Chapitre 11

180 22 0
                                    

La journée me laisse un goût amer en bouche. Je bricole le moteur de mon pick-up quand j'entends le moteur d'une voiture s'arrêter dans mon allée. Je me doute de qui il s'agit, mais je ne suis pas d'humeur.

« Nous avons rendez-vous, il me semble ?

— Je préfère causer dans un premier temps », dis-je en la fixant.

« Si tu n'as pas envie, je me barre », crache-t-elle rageusement.

« Si tu te barres, tu m'oublies. Tu ne remets plus les pieds dans mon resto. Tu me cherches et tu me trouveras sur ta route.

— De quoi veux-tu parler ?

— Est-ce que tu cherches à me baiser ?

— Dans quel sens ? » sourit-elle en s'approchant.

« Ne te fous pas de ma gueule. Pourquoi venir dans mon resto ce matin ?

— Tu me manquais.

— Ne te fous pas de ma gueule. »

Je la regarde me fixer avant de s'asseoir sur mon établi en soupirant.

« Pose tes questions.

— Parle-moi de toi.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je n'étais pas une petite fille modèle. Une Arabe que tout le monde regardait avec suspicion, arrêtée à répétition par les flics pour des contrôles d'identité. J'en ai eu marre, j'ai voulu me barrer et pour ça, il me fallait du fric. Alors, j'ai commencé à braquer des magasins, et puis c'est l'engrenage sans fin. »

Elle se fout de ma gueule en plus.

« Et toi, parle-moi de toi, Monsieur l'ex-militaire qui tue froidement sans sourciller et me baise à volonté sans protection.

— Pareil, enfance difficile, des sanctions disciplinaires à l'école. L'envoi en école militaire alors que mes parents me renient. Finalement, l'armée et le Moyen-Orient. J'ai rempilé plusieurs fois, n'ayant pas d'autre foyer, où l'on ne me demandait qu'une chose, tuer mes ennemis. Là, j'ai découvert mon type de femmes. »

Quitte à se mentir l'un et l'autre...

Furya me regarde en me souriant, me tendant la main.

« Viens, on va consoler nos vies de merde. »

Malgré le fait que je ne sache pas sur quel tableau elle joue, je suis complètement accro. Je suis incapable de lui résister. Son odeur m'enveloppe, m'enivre, me fait perdre la tête. Un désir illogique contre lequel je n'arrive pas à lutter, je me consume totalement en sa présence. Zohra m'embrasse avec une ferveur insensée, elle en est presque violente. Je lâche un cri rauque quand elle me griffe les épaules. Mon érection est douloureuse, et le seul moyen d'éteindre le brasier est de rejoindre la chaleur accueillante de ses cuisses. Nos bassins s'imbriquent parfaitement alors que je la remplis, ses mains se crispent sur mes reins alors que je m'enfonce en elle avec la sensation de ne faire qu'un, nous fusionnons dans des halètements. Je me retire à peine, le souffle court, que j'ai encore envie d'elle, incapable de me rassasier d'elle.

Enlacée dans mes bras, je caresse doucement son dos, appréciant cet instant de sincérité où elle ne ment pas, où elle est réellement en connexion avec moi.

« Si tu dois être honnête une seule fois dans ta vie, c'est maintenant », dis-je doucement. « Pourquoi es-tu venue ce soir ?

— Parce que je t'aime bien.

— Est-ce que tu vas me foutre dans la merde ?

— Non, je te protégerai.

— Le peux-tu ?

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant