Chapitre 18

165 20 1
                                    

Quelques liasses servirent pour la gélule, pour couvrir les pertes dues à la fermeture, et pour me permettre d'engager du personnel. Très rapidement, Chloe confirma qu'elle n'était pas douée pour la cuisine, hormis les bases. Dès que cela demandait un minimum de cuisson, elle ratait la recette. Le service n'était pas non plus son fort, devoir gérer des clients impatients ou indécis ne lui convenait pas du tout, surtout avec des fourchettes et autres ustensiles pointus à portée de main. Alors, nous ouvrîmes une armurerie dans un local vacant à côté de la gélule, le seul genre de magasin où Chloe savait de quoi elle parlait, où elle se sentait à l'aise. Une partie de l'argent fut donnée à différentes associations, et nous ne gardâmes qu'une liasse de dix mille dollars pour les imprévus.

Depuis trois semaines, nous vivions une petite vie de couple et d'entrepreneurs, quasiment parfaite, partant et rentrant du travail ensemble. J'avais récupéré mon pick-up que les filles avaient abandonné sur le parking longue durée de l'aéroport. Tout allait pour le mieux. Chloe était de plus en plus affectueuse, et nous avions l'impression de vivre ensemble depuis des années. Furya et compagnie semblaient être sorties de nos vies, voire de nos souvenirs, jusqu'à cet appel téléphonique sur la ligne du restaurant.

« Daniel ? Quelqu'un voudrait te parler. »

Anna-Lisa.

« Daniel ? C'est... Tu me connais sous le nom de Layla. Je... » Anna-Lisa reprend le téléphone.

« Tu auras reconnu ma fausse sœur, Sara Diaz, celle qui te faisait complètement craquer. Je te comprends, elle est gentille et douce. Tout l'opposé de sa grande sœur, n'est-ce pas ?

— Qu'est-ce que tu veux, Anna-Lisa ? Je ne connais pas cette fille. J'ai connu une Layla pendant quelques jours, Sara, elle, m'est inconnue.

— Voyons, Dan. Tu vas briser son petit cœur. Je t'explique. Tu as quelque chose qui m'appartient, j'ai quelque chose que tu veux protéger.

— Tu arrives trop tard, Anna-Lisa, je ne l'ai plus. »

Un blanc, durant quelques secondes. Elle doit se demander si je bluffe ou si j'ai remis l'argent à la police. Avec mon côté boy-scout, elle n'en est pas sûre.

« Que veux-tu dire ? » demande-t-elle suspicieuse.

« J'ai donné cet argent. J'en ai fait don à différentes associations », répondis-je calmement.

— Cinq millions, tu as donné cinq millions ? Mais quel abruti ! » s'exclame-t-elle, surprise.

« Anna-Lisa, tu dois certainement pouvoir te faire plus avec la drogue, non ? » lançai-je avec un soupçon d'ironie.

« Je préfère le cash, et maintenant nous avons un problème, Daniel. Je veux cet argent, débrouille-toi comme tu veux, sinon ma petite sœur ne fêtera pas son prochain anniversaire. Je te laisse soixante-douze heures pour trouver une solution. Quand je te rappelle, tu ferais mieux d'avoir un plan », dit-elle d'un ton menaçant avant de raccrocher brutalement.

Je sors de mon bureau pour retrouver Chloe et lui faire part de l'appel.

« Il n'y a pas quarante-deux solutions, Daniel. Il n'y a qu'une façon de terminer cette affaire », analyse Chloe d'un ton sérieux.

Je ne réponds pas, sachant très bien ce qu'elle va dire. Nos regards se croisent, et je peux lire la détermination dans les yeux de Chloe.

« Anna-Lisa doit mourir, on ne peut pas la laisser faire du mal à Sara, elle est gentille cette fille, ça l'emmerdait de te mentir et de se retrouver impliquée dans cette affaire. Il faut la sortir de là », insiste Chloe avec détermination.

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant