Chapitre 8

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  Paniqué à l'idée de se retrouver dans un passé lointain, privé des énergies nouvelles et du confort engendré par la science, le jeune homme ne put fermer l'œil de la nuit. La peur au ventre, il restait allongé sur son lit, rêvant d'une évasion impossible. S'il avait eu du courage, il aurait tenté de s'échapper, de disparaître dans l'immensité de la ville, de se fondre dans la masse, mais pour cela il aurait fallu d'un coup de canif extraire la puce qui le géolocalisait en permanence. Du doigt, il sentait l'implant électronique inséré sous sa peau, à la pliure du bras. A quoi bon lutter, il ne leur échapperait pas.
Sylvain ne se serait jamais présenté devant ses juges si ses parents ne l'avaient harcelé pour qu'il sorte de sa tanière et conduit de force jusqu'au tribunal. Ne pas se présenter en temps et en heure à une convocation entraînait automatiquement des sanctions encore plus importantes. La peine pouvait être doublée, voir triplée, mais le garçon ne semblait pas en avoir conscience. L'angoisse le faisait dérailler, il se voyait perdu: que pouvait-il lui arriver de pire que de se voir condamner à mort en affrontant un passé empli de périls. Au moment de quitter sa famille pour affronter ses juges, Sylvain s'effondra en larmes.
- Je ne veux pas partir, gémit-il en s'accrochant à sa mère comme un petit garçon.
Elle secoua gentiment pour qu'il se redresse et reprenne courage.
- Tu verras, ce sera une expérience enrichissante. Tu apprendras des tas de choses utiles. C'était tellement mieux autrefois.

Soudain la colère remplaça la peur dans l'esprit du jeune homme.
Comment pouvait-elle être aussi stupide? La tête farcie de propagande gouvernementale, sa mère ne comprenait pas qu'elle envoyait son fils unique à la mort. Elle l'entraînait dans les couloirs, persuadée que cette rééducation lui offrirait une seconde chance, qu'il retrouverait une place dans la société dès qu'il aurait accompli sa peine. Elle était naïve ou idiote, au choix! Elle n'avait jamais percé à jour les mensonges de son fils, tout comme elle semblait incapable de prendre conscience des mensonges du gouvernement.
Le passé n'avait jamais été parfait, le passé avait engendré une ronde sans fin de guerre et de massacres, le passé engloutirait son fils dans l'oubli. Il n'en reviendrait pas...  

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant