chapitre 6

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Candice pénétra dans le Tribunal entourée de ses parents, elle traversa un hall démesuré en marbre, puis elle fut dirigée dans une vaste salle ou une vingtaine d'adolescents attendait comme elle une sentence. Une fournée de jeunes garçons et filles pris en flagrant délit d'incivilité, promis au même camp de vacances éducatif, un joyeux bazar en perspective. Candice échangea un pâle sourire avec quelques uns d'entre eux.

Finalement tu vas bien t'amuser pendant ces quinze jours, chuchota sa mère en se penchant à son oreille.

Oui, je crois que je vais m'en sortir, répondit-elle en bombant le torse pour montrer qu'elle était grande et qu'elle se débrouillerait très bien toute seule.


Les magistrats n'avaient pas de temps à perdre, un autre groupe de mauvais sujets attendait pour la séance de neuf heures et ainsi de suite jusqu'à vingt heures, pas question d'ergoter sur le jugement. Ils se contentèrent de lire d'une voix monotone, une liste de noms, et d'y associer une sentence prévue d'avance. 

Quinze jours de camps de rééducation hors de la mégapole, histoire que les jeunes profitent d'un séjour en zone non urbaine. L'aïeule aurait parlé d'un délicieux séjour à la campagne, elle aurait évoqué les bois sauvages et les champs verdoyants de son enfance, mais on ne pouvait plus appeler cela la campagne depuis que les espèces végétales s'étaient raréfiées lors de la disparition des abeilles avant la grande épidémie. On devait se contenter désormais d'une étendue de serres et d'éoliennes, dans un paysage monotone où poussait une herbe vert de gris et de maigres buissons d'épineux.


La sentence rendue, le groupe se dispersait déjà dans un joyeux brouhaha quand un officier retint Candice Grandbois dans la salle en lui barrant la sortie d'un bras tendu.


- Attendez ici!


- Mais pourquoi? s'insurgea la jeune fille.


Un magistrat s'approcha d'elle et lui dit avec autorité:


- Je crains qu'il n'y ait un léger problème, mademoiselle. Votre peine vient d'être commuée en un mois de rééducation par le passé.


- Quoi? s'écrièrent en chœur les parent horrifiés.


- Vous avez certainement entendu parler de notre projet expérimental de rééducation par le passé, vous savez notre slogan « le passé est parfait ». Votre fille a été choisi pour participer à notre prochain voyage spatio temporel, la navette part dans quelques heures.


- Comment est-ce possible?


- Monsieur Charlie Grandbois a personnellement veillé à ce que sa nièce fasse partie du voyage, ajouta le juge avant de quitter la salle.


- Le garde saisit Candice par le bras et l'entraina vers une porte latérale.


- La sanction doit être exécutée aujourd'hui même, veillez me suivre.


- Je vais faire appel! C'est inadmissible!


Insensible aux protestations des parents, l'officier arracha Candice à sa famille sans même lui laisser le temps d' échanger avec eux un dernier baiser. Abasourdie, la jeune fille le suivit docilement sans réellement comprendre ce qui lui arrivait. En quelques minutes, son destin venait de basculer...

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant