28. Tout était bien avant lui

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Natasha

J'ai bien cru que c'était une blague. Mais Shawn a tout fait pour me prouver le contraire. Nous avons discuté sur le sujet pendant des heures, plus précisément, jusqu'à ce qu'on sorte de l'hôpital. Donc pendant vingt-quatre heures.

J'aime Shawn, mais je ne sais pas si je peux réellement être avec lui. J'aime la personne qu'il est, mais son autre côté n'est pas à prendre à la légère ; il a un côté sombre et tue des gens. Il y a encore peu de temps, j'avais réussi à m'y faire, mais je pense surtout que j'étais dans le déni.

Mon cœur a presque éclaté lorsque je l'ai entendu prononcé sa phrase. Est-ce vraiment ce qu'il pense ? Pourquoi choisirait-il une personne comme moi ? J'ai voulu mettre fin à mes jours et Shawn ne recule pas en sachant que je suis capable de recommencer. Pourquoi décide-t-il d'aimer une suicidaire ?

— Tu vas me dire qu'avec des millénaires d'années, aucun diable n'est tomber amoureux d'un ange ? Et bien, tu te trompes. J'en suis la preuve même.

J'avale péniblement ma salive, ne sachant quoi dire. Depuis toute à l'heure, j'ai mille et une excuse pour le repousser, mais là, je n'en ai plus aucune. Je suppose que mon cœur vrille et me pousse à accepter la vérité tant attendue ; je dois l'embrasser et lui avouer que je l'aime, encore.

Mais il va me repousser ? Encore ? La dernière fois, j'ai eu très mal au point de vouloir me blesser physiquement. Je n'ai pas envie que cela se reproduise.

— Ne dis pas de bêtises.

Je me mens à moi-même.

Il ne peut pas aimer une suicidaire telle que moi. Shawn tient beaucoup à moi, j'ai vu sa manière de me regarder pendant que l'on a parlé. C'est ce dont j'avais discuté avec Olivia. Son regard est rempli d'amour, mais j'ignore si je suis capable de lui rendre la pareille. Peut-être que je vais lui faire plus de mal que de bien. C'est vrai, si j'ai envie de mourir tous les quatre matins, ce n'est pas la bonne solution.

— C'est la vérité, dit-il en ouvrant la porte.

Je me pince les lèvres et dissimule le sourire qui domine mon visage. J'ai attendu des semaines avant d'avoir cet aveu et maintenant que je l'ai, j'ignore comment faire.

Est-ce que je dois sourire et lui dire que je suis partante ? Lui sauter dans les bras ? L'embrasser ?

Si seulement je savais quoi faire. Je n'ai personne pour me dire quelle est la meilleure solution. Si seulement j'avais eu une relation similaire à celle-ci, j'aurais su quoi faire. Ouais, mais il est possible que je ne rencontre jamais Shawn.

Parfois, je suis reconnaissante envers mon mal-être parce que cela m'a permis de rencontrer Shawn. C'était un mal pour un bien.

Je suis Shawn jusque dans la cuisine, il y sort un verre et le rempli d'eau. Mes yeux le regardent brièvement, en réalité, je suis plus concentré à regarder le placard où se trouvent les couverts. Il y a des couteaux, je peux me faire du mal avec.

Et les fourchettes, tu as oublié ?

Je peux également me planter une fourchette. C'est dangereux. Je ne veux pas le faire, pas lorsque tout semble rentrer dans l'ordre.

— Tu peux cacher les couteaux ainsi que les fourchettes ? je lui demande sans croiser son regard.

Shawn acquiesce, je me tourne et m'oblige à fermer les yeux. Je ne veux pas savoir où il les range. Je ne dois pas savoir. Il faut que je me protège. Je ne dois plus essayer de me faire du mal, je l'ai promis à Olivia.

— Je change de place les médicaments aussi ? demande-t-il avec bienveillance.

Je hoche la tête, alors il s'introduit dans la salle de bain et met sa demande en application. Pendant qu'il est occupé, je m'aventure dans le couloir et entre dans la chambre de Shawn. Je m'assois sur le lit et sors de ma poche sa chaîne avec les plaques militaires.

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