Silver Heart (Chifuyu x oc)

Chapitre 3 : La vie en équilibre /Silver/

Je lève les yeux. Quand je leur ai annoncé que nous allions nous battre contre le Toman, je n'aurais jamais pensé qu'ils réagiraient avec autant d'enthousiasme. Je regarde mes gars un par un. Ils sont des dizaines, séparés en quatre divisions. Et tous sont prêts à se battre. Est ce parce qu'ils ont envie de prouver leur supériorité sur un des plus grands gangs de Tokyo ? Sans doutes se croient-ils invincibles. Je connais le Toman. Il y a de grandes chances que ça dégénère. Et dans ce cas, ils ne seront pas tous vivants pour la prochaine réunion. Mais je m'en fous. Ils savent les risques aussi bien que moi. Ils me suivront quand même. Et moi, j'ai besoin de baston. Sinon, je vais devenir dingue. J'annonce : 

- La rencontre aura lieu dans l'immeuble en travaux, sur le territoire du Tokyo Manjikai. Profitez-en pour faire un maximum de dégâts sur le terrain, mais évitez de faire des morts. S'il doit y'en avoir, je vous donnerai le signal. 

Ils acquiescent en cœur. Ils savent très bien ce que ça veut dire. J'ai la réputation d'être violente et impassible devant la mort. Peut être parce que je l'ai déjà côtoyée, quand j'étais gosse. Pourtant, tous les membres de mon gang savent que je n'ai jamais tué personne sans que cette personne n'ai attenté ouvertement à ma vie. Et je ne l'ai fais que trois fois dans ma vie. En clair, l'ordre que je leur donne est celui qui prévaut de toute manière : Ne tuer personne, sauf si cette personne essaye de vous tuer. Et surtout, ne pas tuer... sans mon accord. 

- Silver. Rappelle moi pourquoi on se bat, cette fois ?

Je tourne la tête. Katsu Ogawa, un grand brun ébouriffé aux yeux bleus, 18 ans, petit frère de Jun et accessoirement capitaine de la première division, me regarde avec sourire moqueur.

- Deux gars du Toman m'ont abordé cette nuit.

- J'imagine que c'était pas pour connaître le nom de ton parfum.

- ... Quoi qu'il en soit, ils l'ont regretté...

- ... Mikey, le chef du Toman, est loin d'accepter ce genre de chose de la part de ses hommes. Ça m'étonnerait qu'ils lui aient dit la vérité. 

- Ils lui ont raconté qu'ils avaient été pris à part par un groupe de Silver Wolf et s'étaient fait tabassé sans raison valable.

- Et toi, t'as pas cherché à rétablir les faits ?

- ...

- Ouais. T'as juste envie de te battre, en fait. 

- Quand j'ai vu leurs uniformes, hier, j'aurais put passer mon chemin. Mais je savais qu'ils réagiraient comme ça et oui, j'avais envie de me battre. Du coup, j'ai frappé.

- Sans vouloir te vexer Silver, t'as jamais vraiment été du genre à passer ton chemin.

Je ne répond pas. Une lueur triste traverse les yeux de mon capitaine.

- Ça me manque.

- Quoi ?

- L'époque où tu souriais.

- Je souris encore maintenant.

- Silver. C'est quand, la dernière fois que tu as sourit ? 

Je ne sais pas. Alors une fois de plus, je ne répond pas. Il a raison. Je ne sais même plus quand c'était, la dernière fois que j'ai sourit. Je finis par me demander si ça m'est déjà arrivé, de sourire. Je vis uniquement pour les bagarres, je ne montre jamais mes émotions aux autres, si tant est que j'en ai, je ne dors plus au delà de trois heures par nuit, mon appart empeste l'alcool et je passe mon temps à fumer en bas de mon immeuble. Je vis seule et je n'ai qu'une seule vraie amie. Même s'il fait très bien semblant, Katsu lui ne me suit que par obligation en tant que capitaine de Silver Wolf. Je n'ai presque personne. Alors j'ai tenté de m'en sortir seule, et voilà où j'en suis aujourd'hui. Quand je croise des gens dans la rue, je les ignore superbement, qu'ils vivent dehors ou qu'ils fassent du shopping. Je me fous complètement de la vie des autres et la mienne m'importe peu, tellement elle est merdique. Je ne suis pas assez stupide pour mettre fin à mes jours. Mais je ne suis pas non plus assez attachée à la personne pitoyable que je suis pour m'accrocher de toutes mes forces à ce que j'ai pas : le bonheur. 

- La réunion est finie. Rentrez chez vous, préparez vous et soyez tous présents ici jeudi prochain à 20h. Ah, et... évitez de faire des vagues, d'ici là.