Chapitre 4

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La route ne m'a pris que six heures. C'est sûr qu'il n'y a pas grand-chose à voir, si ce n'est le désert à perte de vue, c'est une route que l'on fait en solitaire, croisant ou dépassant occasionnellement des camions et ceux qui se dirigent vers l'unique intérêt de cette route, Sin City, la ville du péché, la ville de tous les possibles, avant de retomber dans le désert une fois traversé. Mon GPS m'indique des points d'intérêt, mais regardant à droite et à gauche, je ne vois rien, sinon la désolation.

Je passe d'abord voir la gélule, afin de me rendre compte de son état avant de prendre possession de mon nouveau chez-moi. Les fenêtres sont solidement barricadées, tout comme la porte, personne n'est entré depuis longtemps, ce qui me rassure un peu. Je ne prends pas de chance de forcer un panneau, au risque de le laisser ouvert, cela pouvait attendre le lendemain. Le plus important était la maison.

Il était près de seize heures, et je me rendais compte que l'action que j'étais en train de faire n'allait pas du tout passer inaperçue. J'étais là, un homme avec un pied-de-biche, en train d'arracher une planche pour entrer dans une maison. Je pouvais presque imaginer une ou deux voitures de police débouler dans peu de temps. Tout à coup, j'entendis un véhicule remonter l'allée et se garer.

« Je peux vous aider, Monsieur ? » demanda une voix bourrue.

Je ne détournai pas la tête de ma tâche, soulevant la planche pour la déposer sur le côté de la maison.

« Ça va aller, j'ai fini », dis-je en me retournant, en souriant. « C'est gentil de le proposer.

— Qu'est-ce que vous faites exactement ? » demanda l'adjoint du shérif, à en croire son insigne.

« Eh bien, je retire l'obstacle qui m'empêchait d'ouvrir la porte », dis-je en sortant la clé de ma poche, l'insérant dans la serrure et ouvrant la porte, me prenant une bonne bouffée d'air vicié et poussiéreux en plein visage.

Il est clair que je ne dormirai pas ici ce soir.

L'adjoint du shérif jeta un coup d'œil à l'intérieur de la maison, puis à moi, l'air interrogatif.

« Et vous êtes ?

— Chez moi. Je reprends la maison de mes grands-parents. Je reprends aussi le Diner, Paradise Alley. Daniel Morrisson », dis-je en tendant la main.

« Ah », répondit-il d'un ton légèrement surpris.

Loquace.

« En tout cas, je ne dormirai pas ici ce soir. Demain, je vais faire le tour, faire du bruit, de la poussière, vous pouvez rassurer mes voisins, je ne mords pas », dis-je en souriant.

« N'oubliez pas de demander un permis avant d'entamer des travaux, Monsieur Morrisson, sinon c'est une infraction », me rappela-t-il.

« Absolument. Je vais d'abord faire un état des lieux », répondis-je.

« Ravi de l'entendre », dit-il en reculant. « Bienvenue en ville, Monsieur Morrisson. »

L'accueil dans les petites villes, c'est toujours une expérience en soi.

Fouillant sur mon téléphone, je cherchais un magasin pour acheter des outils et des produits ménagers. Demain, j'allais avoir du travail, et il me fallait tout préparer. J'appelai vite fait mes parents, leur laissant un message avant de refermer à clé et d'aller explorer ma nouvelle ville et découvrir la faune locale. Bien que nous soyons à peine à un peu plus d'une heure de route de Las Vegas, il y avait deux casinos ici, avec une offre de jeux et d'animations énorme pour satisfaire tous les publics.

Ma cible, c'était un hôtel de taille raisonnable, pas un énorme complexe comme l'Empire State Building, mais pas non plus un endroit délabré comme après le passage d'étudiants pendant les vacances de printemps. En me basant sur les commentaires des clients de passage, je décidai de faire une pause dans un magasin pour acheter un pack de bière et meubler ma soirée.

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant