dessus à la moindre occasion.
-Pour être honnête j'étais absolument contre votre venue.
-Ça s'est vu, grogna-t-il
Eva pouffa
-J'étais contre le fait de vous obliger à rentrer dans le bataillon d'exploration. C'est une branche que peu choisissent et à raison, le taux de mortalité y est élevé et vous avez une chance sur deux de revenir à chaque expédition. C'est une cause pour laquelle on se dévoue corps et âme, regarde moi, dans quel état ai-je fini ? J'ai donné mon corps et j'ai failli y perdre mon âme. Mais je ne regrette pas de m'être engagée pour autant. Je n'ai jamais cessé de chercher cette liberté, de voir toujours plus loin, par delà l'horizon.

Livai l'écoutait attentivement, les yeux d'Eva brillaient de nostalgie.

-Enfin bref, vous avez pas eu le choix et ça me fait chier. Conclût-elle en se levant. Tu devrais aller manger.

Elle était dos à lui, cachant son trop pleins d'émotions. Il fixa son dos un instant avant de partir sans un mot.

-Je suis bien bavarde aujourd'hui Robert.
-Meow, fit-il en se frottant à elle.

Par delà l'horizon // Livai x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant