Chapitre 16

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  Candice ne s'intéressait plus aux fleurs de champs, ni aux papillons, ni aux oiseaux, elle ne songeait qu'à son estomac qui gargouillait douloureusement. Jamais elle n'avait eu aussi faim de sa vie, car dans la maison où elle vivait, il lui suffisait d'ouvrir un placard pour trouver à profusion toutes sortes de friandises. Les conserves se renouvelaient automatiquement, sa mère veillait sur ses réserves et s'occupait des commandes. La jeune fille ne l'avait jamais beaucoup aidé dans cette tâche qu'elle trouvait trop ennuyeuse. Et pourtant il fallait bien que quelqu'un y pense pour qu'elle n'ait qu'à tendre la main pour ouvrir un paquet de biscuits. Candice venait de comprendre que personne ne la nourrirait ce soir, et que si elle voulait apaiser son estomac, elle devait chercher elle-même sa nourriture.


Une pensée terrible lui traversa l'esprit: dans le passé, les famines étaient fréquentes et il n'était pas rare que des gens meurent de faim. Elle se rassura aussitôt en songeant qu'on ne l'avait pas propulsé dans une autre époque pour la faire mourir de faim le jour même. Elle n'avait rien à craindre, avec un peu de chance, elle croiserait un magasin sur sa route et elle s'offrirait un sandwich. Et comment paierait-elle? Elle n'avait pas sa carte de crédit sur elle, encore moins de ces pièces de monnaie comme on en utilisait avant la grande épidémie. Et puis les supermarchés existaient-ils dans le passé? Comment faisait-on ses courses? Candice n'avait aucune réponse à la multitude de questions qui l'assaillait.

La jeune fille avançait d'un bon train sur un chemin pris au hasard sans savoir où ses pas la guidaient, le soleil déclinait lentement à l'horizon. Elle marchait depuis plus d'une heure quand elle aperçut une ferme isolée dissimulée dans un bosquet d'arbres. Elle espérait l'atteindre avant la nuit, mais la distance était trompeuse pour une fille peu habituée à vivre en extérieur. Lorsqu'elle parvint aux abords des bâtiments, une étable, une grange, rattachées à un corps d'habitation en grosses pierres de taille, le soleil avait disparut.

Candice hésitait, n'était-il pas dangereux de s'aventurer dans une maison dont elle ne connaissait pas les propriétaires? Les conseils de sa mère lui résonnaient aux oreilles, cependant la faim l'emporta sur la prudence. Elle s'engagea dans la cour et se dirigea vers le rai de lumière qui filtrait derrière le volet clos. Elle en était certaines, les fermiers l'accueilleraient avec bienveillance et lui offriraient un bon repas; il suffisait de frapper à la porte et de leur adresser son plus beau sourire. Candice savait qu'elle désarmait tout le monde en souriant, enfin presque tout le monde, en dehors du terrible oncle Charlie. Le souvenir du vieil homme irascible lui rappela qu'elle ne vivait pas dans un monde merveilleux peuplé de gentilles fées.  

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant