Chapitre 22: Heu......

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Heu......

Qu'est-ce qui se passe en fait ?

   J'étais tranquillement en train de discuter avec Marc, puis Mikio est soudainement apparue sur le palier de ma porte... alors qu'on parlait justement d'elle.
 

 J'ai beaucoup de questions qui me viennent à l'esprit, mais la plus importante : qu'est-ce qu'elle fait là ?

   Enfin, elle a bien dit qu'elle était venue s'installer chez moi, mais ça n'explique pas pourquoi elle l'a fait...et ça n'explique pas pourquoi elle l'a fait sans m'avoir prévenu à l'avance.

Quel est le but en fait ?

   - Oh ! Pardonnez mon impolitesse. J'interromps quelque chose ? lance ma petite amie qui brise le silence pesant qui s'était installé depuis de longues secondes déjà.

   - En fait, c'est-à-dire que....

   - Que rien du tout. Je m'apprêtais justement à rentrer chez moi. Coupe sèchement Marc.

    - Mais ? Pourquoi ? Lui demandais-je alors, surpris par sa soudaine résiliation. Lui qui pourtant semblait avoir quelque chose d'important à me dire.

    - Tu n'as pas compris ? Elle a dit qu'elle s'installait ici et je n'ai aucune envie de supporter vos histoires d'amoureux. Du coup, je rentre.

   Je ne sais pas si le soupir que j'ai poussé à cet instant exprimait de manière fidèle à quel point j'étais exaspéré. Pour toute personne qui connaît Marc un minimum, la raison de son départ est totalement valide et sa réplique colle parfaitement à la personne qu'il est.

Sauf que, 

Je connais bien Marc, c'est mon meilleur ami.

   À force de traîner avec lui, j'ai remarqué quelques-uns de ses tics. L'un des plus fréquents, se trouve être la petite ride qui apparaît sur son front quand il se sent obligé de mentir ou quand il est gêné. Ride, qui est en fait témoin des efforts que tous les muscles de son visage font pour que son expression faciale ne change pas.
    J'ai de la chance - c'est rare - que son front soit dégagé aujourd'hui ; j'ai pu rapidement comprendre ce qui se passait : Marc est mal à l'aise.

Qui ne le serait pas en même temps ?

    Je suis persuadé que Mikio a entendu notre conversation. J'avais encore des doutes mais les fouilles intensives de Marc m'ont convaincu : je suis sous surveillance et Marc s'en doutait probablement aussi.

    Le pire serait surtout de croire que le fait que Mikio nous interrompe à ce moment précis, en terminant la phrase de Marc soit anodin. Le message derrière cette intervention est pourtant clair : Marc ne trouvera jamais rien sur elle.

Et maintenant, il sera probablement lui aussi mis sous surveillance.

Voilà pourquoi je ne tenais absolument pas à ce qu'il fourre son nez dans cette histoire.

Quelle plaie.

   J'ai fini par le libérer, en lui promettant de lui renvoyer ses affaires et de l'appeler pour qu'on se croise lui et moi. 

Bien-sûr je sais que ça n'arrivera pas.

Pas tant que Mikio sera là.

   D'ailleurs une fois que la porte s'est fermée derrière mon ami, la demoiselle a littéralement bondi sur mon fauteuil, pour se mettre à côté de moi. Toute cette fatigue accumulée et ces retournements m'ont presque fait oublier que j'ai la nuque en ébullition depuis quelques minutes. Je la masse délicatement pour essayer de la calmer...mais rien à faire, je ne sais pas ce qui m'attend, mais ça ne va pas être plaisant.


   - Un problème Isaac ?

   - Non, pas vraiment. Je n'ai pas encore récupéré des vacances, c'est tout.

    - Tu devrais penser à te reposer un peu, on entre dans la dernière phase de rédaction de nos mémoires de fin d'études. La vie va te sembler encore plus stressante.

     Ma petite amie me lance un regard plein de tendresse et de délicatesse. Ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit mais Mikio a tout le temps ce genre de regard à mon égard...elle prend trop son rôle au sérieux cette fille.

   - Est-ce qu'on est obligé d'en arriver là ? 

   - Bien sûr, je sais que tu détestes étudier alors, je suis venu m'assurer que tu restes concentré. Répond-t-elle en poussant un léger rire.

   Je ne sais pas comment je dois comprendre ça. Je ne sais même pas si elle a compris ce que je voulais dire. Tout ce que je comprends, c'est que quoiqu'il arrive, je suis mal barré.

Toute cette histoire commence à me fatiguer

Scoumoune. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant