CHAPITRE 6 : Contrat.

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- Arrête la voiture ! hurla un jeune homme au conducteur.

Voyant que ce dernier n'était pas prêt à l'écouter, il se saisit ardemment du volant, déstabilisant l'autre. L'action brusque fit partir le véhicule dans tous les sens. Voulant éviter un accident, l'homme au volant le repoussa sauvagement sur son siège, le faisant ainsi lâcher l'objet. Sa tête cogna durement contre la vitre et il ressentit une vive douleur.

- Tu veux nous tuer c'est ça ?! fulmina son assaillant, emprisonnant son bras dans un étau de fer, la rage se lisant sur ses traits.

- Laisse-moi, implora presque le jeune homme.

- Jamais tu entends ?! Tu es à moi et je ne te laisserai pas partir !

- Tu rêves ! objecta le plus jeune reprenant du poil de la bête, les dents serrées. C'est fini nous deux !

- Jamais !

Faisant fi de la douleur, le jeune homme parvint à se détâcher de sa poigne et bien décidé à arrêter cette voiture, s'élança une nouvelle fois contre le danger. Il eut alors une lutte entre les deux hommes, les pneus dérapant contre le bitume. Et puis, il eut un grand bruit. Un impacte. Ils arrêtèrent tout mouvement, secoués par ce qui venait de se produire. Le cerveau réfléchissant à vitesse grand V, ils réalisèrent : ils ne l'avaient pas vu, cette silhouette qui s'était écrasée contre le capot. La voiture s'arrêta d'un coup et un silence morbide se répandit autour d'eux, rendant cette nuit encore plus glaciale. Aucun bruit, juste le son de leur respiration difficile. Tout s'était passé comme au ralentie, le plus jeune était sorti dans un calme affolant, agar, il fixait avec incompréhension le corps à ses pieds. L'autre étant lui aussi descendu du véhicule suivait son exemple, mais à distance respectable.

- Non... C'est pas possible... n'arrivait pas à croire le jeune homme.

Des sillons de larmes se creusèrent sur ses joues tandis qu'il essayait de réveiller la personne face à lui.

- Appel une ambulance...

Incrédule et sous le choc l'homme sursauta et se tourna vers son ancien amant, n'ayant pas bien saisi ses paroles.

- Appel une ambulance ! Vite !

- Non ! Il est mort !

- Qu'est-ce que tu racontes ? cria le jeune homme anéanti, la voix brisée par les larmes. Je t'en supplie, appel une ambulance.

- Il est mort, il est mort, répéta son compagnon dans un murmure, les yeux dans le vide, se laissant glisser contre la voiture. On l'a tué...

- Tué ? sursauta le plus jeune devant la fatalité de sa voix.

Et ses mots lui sautèrent aux yeux, il se rendit compte de la marre de sang dont était auréolé le corps entre ses mains. Il lâcha précipitamment le cadavre et s'examina, l'horreur placardée sur son visage : ses mains ainsi que ses vêtements étaient colorés par le rouge carmin. La personne à ses pieds ne respirait plus, il ne sentait plus son cœur battre.

- Nous sommes des assassins, se lamenta l'autre toujours perdu, se tenant la tête entre ses mains.

- Je n'ai rien fait... c'est toi qui...

- On l'a tué ! Tous les deux ! Tu es un assassin !

- Non, souffla-t-il douloureusement, je ne l'ai pas tué...

- Si ! Tu l'as tué. ON l'a tué.

Un corps remua vivement entre les couvertures, une respiration sifflante et incontrôlée emplie la chambre et un bras perça l'obscurité des songes. En sursaut et le corps tremblant, un homme se réveilla la sueur perlant sur sa peau. Haletant et terrorisé, il laissa ses yeux écarquillés par la peur fouiller son environnement à la recherche d'un quelconque ennemi. Ne le trouvant pas, il s'attella à dévisager ses mains intensément, comme s'il trouverait sur celles-ci le fameux sang de son rêve, mais elles étaient propres à son plus grand soulagement. Fermant les yeux, il ramena ses mains contre ses bras pour apaiser les battements effrénés de son cœur.

Au bout d'une photoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant