Chapitre 1

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Il se dit content car il croit toutes les posséder, mais sa vie n'est que monotonie et solitude car il ne fait rien d'autre. Il n'apprécie même pas la beauté des étoiles.

– Le Petit Prince


[ETHAN]

Tu sais, j'aurais aimé que les choses se passent différemment. Qu'on s'aime différemment. Qu'on se consume autrement. J'aurais aimé que rien ne nous sépare. Qu'on arrête de s'intoxiquer l'un pour l'autre. Mais l'univers en a fait –

L'univers, c'est de la connerie. L'univers, c'est pas ce qui va te sauver le cul de ne rien avoir dans ton assiette. L'univers, c'est pas ce qui va te sauver quand tu n'auras plus rien dans ton putain de compte en banque. C'est pas ça qui va essuyer tes putain de larmes.

Compte à rebours.

Écoute. J'ai pris ma décision. Je ne veux pas de cette vie. L'argent, ça ne m'intéresse pas.

Menteuse. Elle ment comme elle respire. Elle a toujours eu ce don de me mettre hors de moi, de me mentir. Tout ce qui l'intéresse, c'est mon argent. C'est ma notoriété. Menteuse. Menteuse. Menteuse. Je le vois à ses yeux, au regard qu'elle me porte, à moitié moqueur. Je l'imagine écarter ses cuisses pour un autre, crier le prénom d'un amant interdit et je sens la transe monter en moi. Et à cet instant, je suis en colère. En colère contre moi, d'être tombée pour des boucles blondes et un visage à en faire pâlir plus d'un.

Nouveau compte à rebours. Cette fois, plus violent. Ça vrille à côté de moi, ça résonne dans mon crâne. C'est violent et à la fois, ça semble me tirer de ces pensées négatives. De ces pensées qui me consument encore aujourd'hui.

Ethan, tu peux pas comprendre. Tu es trop buté, tu ne comprendras jamais. Oublie-moi. Passe à autre chose.


Un manuscrit tombe, puis un autre.

— Ethan. Il est sept heures. Debout. T'as encore passé la nuit au bureau.

Putain d'associé à la con, pas capable de me laisser dormir encore quelques heures. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter –

— Je t'emmerde. Ton associé à la con, il reste ton frère. T'as encore picolé jusqu'à quelle heure ?

Et merde. Voilà que je deviens dingue. Mes pensées dépassent ma parole et je me lève ainsi de mon siège de bureau. Bureau, qui est dans un état pitoyable par ailleurs. En y pensant, il ne mérite pas ça. Du bois de chêne d'une telle qualité. Quel gâchis. Des documents importants y traînent un peu partout, d'autres moins.

En réalité, je n'arrive plus à faire la différence. Des Post-its sont étalés sur quelques murs, sur mon siège aussi. Dédicace, nouveau Musso, penser à l'éditeur... Un s'est collé contre mon tuxedo et je ne le remarque même pas. C'est le bordel, peut-être autant que dans ma tête. On dit bien que notre espace reflète notre état mental après tout, non ? Tout traîne, tout est inachevé. Et pourtant, tout reste luxueux. Ça représente bien ma santé mentale, tiens. Un bordel sans nom dans une arcade dorée. À cette pensée, je ne peux m'empêcher de pouffer. Quel con.

— Meeting à treize heures. Heureusement que ta nouvelle assistante arrive aujourd'hui, dit Tom en décollant le papier jaunâtre de ma veste en lisant les quelques notes que j'ai précédemment inscrites et je fronce les sourcils en l'entendant.

Quoi ?

— Quel jour on est, Tom ?

— Tu te fous de ma gueule ? On est jeudi. Jeudi 14. Mais qu'est-ce que t'as pris ? T'es encore défoncé ou quoi ?

Une nuit à Paris - Tome 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant