Chapitre 19

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[ETHAN]

Après la nuit passée chez Anna, je suis finalement rentré chez moi. Et, quelle surprise de voir mon appartement dans cet état ! Tout est complètement détruit ! Elle a complètement : pété les plombs. Enfin, c'est compréhensible, quand j'y pense. Je l'ai abandonné pendant des heures sans même donner de nouvelles et j'ai fini la nuit dans l'appartement de mon assistante. D'ailleurs, une nuit que je ne risque pas d'oublier. Rien qu'en y repensant, j'ai encore les effluves du parfum de Anna dans le nez. Mais ce n'est pas une assez bonne raison pour détruire du matériel ! Même mon canapé y est passé à coup de ciseaux. Tout est complètement... Sens dessus dessous. Bon, il faut cependant croire qu'elle est définitivement partie – Plus rien à elle ne se trouve dans la salle de bain ni même dans la chambre à coucher. Tout a disparu. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle quand j'y pense. Plus de bordel d'Ashley, plus de crises de jalousie, plus de blabla pour ne rien dire. Quand je vérifie, tout a vraiment disparu, même ma carte bancaire. Et à cette pensée, j'attrape mon téléphone avec hâte pour composer le numéro de la banque et bloquer mes comptes ainsi que les virements qui pourraient y passer. Merde, il faut aussi penser à changer les verrous. Quel idiot de fréquenter une fille comme ça et de lui donner accès à autant de choses autour de moi. Je pourrais en écrire un livre, tiens. Comment une certaine Ashley, blonde comme personne et à l'intelligence réduite, vient de bousiller un an de ma vie, comme ça, en quelques heures à peine sous le coup de la colère et probablement de la peine. Je suis cependant bien trop en colère à présent pour lui trouver un semblant de peine.

J'ai passé les heures suivantes à nettoyer, à ranger, à essayer d'arranger les choses. J'ai aussi commandé d'autres meubles, un matelas aussi puisque le mien est en miette. En y pensant, j'ai bien fait de ne pas revenir à l'appartement la nuit dernière. Je l'aurais probablement étouffé. C'est mieux ainsi. Une rupture. À l'amiable ? C'est ce qu'on dit, non ? Enfin, on était pas vraiment ensemble mais c'est tout comme, pas vrai ? Se quitter sans se dire adieu, en emportant avec nous nos affaires et en détruisant celles de l'autre ? Étrange tout de même comme rupture.

Le lendemain, je retrouve Anna au bureau, alors que nous avançons en direction d'une autre réunion, encore et toujours des réunions en ce moment. En y pensant, ça commence à vraiment me fatiguer. Et je dois bien me l'avouer, aujourd'hui : je suis troublé. Je ne sais pas si ça a à voir avec le parfum de la brune qui remonte lentement vers moi lorsque nous sommes dans l'ascenseur ou alors la manière dont elle a coiffé ses cheveux, bien plus ordonnée que d'habitude. C'est sans doute parce que tout ça me rappelle quelques nuits précédentes, où j'ai senti son odeur absolument partout dans les draps. Et je dois bien avouer que j'ai apprécié de pouvoir dormir ainsi. Je n'ai même pas aussi bien dormi depuis des lustres. Elle avait raison, son matelas est confortable. Son appartement aussi, d'ailleurs. Il respire les lieux chaleureux que j'apprécie tant, les lieux où l'on semble se perdre et où l'on ne voit pas le temps passer. C'est agréable, en y pensant. Dormir devant un feu, se blottir sous les draps et sentir l'odeur de la femme qu'on désire tant, alors qu'elle ne se trouve qu'à quelques mètres de nous. Charmant.

On s'installe finalement autour de la table et je ne peux m'empêcher de doucement soupirer en commençant à parler à mes collaborateurs, un poil médisant. Certains ont pris des décisions que je n'apprécie pas et il faut que je leur dise le fond de ma pensée et puis, c'est moi le boss ici. Si je ne me fais pas respecter, qui le fera ? Ma voix semble un peu froide et ainsi, je leur dis le fond de ma pensée, à quel point je peux être déçu qu'on ne m'ait pas averti de certains changements importants dans la vie de l'entreprise.

— Ça ne se reproduira plus, Mr. Hornec.

— Bien, continuons.

Lentement, je me laisse retomber sur ma chaise une seconde et de ce que je peux apercevoir, Anna semble stressée. Sa jambe tremble. Ça me rappelle ce moment dans l'avion, en direction de Paris. Est-ce qu'elle est mal à l'aise, à cet instant ? Ce n'est pas dans son genre, pourtant. Elle qui crève la confiance en elle, qui arrive à se faire entendre même autour d'une table remplie d'hommes. Ça m'étonne. Et je n'aime pas ça, la savoir aussi mal à l'aise, gênée.

Une nuit à Paris - Tome 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant