Cover me with love

Épilogue

Alison repart précipitamment pour s'occuper de ses tâches d'investigation, nous laissant avec les nouvelles qu'elle vient de nous apporter.

« Je commence par la mauvaise nouvelle. Un appel anonyme vous désigne comme les responsables de la fusillade ayant causé la mort des filles.

— C'est quoi la bonne ?

— Qui a dit qu'il y a une bonne nouvelle, Dan ?

— S'il y a une mauvaise nouvelle, il y a...

— Une autre mauvaise mauvaise nouvelle ! » réplique Alison. « Prêt ? Henry Mitchell est vivant, il était au motel un peu plus tôt ce matin.

— C'est qui ? » demandais-je, ne le réalisant pas sur le coup.

« L'oncle d'Ellen, le Sheriff », répond Chloe. « Alejandro nous a baladés. Ali, tu peux lui retourner la politesse et balancer tout ce que l'on a sur lui ?

— Oui Madame », sourit-elle en lui faisant un clin d'œil.

Geek s'arrête dès qu'elle trouve ce qu'elle cherche, une antenne relais, afin de se connecter à internet. Attrapant son ordinateur, elle me montre un dossier au nom du Sheriff, m'expliquant que ce qu'elle entendait sur lui de la part d'Ellen lui avait donné envie d'assurer ses arrières. Ainsi, elle avait commencé à enregistrer des conversations, filmer des rencontres entre lui et les Devil's girls, notamment sur le piège qu'elles allaient monter pour braquer les Bikers, et même révéler l'emplacement où elles avaient caché les corps. Mais le plus audacieux fut de créer un compte bancaire à son nom et à celui d'Ellen et d'y faire verser de grosses sommes provenant d'un compte des Road Knights qu'elle avait piraté. Le Sheriff ignorait l'existence de ce compte, mais les Fédéraux allaient l'adorer, puisqu'ils pourraient le relier à un versement fait à un criminel bien connu de Chicago, qui fut abattu deux jours après l'assassinat des filles, une heureuse coïncidence. Les Fédéraux n'auraient plus qu'à relier les points, c'était tellement évident, comme suivre les flèches au sol dans un magasin durant le COVID. Je l'avais pourtant averti quand nous sommes revenus de Floride avec Chloe, mais manifestement il ne m'avait pas cru. Le retour de bâton s'en venait, et il allait faire mal.

Les médias se gargarisent de l'histoire, l'arrestation d'un Sheriff pour complot, complicité de multiples meurtres, trafic de drogue et extorsion. La liste était si longue que tous les habitants de Richardville préféraient éteindre leur télévision, couper le son de la radio lors des flashes infos. Les Fédéraux le chargèrent également pour la mort d'un lieutenant d'un cartel de narcotrafiquants et de ses hommes. Personne ne fut étonné d'apprendre qu'il n'y eut pas de procès, le Sheriff ne passant pas la nuit, retrouvé mort en cellule, la gorge tranchée. Le journal local préféra consacrer sa une au mariage de deux nouveaux arrivants en ville, deux entrepreneurs, le propriétaire du Diner Paradise Alley et de l'armurerie voisine, Chloe's Guns Shop. L'événement fut remarqué par le nombre de militaires qui défilèrent en ville, par le passage éclair de quelques gradés. Il était clair pour tout le monde que le couple était respecté et que les deux amoureux étaient des héros américains. Toute la ville les connaissait désormais et les reconnaissait. Daniel était déjà apprécié par ses clients, Chloe devint l'attraction des mères célibataires, des mères au foyer et surtout des adolescentes, allant parler de son expérience militaire dans les écoles. Ses interventions furent filmées à son insu, diffusées sur internet, et l'armée lui offrit un contrat afin de délivrer son discours dans d'autres écoles. Chloe accepta à une seule condition : elle voulait le contrôle sur le planning et les horaires, ce serait à son rythme uniquement.

Le lendemain du mariage, Alison disparaît, brisant le cœur de Chloe, pour réapparaître près de deux semaines plus tard devant la porte de la maison un soir, traînant une valise avec elle et ayant récupéré sa camionnette.

« Salut, votre offre tient toujours ? » demande-t-elle en hésitant à entrer, regardant ses pieds.

« Bien sûr, Ali », sourit Chloe en se levant, tenant son ventre qui s'arrondit lentement.

« Tu es jolie, Chloe, la vie de couple te va bien », sourit-elle en l'enlaçant. « C'est juste pour quelques jours, c'est la chambre du bébé, alors je ne vais pas vous déranger. Vous me manquiez, tu me manquais tellement, Chloe », dit-elle en l'enlaçant plus fort. « Toi aussi, Dan.

— J'espère bien », rigola-t-il. « Tu peux rester avec nous le temps que tu veux, Alison. Dis-moi, as-tu vu notre jardin ? Viens voir », dit-il en ouvrant la porte-fenêtre. « Tu vois cet espace ?

— Je vois du vide désertique.

— Oui, hein ? Toi aussi.

— J'avoue qu'il est chouette ton bout de désert.

— Je savais que ça te plairait. »

Alison le regarde, se demandant s'il a pris ses médicaments.

« Petite sœur », chuchote Chloe en l'enlaçant par-derrière. « On pourrait construire une extension à la maison. Ta maison avec nous. Pour rester proche du bébé Alison.

— Vous voulez que j'habite avec vous ? Mais... C'est que je vis seule depuis... depuis très longtemps et je... veux bien.

— Mais tu ne fais plus rien d'illégal.

— Mais... Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne sais rien faire d'autre.

— Nous allons lancer une entreprise de conseil en sécurité informatique. Tu vas continuer de hacker, de forcer tes entrées, dans le but que les entreprises renforcent leur sécurité. C'est payant.

— Nous ?

— Oui, nous. Nous serons ta caution morale.

— Ah. C'est gentil. Je roule depuis deux jours, je peux aller me coucher ? » demande-t-elle en regardant Daniel.

« Tu veux que je te porte dans ta chambre et que je te lave ? »

Alison plisse des yeux en le regardant.

« Ça va aller, Dan, mais je préfère que ce soit Chloe, ses mains sont plus douces que les tiennes, toi tu es... tout en muscles », rigole-t-elle avant de nous prendre dans ses bras. « Merci de m'accueillir, je me sentais vraiment seule ces derniers jours.

— Tu fais partie de la famille, Ali, je n'ai que toi », murmure Chloe en déposant une bise sur sa joue. « Bienvenue chez toi, future tata. »

Fin.