Un pas nouveau

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Un léger silence s'installa après ma phrase alors que mon regard s'abîmait de nouveau dans le feuillage des arbres du parc de l'hôpital de Konoha. Des flashs s'ouvraient et se refermaient dans mon esprit, m'envahissant de tous ces souvenirs et de l'ensemble des sensations de cette période de ma vie que j'avais voulu oublier. Etrangement, mon corps se détendait petit à petit, comme si l'aveu de ce secret me conférait une profonde libération, comme si je me sentais suffisamment prise au sérieux pour savoir que je ne serai plus seule face à cette situation. Pourtant, lorsqu'il m'avait recueillie comme pupille, le chef de Nokoribi m'avait promis cette protection.

Nous étions tous les trois murés dans des réflexions différentes, assise dans le lit monochrome de ma chambre d'hôpital, vide de toutes décorations exceptée un siège et une chaise, je continuais d'observer l'extérieur songeant que Kakashi n'avait aucun intérêt à garder cette information. Je n'étais rien pour lui, l'asservissement du monde ninja était un problème, mais le reste... Shikamaru fixait les nuages, comme souvent, quand l'Hokage reprit la parole.

- Tu es pourtant la seule de ce clan, non ?

Je fermais les yeux en hochant doucement la tête pour valider sa phrase. Ici, oui, dans le monde, je n'avais aucune idée où se trouvait les autres.

- Alors pourquoi enlever Naoko et Akari ?

- Je suppose que le secret du maledictus de Naoko doit être connu, intervint Shikamaru. Mais, je ne comprends pas pourquoi Akari ?

- Elle était là. Ils n'ont pas cherché plus, affirmais-je.

- Comment ça, elle était là ?

Shikamaru fronça les sourcils et je soupirais, il fallait que je lui dise la vérité. Enfin, toute la vérité peut-être pas, je pouvais lui faire confiance mais je ne savais pas quelle serait sa réaction lorsqu'il saurait tout. Une partie de moi voulait le garder dans l'ignorance, ayant trop besoin de cette affection gagnée, et une autre ne voulait rien lui dire pour la mission, j'étais en vie, j'avais donc une chance de pouvoir la finir. J'eu une nausée à cette pensée.

- On ... on s'était donné rendez-vous, car je n'allais pas bien.

- C'est pour ça que tu étais sur le toit ?

J'hochais presque imperceptiblement la tête. Cette explication ne parut pas convaincre Shikamaru qui ne répondit pas. Kakashi observait l'échange d'un œil critique.

- Yuna.

- Hum.

- As-tu déjà eu à faire à cette femme ?

Une larme roula sur ma joue de son propre chef, ou peut-être que celle-là j'en étais consciente. L'image de mes parents reparut dans mon esprit, au milieu des feuillages verts resplendissant des chênes de Konoha. Ma poitrine me fit mal et je regrettais ne pas avoir de manche pour couvrir mes avant-bras violacés de marques récentes et des anciennes cicatrices. Tout s'emmêlait dans ma tête, seule une chose était certaine et constante, pour la seconde fois de ma vie la peur prenait le dessus, accompagnée de ses amies la tristesse et la douleur. Chaque secondes, une réalisation naissait dans mon esprit, détruisant toutes mes défenses. Tout ce que j'avais connu s'effondrait minutes après minutes et je me sentais plus perdue que jamais. Je resserrai les bras contre moi en remontant mes genoux, ce qui m'entraina une grimace de douleur. Kakashi eut la décence de ne pas continuer son interrogatoire, en silence il rebroussa chemin vers la porte.

- Repose-toi, Yuna. Tu en as bien besoin.

Je ne sentais aucune colère et animosité dans sa voix, simplement de la bienveillance et de la préoccupation ce qui brisa le dernier barrage de larmes silencieuses. Elles se mirent à dévaler mes joues avec lenteur, l'une après l'autre, se succédant comme les réalisations qui me perdaient petit à petit. La douleur qui naissait de nouveau au même endroit que douze ans auparavant alors que je comprenais qu'on m'avait fait faire un choix réfléchi pour que je sois seule et manipulable. Que je reste à disposition servant des projets plus grands et que j'avançais dans l'ombre, persuadée de ne m'attacher à rien et de me sauver la vie, alors que j'entretenais le lien le plus destructeur de ma vie. Il m'avait demandé de lui offrir ma confiance en échange de sa protection, mais il ne m'avait protéger de rien, tout devenait clair dans mon esprit. Le secret de Naoko était connu de peu de personne, tout comme notre existence en tant que trio, ainsi que notre localisation actuelle. Peu de personne savait à ce moment-là où je me trouvais, il avait savamment choisi mes sauveurs pour que je sois à sa merci. La digne héritière de la puissance des Hishiri. Un sanglot me secoua entièrement, mais la douleur physique ne parvenait plus à prendre le pas sur ce qui brûlait avec incandescence à l'intérieur. Comme avant.

A light in the Dark [Nejixreader]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant