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"je me souviens de la façon dont il m'a embrassé. Je me souviens que ça faisait presque mal, mais dans le bon sens - comme s'il voulait que je m'enfonce en lui, que je reste à l'intérieur de son corps. Je me souviens ne pas respirer. Je me souviens que je n'avais pas besoin de... parce que pour une fois, quelqu'un a respiré pour moi, quelqu'un a vécu pour moi. Et je me souviens d'avoir été si complètement, complètement heureuse. Et peu importe ce que je fais, peu importe à quel point je m'accroche à ceux qui m'ont suivi, personne d'autre ne m'a jamais retenu de cette façon. Personne ne m'a même approché. Personne d'autre ne m'a jamais serré aussi fort qu'il l'a fait" - Lou.

Ça faisait déjà neuf jours que nous étions ici. Et ce séjour me fait du bien, il est merveilleux.

C'était la fin de cette journée.
J'étais en appel avec Miguel qui s'était remis du covid.
Elsa et lui prévoyaient de partir en Thaïlande.
Et j'étais ravie d'entendre cette nouvelle.

-" Et toi, comment ça se passe avec Inès ?"

- "Je dois avouer qu'il semble bien ici, ça me fait plaisir."

Miguel acquiesce doucement, et dans un geste discret, il détaille mon regard tiraillé de fatigue.

-"Tu vas bien ?" Je souffle durement sur le matelas d'Inès. Celui ci, où j'ai dormi avec lui. Je n'ai jamais aussi bien dormi depuis des années. Ça m'avait étrangement manqué. Son odeur, sa bouille si belle, lui tout court. Mais je suis parti avant qu'il ne se réveille.
Je ne veux pas être celle là, je ne veux pas m'enfuir en courant comme une voleuse. Mais, cela me rappelle trop de choses dont j'ai fait serment de ne plus parler.

-"Pas vraiment mais ça va aller. J'ai hâte de te voir."

Il allait répliquer mais Elsa fit son apparition dans l'encadrement de la porte.
Miguel s'excusa et raccrocha.

Je me laisse aller dans le lit qui me berce. Qui berce mes problèmes. Qui les laissent couler sur mes joues, évacuant tout ce que j'éprouve.

Je sèche mes larmes, ravalant ce mal être angoissant.

Je m'ennuie à mourir ici.
Mes nouveaux amis sont je ne sais où.

Je vois la lune apparaître dans la grande chambre.
Je fixe les étoiles brillantes de milles feux.
Elles sont somptueuses, d'une beauté inimaginable.
J'aime regarder le ciel étoilé, c'est si apaisant.
Je joue avec ma bague, Marie n'apprécie pas l'idée que je sois ici. Mais si je suis heureuse c'est le principal.

Thomas me tourmente, sous ses airs de gentil, il cache bien des choses.

Je veux plus que tout être débarrassé de lui.
L'idée que je sois terrifiée par sa mort est en fait drôle mais la vérité c'est que je suis incapable de m'infliger une telle chose. Mentalement, c'est insurmontable. Même s'il est une personne merdique, personne ne mérite de confronter la mort comme ça.

Je remercie le ciel, Inès est là.
Malgré tout, j'aime sa compagnie.
Je l'ai toujours aimé.
Je pars me laver, finalement, regarder ses astres me donnent plus de pensées négatives qu'autre chose.

Parfois, je regrette mes années en tant que lycéenne.
Certaines fois, j'admets que j'aimais cet épisode de ma vie.
Mais ça, c'était avant qu'il ne gâche tout.

Inès était mauvais, enfin pour moi il ne l'était pas mais il était un vrai con avec ses amis.
Ils se sont excusés, il n'y a pas si longtemps.
Mais je ne crois que ce que je vois. Ils se sont montrés exécrables envers moi. Sortir avec le populaire alors qu'on est invisible aux yeux de tous, ça fait rapidement parler. Simplement, je n'aimais pas me montrer, je n'aimais pas discuter avec des gens bêtes.

J'aimerais aussi que les choses avancent bien plus vite pour Inès.
Je vois très bien son mal être.
Malgré mes efforts, ça ne suffit pas, ou du moins, plus assez.

Je ferme les yeux, dans cette douche bouillante.

Allongé avec Inès dans son lit, je contemple le plafond.

- J'aimerais vraiment être là pour toujours Lou. Je ne comprends pas. Que veut-il dire par là ?

Je tourne la tête, je le regarde, curieuse.

- Ça veut dire quoi ? J'étais curieuse, le genre à fouiner partout où il ne faut pas.

- Ça veut dire que je veux que tu restes là, tout le temps. Quand on aura 90 ans, on dansera sur cette musique de l'autre fois et on mourra main dans la main. Parce-que jamais je te laisserai t'en aller. Il était enjoué, il me veut à ses côtés plus tard. Genre dans 72 ans.

J'embrasse sa joue, et me rue dans ses bras. Réellement heureuse de sa confession.

- Je ne partirai jamais, je t'aime trop pour ça.

J'ouvre les yeux, ce beau souvenir. Ce si beau souvenir.
Je le chasse rapidement.
Je ne veux pas penser à ça.

Des mains viennent couvrir mes yeux, je sursaute d'abord mais c'est Inès.
- Ferme bien les yeux, s'teuplais, joue le jeu.

J'acquiesce, je monte sur les cuisses d'Inès.
Je suis en pyjama Tigrou, pas très glamour.

Inès me demande de descendre, puis d'avancer et de m'asseoir.
J'ai confiance en lui, alors c'est ce que je fais.

Alors que j'ouvre les yeux, le sourire d'Inès redouble.
La table est dressée, les couverts sont joliment disposés.
Des spaghettis nous attendent.

Seules les bougies éclairent la pièce.

- Ça te plaît ? Demande t-il, perplexe.

- Non.

Il plisse les yeux, me connaissent par cœur.

- Merci, Inès c'est, c'est si beau. Au fond, cela ressemble à un rencard. Mais je ne mettrai pas un mot la dessus.

Il sait ce qu'il fait. Et il sait que ce geste embaume mon cœur de joie. Ça me rempli de bonheur.

Cette soirée là, tous les deux en pyjamas, nous avions rigoler comme avant.
Comme si rien après ce jour là ne s'était passé.

Comme si j'étais encore la sienne.

Mais je ne vais pas gâcher la soirée.

Je débarrasse, le personnel dort, il n'est pas moins que 23h.
Il est tard et j'ai apprécié ce repas.

Je dépose un baiser sur sa joue, il semble surpris par ce geste.
Mais il ne me repousse pas.

Je finis par me coucher, le sourire aux lèvres.

Iɴᴏxᴛᴀɢ - 𝑺𝒉𝒆 𝒘𝒂𝒔 𝒎𝒊𝒏𝒆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant