Chapitre 7

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Je fais mes mises en place quand je vois Layla garer son scooter à côté de mon pick-up, entrer et me sourire avec assurance. Ses cheveux sont lissés et attachés en une queue de cheval, et elle porte une chemise qui ressemble à un uniforme.

« Bonjour », chantonne-t-elle en s'installant sur un tabouret.

« Salut, tu as l'air en forme ! » dis-je en lui souriant.

« Ouais ! » confirme-t-elle en me montrant son téléphone. « Voilà ! Paradise Alley est en ligne. Et on a déjà des commentaires de clients qui sont passés ces deux derniers jours.

— Ah oui ? » demandais-je, intéressé, en prenant le téléphone qu'elle me tend. « La nourriture est bonne, mais le service est lent, car il n'y a qu'un employé ». Les commentaires du jour précédent contredisent le premier, « service rapide, efficace, énergique même ». Je regarde les autres sites qu'elle me montre avant de lui rendre son téléphone et de composer un message invitant tout le monde à venir passer un agréable moment. « C'est super, non ?

— Très, merci, Layla.

— Dites, pourquoi vous n'installez pas une terrasse devant ? Dans l'ancien temps, il y en avait une », dit-elle en me montrant de vieilles photographies en noir et blanc qu'elle a trouvées je ne sais où.

« Ah ? Ouais, c'est pas mal. Il y avait moins de voitures à l'époque, mais c'est une idée.

— C'est ce que je me suis dit aussi.

— Tu n'as pas passé toute la nuit sur ton téléphone, j'espère !

— Oh là là, on dirait ma mère ! Mais non, c'était vite fait.

— Tes parents sont d'accord pour que tu travailles ici ?

— Sûrement, ils travaillent dans des casinos, je ne les vois pas beaucoup, horaires de soir. Mais ils me font confiance.

— D'où tes sorties nocturnes...

— Daniel... s'il vous plaît, je me suis excusée », dit-elle en baissant la tête.

« C'est vrai. Alors, prête pour aujourd'hui ?

— Oui. Je ne pourrai pas rester jusqu'à la fermeture, par contre, j'ai un truc de prévu de longue date. C'est OK ?

— Absolument. À l'origine, je devais être tout seul, alors je ne me plains pas. »

Layla se lève et commence à préparer l'ouverture du restaurant. À nouveau, je l'observe travailler en chantonnant. Il ne lui fallait pas grand-chose, juste qu'on l'accepte. Continuer de la rejeter la conduirait vers la délinquance, voire à rejoindre le club de motos de Furya, le jour où elle conduira autre chose qu'un scooter. Elle me rejoint en cuisine, regarde ce que je fais, me demande de lui montrer. Et c'est elle qui s'occupe de la première commande alors que je sers. Je comprends que Layla a besoin de se sentir utile, qu'on lui fasse confiance, qu'on lui donne une chance de montrer ce dont elle est capable et d'accepter l'aide qu'elle propose.

Au cours de la journée, nous changeons de rôle, ce qui rend la fatigue moins présente et casse la routine. Tant elle que moi apprécions cette dynamique jusqu'à ce qu'elle m'annonce, à regret, qu'elle doit partir, mais qu'elle sera là le lendemain. J'allais sortir de l'argent quand, d'un geste, elle m'arrêta, avant de sortir en tenant la porte pour laisser entrer des clients, puis de me saluer. Il était dix-neuf heures. J'allais être seul pendant trois heures, me retrouvant en tête-à-tête avec moi-même. Passé vingt et une heures, l'affluence ralentit. J'en profite pour faire du ménage avant de m'arrêter en tombant sur un carnet que je n'avais jamais vu. En l'ouvrant, je comprends qu'il appartient à Layla, et il est bourré d'idées et de questions qu'elle a manifestement envie de me poser. Certaines sont personnelles, d'autres concernent le restaurant. Je note sa remarque que je trouve judicieuse, mais qui est irréalisable pour le moment : ouvrir plus tôt pour offrir des petits déjeuners et ajouter un menu petit déjeuner toute la journée.

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant