10. Le bureau des pleurs

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Natasha

Mes yeux me brûlent. Je ne cesse de me répéter que je n'aurai pas dû fondre en larmes hier soir. Mon mal de crâne s'en souvient encore.

Je me souviens également d'Horacio. Il disait que je ne suis pas une menteuse. Maman a dit le contraire. Elle m'a traité de menteuse et ensuite... elle m'a donné une gifle.

Pourquoi croit-elle que je mens ?

Comment je pourrai mentir sur des choses atroces que j'ai vécu ?

Pourquoi ni elle, ni papa ne m'a cru ?

Parce que se faire agresser est normal ?

Parce que je les méritais ?

Ouais...

C'est forcément ça.

Je somnole encore un peu, mais lorsque mes yeux s'ouvrent, la réalité me frappe en plein visage. J'ai dormi avec Horacio alias moonlight.

Il aime me sauver la nuit.

J'ai dormi avec lui. J'étais si mal que je n'ai pas pu refuser son contact physique. Parfois, je me dis que ça m'aide. Ça m'aide à m'ouvrir. Néanmoins, maman finis par cacher toute cette avancée.

Ma vue était si trouble qu'il m'était impossible de voir ma peluche Stitch. Peu importe combien de temps je la serrer dans mes bras et avec quelle force, ça revenait au même : j'étais blessée. Je le suis toujours.

J'estimais qu'avoir moonlight près de moi allait changer quelque chose, j'ai eu tort. J'ai toujours tort. Maman a quand même réussi à me briser.

En revenant à notre existence, j'observe Horacio. Il dort paisiblement, ses yeux clos le rendent plus tendre et plus joyeux. C'est bête ce que je dis, pourtant, c'est la pure vérité.

Son visage lisse et doux me donne envie de glisser mes doigts et de parcourir son visage. Je pourrais y connaître chaque recoin. Comme lui avec mes cicatrices. J'aimerais sentir le bout de mes doigts fondre sur son visage, discerner la carrure de sa mâchoire, l'arête de son nez et ses lèvres.

Lui, il ne s'est pas privé de sentir les miennes. Avec son pouce, comme avec ses lèvres si douces.

Sans m'en rendre réellement compte, mes doigts se logent sur mes lèvres me rappelant le moment que l'on a partagé. C'était un jeu et j'ai beaucoup aimé, bien que cela puisse paraître malsain. Ce baiser fiévreux qu'il m'a donné, ses mains aux creux de mes hanches... J'ai aimé ça.

J'ai aimé le goût de ses lèvres. J'ai apprécié les sentir sur les miennes. J'ai apprécié ce moment de plaisance qu'il m'a offert. Ce magique sentiment qu'il m'a offert, il est presque lointain. Je veux de nouveau ressentir ce sentiment.

Je n'étais plus Nat, ni son ange. J'étais moi, la vraie moi. Et j'ai aimé ça.

Pendant des années, je me suis efforcé de cacher ma véritable nature, parce que maman et papa ne m'ont jamais laissé le choix. Avec moonlight, c'est différent. Il me laisse être qui je veux, il me laisse faire mes propres choix. Lui, il ne m'a pas fait de mal. C'est le seul.

Son histoire de papillon était stupide, mais d'un côté, cette idée me donne le sourire. Avec moi, il ne fait pas semblant. Et puis... je crois que c'est réciproque. Avoir envie de le voir, est-ce la même chose ?

Horacio semble s'agiter dans son sommeil. Je n'ose pas le réveiller par peur qu'il réagisse mal, ça arrive sur certaines personnes. Parfois, il vaut mieux les laissées dans leur cauchemar. Toutefois, il s'agite de plus en plus, ça m'inquiète.

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