Chapitre 21

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  Dès qu'elle se retrouva dans la rue, elle chercha à s'enfuir le plus vite possible, mais sa jambe se dérobait sous elle, sa tête tournait sous l'effet de la boisson et la peur lui faisait perdre ses dernières ressources. Elle hésitait dans la rue, ne sachant dans quelle direction s'orienter. Elle se dissimula sous un porche dans le vain espoir d'échapper à ses poursuivants, mais les deux types ne lâchaient pas prise malgré l'obscurité.

- Ne te cache pas ma belle, nous allons bien nous amuser tous les trois.

- La voilà!

- Laissez moi, sales brutes!

Comprenant le danger qui la guettait, la jeune fille griffait, mordait et donnait des coups de pieds désespérés, sans parvenir à décourager ses agresseurs dont elle sentait les mains glisser sur son corps. Elle se crut perdue, cria en se débattant, quand dans la bousculade qui s'en suivit, elle fut violemment projetée à terre. Sa tête heurta les pavés et elle perdit connaissance.

Lorsque Candice reprit ses esprits dans la matinée, elle ne se souvenait plus de rien. Comment avait-elle fait pour se retrouver dans cette chambre rustique, aux murs peints à la chaux, au parquet mal équarri? Par quel miracle, dormait-elle dans ce lit étroit, dont les draps propres sentaient bon la lavande? Était-elle revenue dans son monde? Non, sûrement pas, à en croire le chandelier posé sur la table de nuit. Que faisait-elle dans cette pièce?

Dans un flash douloureux, la scène de violence de la veille lui revint en mémoire. Elle se revit hurlant tombant entre les mains de ces brutes avinées. Comment avait-elle échappé à ses agresseurs? La jeune fille se redressa lentement, glissa ses pieds hors du lit, surprise de constater que la blessure de sa jambe avait meilleur aspect, comme si dans la nuit quelqu'un l'avait soignée.

Candice portait une longue chemise de nuit blanche, ses cheveux blonds étaient soigneusement brossés et retombaient sur ses épaules. De toute évidence, une mystérieuse personne avait pris soin d'elle. Elle se leva, marcha jusqu'à la porte de la chambre qui n'était pas fermée à clé. Elle s'engagea dans l'escalier en bois qui craquait sous son poids et aboutit dans une grande salle où tout un groupe de personnes déjeunaient autour d'une vaste table.

- la demoiselle est enfin réveillée! s'exclama joyeusement un brave homme, la pipe à la bouche.

- Viens manger un morceau avec nous, tu as besoin de reprendre des forces, insista sa voisine, une matrone aux formes abondantes.

Comme elle demeurait silencieuse, toute étourdie, une voix la fit sursauter.

- Tu peux dire que tu nous as fait peur!

Elle n'en croyait pas ses yeux, le garçon qui lui parlait n'était pas un inconnu.

- Tu me reconnais, j'espère?

- Sylvain!

Candice s'élança vers son ami et se réfugia avec bonheur entre ses bras. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de retrouver un ami. Elle l'embrassa avec une fougue qui fit glousser les personnes réunies autour de la table.

- Tu peux en être sûr mon garçon, elle te reconnaît la demoiselle! s'exclama Justin.

- Où suis-je?

- Au château d'Entragues.

- Et comment suis-je arrivée jusqu'ici?

- J'allais justement te poser la question. Tôt ce matin, nous t'avons découverte devant la porte des communs, sans connaissance, comme si quelqu'un venait de t'y déposer.

Candice ne comprenait rien, elle ne se souvenait que de l'auberge du village.

- Comment est-ce possible?  

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant