Chapitre 7

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  Sylvain savait qu'il avait commis une faute grave et la réaction de son père ne l'avait pas surpris, il connaissait son caractère tranché et rigoureux, nappé d'un soupçon d'intolérance.

- Tu me déçois beaucoup mon fils.

Pas un mot de plus, juste un regard glacial assorti d'un silence tranchant. Il se passerait des semaines, voir des mois avant qu'il ne lui adresse à nouveau la parole.

Sa mère se montra moins sévère, elle le réconforta d'un sourire triste et ne parvint pas à dissimuler son inquiétude:

- Et maintenant, que va-t-il se passer?

- Je suis convoqué à neuf heures demain à la Commission de Rééducation. Je vais probablement être intégré au programme « le passé est parfait ».

- Mais pourquoi?

- La sanction doit être à la hauteur de la faute, m'a-t-on dit.
Face à l'air catastrophé de sa mère, le garçon tenta de la rassurer.

- Un mois, ce n'est pas long. Je préfère cela à deux ans de camps, je crois que je m'en tire bien, ne t'inquiète pas.

Il avait toujours été doué pour mentir, une fois de plus il trompa son monde en affichant un air décidé.

- Je vais très bien m'en sortir.

Sylvain masquait sa peur sous quelques paroles rassurantes alors qu'il redoutait cette sanction plus que tout. En camp de rééducation, il n'aurait eu aucun mal à s'adapter, car il était débrouillard, mais dans le passé, il se savait perdu. Arriverait-il même à survivre? Et à quelle époque allait-il être envoyé? L'idée de vivre ne serait-ce qu'un mois dans le Grand Chaos le terrifiait. C'était une époque effrayante où plus aucune loi humaine n'était respectée sur terre, où les meurtres étaient si fréquents qu'ils avaient fait baisser d'un quart la population mondiale déjà très affaiblie par la Grande épidémie.

« Le passé est parfait » c'était un beau mensonge, une manipulation de masse, un programme sois-disant expérimental de rééducation destiné uniquement à débarrasser la société nouvelle des indésirables en les expulsant dans le passé, en espérant qu'ils n'en reviendront pas.

Sylvain ne se faisait guère d'illusion, il risquait sa vie dans cette aventure: un garçon élevé depuis toujours entouré d'une technologie supra développée n'avait aucune chance de survivre au milieu des chasseurs de mammouth ou des légionnaires romains. Il n'était pas particulièrement sportif, il se décollait rarement de son écran d'ordinateur, il détestait les efforts physiques. Les hommes préhistoriques couraient plus vite et plus longtemps que lui, savaient tailler des silex et lancer des flèches. Les Romains ne respectaient que la force et s'entrainaient dès l'enfance. Sylvain pouvait multiplier à l'infini les exemples, en couvrant des milliers d'années, des premiers hommes à nos jours.  

Le passé est-il parfait ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant