4. Abandon

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TW : violence physique, mutilation.

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Natasha

- C'est... Tu es Shawn ?

C'est impossible. Horacio ne peut pas être lui. Shawn est différent, bien qu'ils ont tous les deux le visage peu expressif.

J'essaie de me souvenir de l'image que j'ai de Shawn, mais ça reste vague. Ce soir-là, j'étais sous l'emprise de l'alcool et en un an, j'ai presque tout oublié.

Trop de choses se sont déroulées depuis la dernière fois.

Horacio ne bouge pas d'un cil. Devrais-je faire un pas pour essayer d'attirer son attention ? Pour qu'il puisse parler ?

- Pourquoi tu m'as donné un autre prénom ?

- C'est du passé. Et le passé reste au passé.

Il fait mine de réfléchir.

- Horacio est mon prénom. Tu dois partir.

- Mais si je reste, tu seras en mesure de me protéger ?

Enfin, il se lève. Ses pas les conduisent jusque devant moi. Ses iris me regardent dans le blanc des yeux. Puis sa main droite vient sur mon épaule.

Le contact, tout ce que je n'aime pas. En revanche, le sien est plus délicat qu'on peut croire.

Cela me fait penser à lui...

- Je suis désolé, mon ange. Mais tu dois partir.

- D'accord, je dis déçu.

Sa main me libère de son emprise. Je quitte sa chambre si sombre et rejoins celle qu'il m'a attribuée pour une courte durée.

Je m'assois au sol perdu dans mes pensées. Je vais bientôt revoir ma famille. Cette chose qui m'a tant fait perdre la tête.

Je pensais enfin être hors d'atteinte, mais je me trompe. La douleur va bientôt refaire son apparition. En rentrant, je sais pertinemment que je vais recommencer à me faire du mal.

Encore une fois, je ne vais pas supporter toutes les reproches de maman et papa. Encore moins les critiques des voisins et de mes anciens camarades de classe.

Je me souviens de l'époque où j'étais au lycée... Mes camarades de classe avaient fait un groupe sur instagram pour me critiquer. Et ils ont osé me mettre à l'intérieur. Je voyais tout ce qu'il pouvait se dire.

« Cette fille a un sérieux problème. »

« Natasha se mutile pour se donner une histoire. »

« Si elle aime tant jouer avec sa peau, qu'elle joue au morpion. »

« C'est une bête de foire avec ses cheveux roux. »

Sauf que chacune de ces phrases restera à jamais dans ma mémoire. Les mots ne s'oublient jamais.

- Ce n'est pas contre toi, mon ange.

La voix d'Horacio résonne dans ma tête. Mon regard ne quitte plus le sien. Il est désolé, je le vois bien.

Mais pourquoi ne veut-il pas m'aider ? Il sait ce que j'endure alors, pourquoi ne veut-il pas me sauver ?

- Alors pourquoi tu me laisses rejoindre ceux qui causent ma perte ?

- Mon monde est bien trop sombre pour toi.

Je vois, lui aussi ne veut pas de moi. Finalement, je ne suis aimé de personne. Il est comme maman et papa.

Personne ne veut de moi.

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