Chapitre 28

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  Depuis plusieurs jours, TX4 s'ennuyait ferme, cette mission manquait singulièrement d'action. Il avait perdu trop de temps à jouer la garde d'enfant auprès de la belle Candice. D'après ses dernières observations, la demoiselle n'avait pas besoin de ses services puisqu'elle s'était trouvée un compagnon dévoué à sa cause. Elle ne s'aventurait pas d'un pas dans le parc, sans que Sylvain soit collé à ses jupes. A en croire son sourire enjôleur et ses rires joyeux, elle semblait entre de bonnes mains.

Abandonnant le château, le soldat s'autorisait des escapades dans les bois environnants afin de localiser avec précision le rocher d'Entraigues, point de rendez-vous obligatoire pour un retour organisé par la navette. Chaque semaine, il s'imposait une marche forcée jusqu'au village, car il se méfiait de ses habitants qui lui avaient dès le début laissé une mauvaise impression. Il savait comment ils avaient maltraité Sylvain en le condamnant sans raison au pilori, il avait vu comment ils s'étaient mal comportés en importunant Candice. TX4 éprouvait pour eux une forte répugnance, il les jugeait sournois, bornés et brutaux. Il ne leur faisait pas confiance et il avait bien raison de se méfier de leurs réactions.

Les villageois se réunissaient parfois en petits groupes et loin de l'oreille du curé, ils laissaient percer leur mauvaise humeur.

- Monsieur le Baron se croit tout permis depuis quelques temps!

- C'est vrai, il ne respecte plus rien.

- Je ne l'ai pas vu à la messe depuis plusieurs mois.

- Et pourquoi vient-il se mêler de nos affaires? De quel droit?

- Il paraît qu'il héberge au château l'étranger que nous avions mis au pilori l'autre jour.

- Il recueille des gens bizarres. Les domestiques jasent.

Stimulés les uns par les autres, les paysans s'emportaient, parlaient d'un ton menaçant:

- Faudrait pas qu'il vienne trop nous chatouiller, sinon gare à lui.

- Oui, il pourrait lui en cuire.

- Une grange pourrait vite flamber.

TX4 n'aimait pas la violence à peine dissimulée de leur propos, cela sentait l'insurrection à plein nez. La moindre étincelle allait mettre le feu au poudre. De sa propre initiative, il avait décidé de resserrer sa surveillance et il s'aventurait régulièrement dans les rues sombres du village. Grâce à sa tenue de camouflage, personne ne le remarquait, il se faufilait le long des murs, disparaissait dans les portes cochères et surprenait les conversations les plus séditieuses en toute discrétion. Cette mission de surveillance qu'il s'était imposé le distrayait de la routine ennuyeuse de la vie au château.
Il sentait un frisson d'excitation parcourir son corps lorsqu'une bribe de phrase captée au hasard le confortait dans son idée.

Dans son ordre de mission, le jeune homme avait pour consigne de ne pas intervenir sur les évènements sauf en cas d'extrême urgence, uniquement si la vie de Candice était en jeux. Comme rien de précis ne menaçait sa protégée, il attendait et surveillait l'évolution de la situation. Il avait fini par relâcher son attention et négliger le danger. Il s'était réveillé trop tard et n'avait pas tardé à le regretter.  

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant