Chapitre 17

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Ma casquette des Dolphins sur la tête et la barbe non rasée depuis une semaine, je suis assis sur une chaise en plastique, observant les autres vétérans qui, comme moi, ont du mal à se réinsérer dans la vie civile. Nous sommes réunis ici, tous avec nos propres démons, dépendants aux antidépresseurs prescrits, hantés par les cauchemars qui nous assaillent la nuit. Certains se réveillent en sursaut au moindre bruit, persuadés de voir un ennemi dans leur chambre alors qu'il ne s'agit que de vêtements accrochés derrière la porte. Nous partageons tous le même trauma, tous ici se pensent abandonnés du système, en quête d'aide et de soutien.

« Bonjour, je m'appelle Chloe », déclare une voix, brisant le silence qui règne dans la salle. « Je n'avais pas encore pris la parole, préférant écouter, mais mes cauchemars sont revenus. Je me réveille en pleine nuit avec l'odeur de la cordite, la sensation du sang sur moi. Je vois les gens que j'ai tués. Je n'ai pas envie de m'abrutir de médicaments, mais c'est dur. »

J'écoute attentivement, ressentant une profonde empathie pour elle comme pour tous les autres présents dans cette pièce. Mais c'est elle que j'ai envie d'aider.

« Je t'ai proposé mon aide, Chloe, accepte-la », dis-je d'une voix douce en enlevant ma casquette pour montrer ma sincérité. « Je suis passé par là aussi. On peut se soutenir mutuellement. »

« Dan ?

— Bonjour, je m'appelle Daniel. Je souffre des mêmes symptômes, moins depuis que j'ai rencontré Chloe. J'ai l'impression d'avoir trouvé une âme sœur en elle, mais elle a déménagé. J'ai traversé les trois quarts du pays pour la rejoindre. Chloe », dis-je en la regardant, « laisse-moi t'aider. »

Elle est surprise de me voir, mais me sourit en hochant la tête. Après la séance, nous nous retrouvons autour d'un café pour discuter davantage. Elle m'apprend que Geek est partie depuis deux jours, la laissant seule. Elle n'a que sa pension et est incapable de se trouver un travail. L'angoisse la tourmente, surtout la nuit. Elle n'est pas surprise quand je lui raconte tout ce que j'ai découvert, lui avoir dévoilé mon surnom lui a ouvert une nouvelle perspective sur qui je suis réellement.

Installés dans un fast-food, elle me montre le motel de l'autre côté de la rue, m'expliquant qu'elle y habite pour le moment. La chambre est payée pour encore deux nuits, ensuite elle devra se trouver quelque chose de très abordable, n'ayant aucune rentrée d'argent en dehors de sa pension.

« Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais est-ce que tu voudrais venir avec moi ? Tu peux habiter chez moi, travailler avec moi », dis-je d'un ton sincère.

— Dans ton diner ? Mais je suis nulle en cuisine.

— Tu ne peux pas être pire que moi. Mais des burgers et des hot-dogs, ce n'est pas si compliqué. Je t'offre un toit, un travail et quelqu'un pour te soutenir quand ça n'ira pas.

— Pourquoi veux-tu tant m'aider ? Nous t'avons menti, nous nous sommes servies de toi.

— Tu as été la seule à ne pas m'avoir menti. Ton prénom, d'où tu venais, c'était la vérité.

— Tu es un frère, c'était... ce n'était pas bien.

— Tu vas chercher tes affaires et on rentre à la maison ?

— D'accord. »

Chloe n'est pas longue à revenir, ses affaires tiennent en un sac et une mallette, sa possession la plus précieuse, son fusil de tir longue distance. Je l'aide à charger ses bagages dans le coffre, puis elle s'installe à côté de moi, boucle sa ceinture et se penche en me tendant la main.

« Chloe Sullivan, sniper, 10th Mountain division », se présente-t-elle avec une pointe de fierté.

— Daniel Morrisson, 82nd Airborne Division », répondis-je en souriant, « officiellement, mais officieusement j'opérais pour la C.I.A. et la N.S.A. depuis 2018.

Cover me with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant