Chapitre 6

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J'ai ouvert depuis deux jours et je n'ai eu la visite d'aucun des deux gangs. C'est plutôt positif pour l'un, c'est dommage pour l'autre. J'ai fait un peu de publicité, et j'ai même réalisé une vidéo pour montrer le résultat à mes parents. Pour l'instant, le diner marche bien, j'ai pas mal de clients depuis l'ouverture. Je me débrouille plutôt bien, mais je suis vite débordé. C'est toute une organisation, et je me rends compte qu'il me faudra de l'aide. Il est impossible que je gère la cuisine et la salle en même temps. C'est mon objectif pour le lendemain, trouver un employé ou deux.

Lorsque ça commence à se calmer, je regarde l'heure, soulagé de voir que la journée touche à sa fin. Je me dis que ce soir je vais bien dormir, car la fatigue est là, au coin de mon oreiller, et n'attend que moi.

Le diner compte encore quelques clients, quand la porte s'ouvre sur deux femmes qui s'installent à une banquette. En me présentant, je leur tends deux menus, et retourne derrière mon comptoir pour aller servir une commande. Levant la tête par réflexe, je vois une des deux femmes me fixer intensément, avant de reconnaître ses yeux. Elle a attaché ses cheveux en une tresse, lui allant à la perfection. Alors que les autres clients quittent le diner au fur et à mesure, elle continue de me fixer, ne détournant pas les yeux. L'autre femme commande un hot-dog, pendant que celle qui me regarde fait signe d'approcher en claquant des doigts.

Ne prends pas quand même trop tes aises, ça va mal finir entre nous.

« Il est pas mal ton diner », félicite-t-elle, me fixant toujours de ses yeux envoûtants.

« Merci », réponds-je, essayant de ne pas me laisser distraire par son regard captivant.

« Combien tu payes pour ta protection ? » demande-t-elle directement.

« Rien pour l'instant, en plomb prochainement », souriais-je, laissant clairement entendre que je ne comptais pas me laisser intimider.

« C'est dommage, ils vont cramer ton commerce », prévient-elle d'un ton nonchalant.

« Ils peuvent toujours essayer », rétorqué-je, déterminé.

Elle ne semble pas surprise par ma réponse, au contraire, elle semble apprécier ma détermination.

« Tu n'es pas là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Tu vas arriver un matin devant un tas de cendres fumantes », argumente-t-elle

Elle a raison.

Elle a raison, et je le sais.

« Ils crament mon resto, je crame leur club et toutes leurs Harley », préviens-je, affichant une assurance que je n'ai pas forcément.

Elle sourit, appréciant visiblement mon esprit combatif.

« J'aime ton esprit », dit-elle, semblant sincère.

« Qu'est-ce que vous voulez ? Vous voulez que je vous paye, vous voulez vendre de la drogue chez moi, comme eux ? » demandé-je, curieux de connaître leurs véritables intentions.

« Non. Je veux prendre possession de leur territoire et de leur business. Tu es sur ma route », explique-t-elle calmement.

« Je ne suis sur la route de personne », répliqué-je, ne voulant pas me laisser intimider.

« Tu es sur leur route », insiste-t-elle, me fixant intensément.

« Pourquoi moi ? » demandé-je, ne pouvant m'empêcher de poser la question qui me brûle les lèvres.

Elle esquisse un sourire énigmatique, mais ne répond pas immédiatement. Le mystère qui l'entoure m'intrigue encore davantage.

« Laisse-moi, Ice, tu peux rentrer. Monsieur est réglo. On se voit demain », déclare-t-elle d'une voix assurée.

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant